Jugement express pour une insulte à Sarkozy
Par TF1 News (D'après agence), le 25 juin 2010 à 08h22, mis à jour le 25 juin 2010 à 15:20
Arrêté lors de la visite nocturne du chef de l'Etat en Seine-Saint-Denis, le jeune homme accusé de l'avoir insulté est jugé ce vendredi à Bobigny, pendant que dans les quartiers visités, on s'interroge encore sur cette expédition nocturne.
Image d'archives © ABACA
Moins de deux jours après son arrestation, le jeune homme accusé d'avoir insulté Nicolas Sarkozy lors de sa visite nocturne, en toute discrétion et au pas de charge, en Seine-Saint-Denis, doit être jugé en comparution immédiate ce vendredi au tribunal de grande instance de Bobigny.
Au cours de cette nuit où il avait sillonné, de 21 heures à près de minuit, ce département particulièrement touché par la délinquance, Nicolas Sarkozy était retourné notamment à la Cité des 4000 à La Courneuve, qu'il avait promis de "nettoyer" au "Kärcher" il y a 5 ans, en juin 2005, alors qu'il était ministre de l'Intérieur, après la mort d'un enfant, Sidi Ahmed, tué par une balle perdue. Il était accompagné lors de cette visite dans des quartiers sensibles du ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, du préfet de police, Michel Gaudin, du directeur général de la police nationale, Frédéric Péchenard, et du préfet de Seine-Saint-Denis, Christian Lambert. C'est lors d'une rencontre avec un petit groupe que la discussion s'était, semble-t-il envenimée et que le jeune homme qui passe ce vendredi au tribunal avait été arrêté.
"Quand on est franc, on vient la journée"
Pour la police, le cas est clair, et les insultes sans équivoque. L'arrestation avait été particulièrement musclée : le jeune homme, qui s'était débattu, souffre de diverses ecchymoses et bénéficie de neuf jours d'incapacité totale de travail. Des sources policières avaient parlé peu après l'interpellation d'un individu "déjà condamné pour des affaires de stupéfiants, conduite sans permis, violence, rebellions". Selon une source judiciaire pourtant, il n'a pas de casier judiciaire.
Selon un proche du président, Nicolas Sarkozy a parlé avec des jeunes dans des halls d'immeuble mercredi soir, notamment à la cité des 4000. Mais peu d'habitants du quartier l'ont vu. "Ah oui, Sarkozy est venu ? S'il passe comme un voleur, il risque pas de rencontrer grand monde", lançait ainsi un voisin au lendemain de cette visite éclair. "Quand on est franc, on vient la journée, pas la nuit", clamait une femme. Le conseiller municipal de La Courneuve, l'UMP Kamel Hamza, a salué pour sa part "le courage" du chef de l'Etat, qui "a montré qu'il peut venir partout", tout en justifiant : "C'est normal qu'il vienne sans caméra. On ne peut pas le lui reprocher alors qu'il avait été critiqué pour ça il y a cinq ans". Mais pour le conseiller général de La Courneuve, le socialiste Stéphane Troussel, Nicolas Sarkozy "est contraint de venir au milieu de la nuit, en catimini, car à La Courneuve comme en Seine-Saint-Denis, son bilan en matière de sécurité publique et d'actions dans les quartiers populaires n'est pas glorieux. Quel aveu d'échec !"
Un journaliste de France 3 giflé par le service d'ordre de Sarkozy |
Un journaliste cameraman de France 3 a raconté vendredi avoir été giflé par un policier alors qu'il voulait filmer l'arrestation d'un jeune homme ayant insulté Nicolas Sarkozy lors de la visite surprise du chef de l'Etat en Seine-Saint-Denis mercredi. "J'étais là par hasard, sur un tout autre sujet", explique sur le site europe 1.fr le cameraman de France 3 Ile-de-France, Pierre Lassus, lorsque, avec son équipe, il a vu Nicolas Sarkozy sortir du commissariat de La Courneuve. Il a ensuite vu un jeune homme, qui aurait insulté le chef de l'Etat, se faire arrêter par des policiers. "Quand le service d'ordre de Nicolas Sarkozy l'a arrêté, j'ai essayé de filmer mais nous n'avons pas pu. L'un des hommes s'est alors approché de moi et m'a claqué directement, en disant +on ne filme pas+", poursuit le cameraman. Le SNJ-CGT de France Télévisions a décidé de porter plainte "pour atteinte à la liberté de la presse" et de saisir le ministre de l'Intérieur pour qu'une enquête soit diligentée par l'inspection générale des services, a indiqué à l'AFP Jean-François Téaldi. |