L'Allemagne sollicite ses voisins pour protéger ses banques
Après avoir fait pratiquement échouer la tentative des pays de la zone euro de venir en aide à la Grèce, l'Allemagne a-t-elle l'aplomb de solliciter pour elle-même la solidarité financière de ses partenaires européens ? On n'en est pas loin, à en juger par les propositions du ministre allemand des finances, Wolfgang Schäuble.
Dans le cadre d'un dispositif destiné à renforcer le contrôle du système financier du pays, sérieusement ébranlé par la crise, le gouvernement allemand a rendu publiques, mercredi 31 mars, les grandes lignes du nouvel impôt qu'il envisage de prélever sur les banques, pour qu'elles contribuent aux plans de sauvetage qu'il faudrait mettre en oeuvre en cas de nouvelle faillite.
Dans la foulée, M. Schäuble a indiqué que ce nouvel impôt alimentera un fonds spécial, que le ministre a souhaité inscrire dans un cadre européen. En d'autres termes, les pays de l'Union dont les systèmes bancaires se sont révélés plus solides que ceux de l'Allemagne pourraient être appelés à participer au sauvetage de banques outre-Rhin. L'idée devrait être accueillie avec un enthousiasme mesuré en France, en Italie et en Espagne, dont les banques n'ont pas subi les mêmes dégâts que leurs concurrentes allemandes.
L'idée d'un impôt bancaire fait l'objet d'un consensus grandissant dans les pays industriels, à quelques semaines de la publication d'un rapport du Fonds monétaire international (FMI) commandé par le G20 sur le sujet. Mais certains gouvernements n'ont pas attendu un accord international pour aller de l'avant. En janvier, le président américain, Barack Obama, annonçait déjà son projet. Plus récemment, le premier ministre britannique, Gordon Brown, a indiqué qu'il proposerait un nouvel impôt qui alimentera directement le budget de l'Etat.
La France, elle aussi, penche pour un impôt de type classique. Cette approche signifie en fait que le prélèvement bancaire se perdrait dans la masse des autres recettes fiscales, et servirait à financer les déficits budgétaires et les dépenses générales. Cette confusion entre une sorte de prime d'assurance levée sur le système bancaire et un impôt ordinaire aurait l'inconvénient d'accréditer l'idée que le budget de l'Etat doit être, comme par nature, la source de financement ordinaire des catastrophes bancaires.
L'approche allemande du fonds spécial, en revanche, a le mérite de la transparence. Mais le petit milliard d'euros que M. Schäuble envisage de prélever chaque année sur les banques allemandes n'est pas à la hauteur du problème qu'il s'agirait de financer. A titre de comparaison, SoFFin, la structure créée par Berlin pour tenter de sauver le système bancaire, a déjà engagé plus de 170 milliards d'euros en garanties financières ou participation en capital. On comprend que l'Allemagne soit tentée de solliciter l'aide de ses voisins. Mais pourquoi donc accepteraient-ils de la lui accorder ?
Source : leMonde