Grèce: Premier pas des députés vers plus d'austérité

Des manifestants se tiennent devant le Parlement grec, le 26 juin 2011, à Athènes (Grèce) J.KOLESIDIS / REUTERS
CRISE - Ils ont adopté le premier volet du plan, malgré les manifestations qui se poursuivent dans le centre d'Athènes...
Les députés grecs ont adopté ce mercredi le premier des deux volets du plan d'austérité destiné à éviter la faillite financière de la Grèce, un plan dénoncé par de nombreux Grecs qui ont encore manifesté par milliers dans le centre d'Athènes.
Le volet concernant la hausse des prélèvements obligatoires, la réduction des dépenses publiques et une vague de privatisations a été voté par une courte majorité de 155 voix contre 138 par les 300 parlementaires de la chambre. Cinq élus se sont abstenus et deux étaient absents. Ce premier vote laisse entrevoir l'adoption du second pan du plan d'austérité régissant les modalités d'application afin de parvenir à dégager 28 milliards d'économies sur cinq ans.
L'adoptation des deux textes est requise par l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI) pour le déblocage d'une nouvelle tranche d'aide, de 12 milliards d'euros, dans le cadre du plan d'aide de 110 milliards d'euros consenti à la Grèce en mai 2010. «Il est maintenant temps de relever le défi historique, de se tourner vers l'avenir et de le garantir pour les prochaines générations», a dit le Premier ministre socialiste, George Papandréou, s'adressant aux députés avant le vote.
Elue de l'opposition, Elsa Papadimitriou a rompu la consigne de vote de son parti opposé au plan et joint sa voix à celles du Pasok, compensant la défection du député socialiste Panagiotis Kouroublis. Celui-ci a été aussitôt exclu de son parti. «C'est la décision la plus importante et le défi le plus important de ma vie politique», a-t-elle expliqué avant le scrutin. «Je vais voter oui et j'espère que le gouvernement ne me décevra pas», a-t-elle ajouté.
Pendant que les députés débattaient dans une atmosphère tendue, des heurts se sont à nouveau produits sur la place située devant le Parlement entre forces de l'ordre et des milliers de manifestants qui tentaient d'enfoncer les barrières métalliques dressées pour protéger l'édifice. «Flics, porcs, assassins», chantait la foule devant un cordon de policiers anti-émeute tandis que des fumées de gaz lacrymogènes recouvraient la place Syntagma. Un petit groupe de protestataires a attaqué les locaux du ministère des Finances, situé à proximité, avant d'être chassés par la police.
Des médecins sur place ont dit avoir soigné 25 personnes pour des blessures bénignes et 192 autres pour des problèmes respiratoires liés à l'inhalation de gaz lacrymogènes. Les mesures d'austérité exigées par le FMI et l'UE sont la condition préalable à la poursuite du soutien financier accordé à la Grèce qui connaît sa pire récession depuis les années 1970.
Mais, si le gouvernement de George Papandréou a accompli la moitié de son chemin parlementaire, un risque demeure concernant l'adoption du second volet du plan d'austérité avec notamment l'alourdissement des impôts et la vente de biens publics. Mihalis Tzelepis, élu du Pasok, a indiqué qu'il était favorable aux dispositions fondamentales du plan mais qu'il nourrissait de sérieux doutes concernant la deuxième loi. Il n'a pas encore décidé s'il voterait oui jeudi.
«Y aura-t-il des compensations immobilières pour la hausse des combustibles de chauffage? Des exonérations pour aider l'agriculture à être plus compétitive? J'attends des réponses pour savoir quoi faire concernant la loi d'application», a-t-il dit. Dans ce débat houleux, les adversaires de l'austérité ont fait valoir que ce plan ne faisait que retarder l'inévitable et ne règlera pas les problèmes sous-jacents de la Grèce.
«Dans trois mois, quand on verra les mêmes problèmes ressurgir, quels seront vos arguments alors?» a interrogé Alexis Tsipras, chef de file de la coalition de gauche Sriza. «Les Grecs disent non à ces mesures catastrophiques (...) vous ne pouvez pas aller bien loin avec tout le monde contre vous.» Les partenaires de la Grèce au sein de la zone euro ont insisté pour que les deux lois soient adoptées avant le déblocage de la nouvelle tranche d'aide.
Toutefois, la perspective d'une contagion de la crise financière que provoquerait un échec de la Grèce à redresser ses comptes publics pourrait introduire un peu de souplesse dans cette position commune. Si le second volet est adopté, les ministres des Finances de la zone euro devraient approuver le déblocage de la nouvelle tranche lors d'une réunion dimanche à Bruxelles, qui sera suivie par l'approbation du FMI mardi prochain.