Ils jugent sévèrement l'utilité de la fuite Wikileaks
Wikileaks avait prévenu sur le site de microblogging Twitter dès lundi 22 novembre: «La prochaine publication fait sept fois la taille des War Logs de l’Irak. Pression intense dessus depuis des mois», ou encore «Les prochains mois vont voir un nouveau monde, où l’histoire mondiale sera redéfinie.» Face à de telles annonces, la diplomatie avait sorti les grands moyens pour prévenir ses alliés de la publication imminente des notes et tenter de prendre les devants. Mais au lendemain du début de la publication des documents, certains se demandent déjà ce que cette nouvelle fuite nous apprend vraiment, ou si la publication de tous les documents était vraiement nécessaire.
Le Monde, un des cinq médias internationaux associé à la publication des documents, prévenait pourtant dans un article accompagnant la publication des documents:
«De même que l'on ne découvrira pas le nom de l'assassin du président Kennedy dans les archives du département d'Etat, ce n'est pas en lisant ces télégrammes qu'on connaîtra les plus protégés des secrets d'Etat.»
Même s’il ne s’attendait pas à la révélation de secrets d’Etat, le site de The Economist juge sévèrement cette nouvelle fuite, titrant «Wikileaks dégénère vers le potin». Le magazine britannique reconnait que la fuite contient quelques documents intéressants sur les relations entre les Etats arabes et les Etats-Unis et sur l’Iran, mais estime que cette dernière publication représente un nouveau pas dans la mauvaise direction pour Wikileaks, dont l’aventure avait pourtant bien commencé en avril dernier avec la vidéo de la bavure américaine qui avait coûté la vie à deux journalistes en Irak:
«S’il y a quelque chose de particulièrement accablant dans les câbles diplomatiques que Wikileaks s’est procuré, l’organisation devrait réunir un panel de personnes d’expérience avec des perspectives différentes pour analyser les mérites de la publication d’un câble en particulier. Mais prendre tous les câbles diplomatiques sur lesquels on peut mettre la main et les rendre publics n’est pas une activité d’intérêt social.»
Et l’intérêt des documents est remis en cause dans certains pays. Selon Haaretz, les fuites de Wikileaks ne portent ainsi pas préjudice à Israël. Le site du journal israélien estime que les documents publiés par le site de Julian Assange n’offrent presque aucun nouveau détail concernant les échanges de messages entre Jérusalem et Washington:
«Les documents secrets envoyés par l’ambassade américaine à Tel Aviv montrent que les responsables du renseignement israélien et de la Défense évoquent les même sujets quand ils briefent les bureaucrates américains et les délégations du congrès que quand ils parlent aux journalistes et aux membres de la Knesset.»
Photo: logo de Wikileaks