Grèce : une incroyable partie de poker-menteur
La Grèce vient d’avoir l’assurance qu’elle obtiendrait avant mi-juillet l’argent dont elle a un besoin urgent pour éviter la faillite dans l’immédiat, en attendant un nouveau plan de sauvetage sur lequel les discussions traînent en longueur. Le message officieux est que de nombreuses institutions bancaires viennent provisoirement d’éviter une méga tempête en inscrivant les créances grecques dans les la case « passif » de leur bilan comptable. Peu importe que la Grèce n’ait absolument aucune chance de s’en sortir avec le système actuel de prêt usurier, ce qui importe est de continuer à refiler de l’argent à la Grèce afin que ce pays poursuive ses versements d’intérêts aux banques impliquées dans le grand jeu ! Tant que les intérêts tombent, on peut continuer à faire comme si…
Il y a quelques heures donc, selon un communiqué publié à l’issue d’une téléconférence de leur forum de discussion, l’eurogrouples, les ministres des Finances de la zone euro ont donné leur feu vert au versement « d’ici le 15 juillet » à Athènes de 8,7 milliards d’euros de prêts. Dans le même temps, la dame Lagarde (des intérêts du cartel bancaire) assurera que le FMI débloque le versement de 3,3 milliards supplémentaires, probablement lors d’une réunion de son conseil d’administration le 8 juillet. Athènes touchera ainsi la cinquième tranche des 110 milliards d’euros sur trois ans promis en mai 2010 lors d’un premier plan de sauvetage. En échange de cet argent qui servira à payer les intérêts, la classe moyenne va payer un peu plus, elle fondra plus vite que les autres.
Pourquoi donc la Grèce ne peut-elle pas s’en sortir ? Parce que le pays doit la somme faramineuse de 350 milliards d’euros. Somme qui gonfle à chaque seconde avec des intérêts… et des taux scandaleux à une époque où l’on se dit « civilisé ». Tout le monde sait que ce jeu mené par le cartel bancaire s’arrêtera un jour. C’est bien la raison pour laquelle les techniciens de la Haute finance travaillent secrètement sur une refonte du système monétaire international. Le secret est que l’on ignore le jour, le mois… l’année, ce n’est plus très difficile. Il suffit de voir les 50 à 100 millions de retraits quotidiens qui sont réalisés dans de grosses banques européennes par de « gros clients ».
Maintenant que de l’argent frais est assuré, des politiciens grecs rappellent que la Grèce n’est toujours pas durablement à l’abri d’une faillite. Pour être sûr de tenir d’ici fin 2014, la Grèce a réclamé un deuxième plan de sauvetage d’un montant similaire au premier ! Les ministres des Finances de la zone euro ont promis des décisions sur ce point « dans les prochaines semaines ». Pour certains diplomates, les discussions pourraient se prolonger jusqu’après l’été et aboutir seulement en septembre. N’oublions pas que les politiciens devenus ministres ont toujours le beau rôle de promettre ce qui n’est absolument plus de leur ressort. Ceux qui n’ont pas encore compris les règles du jeu, de ce point de vue, peuvent interroger un certain DSK.
Au stade actuel, et pour éviter un superbe feu d’artifice, l’idéal est d’impliquer encore plus les banques privées. Vous voulez éviter de graves problèmes, leur dit-on, et bien c’est très simple, il faut participer au jeu poker/menteur. L’Institut de la finance internationale (IIF), le lobby mondial du secteur financier, a promis son soutien, et le principe d’un « roulement » de dette, voyant les créanciers renouveler une partie de leurs prêts arrivant à échéance d’ici fin 2014, est désormais acquis. Mais il faut régler des détails techniques complexes pour éviter que l’opération soit assimilée à un défaut de paiement d’Athènes, qui réduirait tous les efforts à néant. L’implication du secteur privé sera encore discutée lors d’une réunion de l’eurogroupe prévue à Bruxelles le 11 juillet.
Certaines capitales regardent le scénario grec avec une certaine crainte. Telles sont les capitales des pays suivant : Portugal et Irlande, sans oublier l’Espagne et l’Italie… On commence aussi à évoquer la Belgique et la France en sourdine, du moins tant que l’Elysée continuera à satisfaire l’ogre américain en prêtant sa « chair à canon » pour ses guerres impériales. C’est abject mais telle est la triste vérité. En attendant, du pain et des jeux pour le peuple qui va être tondu plus vite qu’il ne le croit.
Source LIESI
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