Hiroshima et Nagasaki : Injustifiable
Il y a 66 ans - le 6 août 1945 - les Etats-Unis lancent sur Hiroshima (300.000 habitants) une bombe à fission d’uranium (bombe A) d'une puissance explosive de 15 kT de TNT. [1]
Il ne subsiste aucune trace des habitants situés à moins de 500 mètres du lieu de l'explosion. De 70.000 à 80.000 personnes sont tuées instantanément et, par la suite, plus 200.000 personnes mourront des effets de l'irradiation ou de leurs brûlures.
Les autorités américaines ont toujours prétendu qu'elles avaient eu recours à l'arme nucléaire afin d'obtenir la capitulation rapide du Japon tout en évitant de lourdes pertes américaines.
Mais, Patrick Blackett - physicien britannique, prix Nobel de physique 1948 - a très tôt contesté cette version. Pour lui, la bombe sur Hiroshima « ne fut pas tant la dernière opération de la Seconde guerre mondiale que la première opération de la guerre froide, diplomatique, contre la Russie ».
C'est également la thèse d'un autre britannique, l'historien Eric Hobsbawn, qui écrit : « Les bombes atomiques larguées sur Hiroshima et Nagasaki en 1945 n'étaient pas indispensables à la victoire, alors acquise : c'était un moyen de sauver la vie de soldats américains. Mais peut-être l'idée qu'elle empêcherait l'URSS, alliée des Etats-Unis, de revendiquer un rôle de premier plan dans la défaite du Japon n'était-elle pas non plus étrangère à la décision prise par les responsables américains ». [2]
Quant au philosophe italien Domenico Losurdo, il ne doute pas que « l'arme atomique visait en réalité l'Union soviétique, le seul pays désormais capable de contester le programme explicitement énoncé par Truman lors d'une réunion du cabinet du 7 septembre 1945 : faire des Etats-Unis le gendarme et le shérif du monde ». [3]
JPD
[1] Selon le journaliste américain Adam Hoschschild, 80% de l’uranium dans les bombes atomiques lancées sur Hiroshima et Nagasaki fut extrait dans le Congo par des travaux forcés (Les fantômes du roi Léopold : La terreur coloniale dans l'Etat du Congo, 1884-1908, Ed. Tallandier, 2007). Une horreur en rejoint une autre !
[2] Eric Hobsbawn, L'âge des extrêmes : le court vingtième siècle 1914-1991, Ed. Complexe, 2003.
[3] Domenico Losurdo, Fuir l'histoire ?, Ed. Delga, 2007.
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