L'Élysée a recommandé son avocat à Liliane Bettencourt

Publié le par sceptix

LePoint.fr

Par Hervé Gattegno

INFO LEPOINT.FR - L'Élysée a recommandé son avocat à Liliane Bettencourt

Paul Lombard a été l'avocat de Liliane Bettencourt de février à octobre 2009 © Mousse / Abaca


Selon les enregistrements réalisés clandestinement par l'ancien maître d'hôtel de Liliane Bettencourt, la présidence de la République aurait recommandé en 2009 à l'entourage de la milliardaire le choix d'un avocat, en raison de ses relations personnelles avec le procureur de Nanterre, Philippe Courroye. Cet avocat, Me Paul Lombard, a effectivement représenté la milliardaire durant huit mois, de février à octobre 2009, et s'est efforcé, au nom de sa cliente, d'empêcher les poursuites pour "abus de faiblesse" engagées contre le photographe François-Marie Banier par sa fille, Françoise Bettencourt Meyers.

Dans une conversation enregistrée le 29 octobre 2009, l'homme de confiance de Mme Bettencourt, Patrice de Maistre, explique avoir recruté Me Lombard "pour établir le contact avec le magistrat" et précise : "On l'a pris parce que l'Élysée m'avait dit qu'il avait un très bon contact avec le procureur, ce qui était vrai." M. de Maistre ajoute : "On l'a utilisé." Lors du même entretien, le gestionnaire de fortune de Mme Bettencourt explique avoir signifié à l'avocat sa mise à l'écart, considérant qu'il n'était plus utile.

Conflits d'intérêts

C'est au cours de l'été 2009 que le procureur de Nanterre, Philippe Courroye, avait décidé de classer l'enquête de la brigade financière, alors que celle-ci mettait en évidence des soupçons d'"abus de faiblesse" au préjudice de l'héritière de L'Oréal, aujourd'hui âgée de 88 ans. Les enregistrements prouvent d'ailleurs que M. de Maistre en fut lui-même informé par le conseiller de l'Élysée pour la justice, Patrick Ouart, dès le 21 juillet 2009 - alors que la position du parquet ne fut exprimée publiquement qu'au mois de septembre.

Un autre événement explique sans doute la mise à l'écart de Me Lombard. Au mois de juin 2009, la révélation - par le Canard enchaîné - d'un déjeuner tenu chez Philippe Courroye avec l'avocat, le pdg de Casino, Jean-Charles Naouri, et un responsable policier chargés d'enquêtes relatives à ce groupe de distribution, avait fragilisé le procureur et suscité des soupçons de conflits d'intérêts. La polémique qui avait suivi avait notamment mis en évidence les relations particulières entre Me Lombard et le chef du parquet de Nanterre. Depuis le renvoi de cet avocat, c'est Me Georges Kiejman qui représente Mme Bettencourt.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article