L’actualité de la crise: nous y sommes!,

Publié le par sceptix

 

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par François Leclerc

La dynamique de la crise européenne joue désormais à plein.

Tandis que les taux obligataires continuent de grimper (dépassant pour les obligations à 10 ans le seuil de 11% dans le cas de la Grèce et celui de 5% pour le Portugal), deux autres alarmes retentissent. Les taux courts grecs (à deux ans), sont plus élevés que les taux longs, signe de la crainte que la Grèce fasse désormais défaut. Les unes après les autres, les bourses baissent brutalement, en raison de la chute des valeurs financières, c’est à dire des banques. Ceci en raison de leur exposition à la dette grecque, de leurs engagements auprès des établissements grecs, ainsi que de l’existence de filiales grecques quand elles en ont une.

Un autre aspect de la crise n’est pas encore apparu mais est menaçant : l’abaissement de la note de la dette souveraine de plusieurs pays, en cours, va avoir comme conséquence la fermeture du guichet de liquidités de la BCE pour leurs banques, ne pouvant plus donner en garantie les obligations d’Etat, les déstabilisant totalement alors et induisant un effet domino dans toute l’Europe. La crise atteint le système bancaire de plein fouet. A tel point que l’économiste en chef de Citi, Willem Buiter, a rompu son silence et vient d’expliquer dans une note publiée par le Financial Times que les pays de la zone euro n’avaient désormais plus d’autre choix que de sauver les pays attaqués par les marchés ou bien se préparer à renflouer leur système bancaire. Précisant qu’à son avis la première solution serait la moins onéreuse.

Tandis que le FMI, l’OCDE et la BCE font depuis ce mercredi matin le siège des autorités allemandes à Berlin, car le calendrier de prise de décision qui était hier encore envisagé n’est plus tenable, la convocation d’une réunion des chefs d’Etat se précise : pour l’instant Herman Van Rompuy, président en exercice du Conseil Européen, évoque la date du 10 mai. Visionnaire mais un peu décalé, Nicolas Sarkozy vient pour sa part de commencer sa visite en Chine, accompagné de son épouse, afin de préparer « un nouvel ordre monétaire multipolaire »…ainsi que sa présidence à venir du G20.

 Le FMI vient d’annoncer qu’il envisageait d’augmenter de 10 milliards d’euros sa part des prêts qui seraient consentis à la Grèce, alors que les estimations des besoins de financement de celle-ci ne font que croître, mettant en évidence qu’une restructuration partielle de la dette grecque est de plus en plus inévitable, avec une décote pour l’instant estimée à au moins 30%, qui affecterait sérieusement le système bancaire européen, et en premier lieu les banques allemandes et françaises.

Mais au delà de la crise grecque, et en dépit des dénégations absurdes qui continuent de fleurir sur le thème « Il s’agit de voir la Grèce comme un cas singulier » (Jürgen Stark, chef économiste de la BCE), il apparaît de plus en plus que la zone euro n’est ni adéquatement outillée, ni politiquement préparée, pour faire face à la séquence engagée. Les chefs d’Etat européens vont donc se trouver à très court terme devant un choix et devoir trancher. Soit ils décident d’adopter un dispositif financier, quel qu’il soit, qui reviendra à mutualiser la dette publique des pays de la zone euro, soit ils devront faire face à son éclatement.

Il va aussi falloir arrêter de parler économie et finance et intégrer dans le discours la crise sociale, déjà engagée et qui va s’approfondir, si l’annonce de coupes budgétaires et d’augmentations d’impôts ne peut plus être différée. Car les dernières nouvelles en provenance du système bancaire européen et de la distribution par ses soins du crédit, issues d’une enquête effectuée par la BCE, montrent que son resserrement se poursuit. La croissance économique de la zone euro n’est donc pas une option.

Source : le blog de Paul Jorion

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