l'Otan fait du pied à la Russie contre l'Iran
Au dela des tentatives de séduction vers le grand ami et partenaire russe, c'est bien sûr l'Iran qui est clairement visé. Pour l'Otan, pas besoin d'inspecteur de l'AIEA, pour elle pas de conditionnel ni de discussion ; l'Iran est en train de déveloper des armes nucléaires. Une vidéo de propagande sur le site de l'Otan (voir ci-dessous) sous-entend clairement l'option militaire, "après que les sanctions aient «prouvé» leur inéfficacité". «Les sanctions ne sont pas un moyen direct d’arrêter un programme de fabrication de la bombe. Elles ne sont pas un bon moyen de convaincre Ahmadinejad de changer d’avis.»
Menacées par une possible frappe de missiles iraniens, la Russie et l'Otan doivent créer un bouclier antimissile commun, a annoncé vendredi à Bruxelles le secrétaire général de l'Alliance atlantique Anders Fogh Rasmussen.
"Plus d'une trentaine de pays, dont l'Iran, possèdent ou développent leur potentiel nucléaire. Ils ont des missiles capables d'atteindre aussi bien le territoire otanien que russe. De cette façon, nous pouvons soit mettre au point un système ABM qui nous séparera et retracera de nouvelles lignes de démarcation en Europe, soit créer un système qui nous rapprochera les uns des autres", a-t-il indiqué dans une allocution vidéo.
"Nous devons proposer une coopération à Moscou et conjuguer notre ABM avec ses capacités. Si nous réussissons à le faire, nous pourrons assurer un meilleur climat pour progresser dans les autres sphères cruciales pour la sécurité européenne", a ajouté M.Fogh Rasmussen.
Il est temps de mettre fin à la logique de guerre froide et de se concentrer ensemble sur les menaces communes, dont le terrorisme, l'extrémisme, le trafic de drogue, la prolifération de la technologie des missiles les cybernautiques, la piraterie et les armes de destruction massive, a conclu le responsable.
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Discours prononcé par le secrétaire général de l’OTAN, M. Anders Fogh Rasmussen, à l’Institut Aspen de Rome
Le 26 septembre 2010
Le 26 septembre 2010
texte complet sur http://www.armees.com/Le-succes-appelle-le-succes-les,33890.html
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Permettez-moi de vous parler tout d’abord de la défense antimissile. Je pense que nous devons avant tout préciser la réalité dans laquelle nous évoluons.
Premier point : les missiles constituent une menace croissante pour l’Europe. Pour toute l’Europe. Les 28 pays de l’Alliance sont unanimes sur ce point, et je ne doute pas que d’autres pays européens soient du même avis. Plus de trente pays détiennent ou sont en train de développer des missiles. L’un d’eux, l’Iran, dispose déjà de missiles capables d’atteindre le territoire de l’OTAN, ainsi que la Russie ; il s’emploie à étendre la portée de ses missiles, et il ne respecte pas, dans son programme nucléaire, les engagements pris au niveau international.
Deuxième point : la défense antimissile se met en place en Europe. La nouvelle approche adaptative phasée des États-Unis, fondée sur une technologie éprouvée, progresse bien. Elle repose actuellement sur une coopération bilatérale entre les États-Unis et certains pays. La question est donc de savoir s’il conviendrait de réaliser la défense antimissile dans un cadre OTAN – et, le cas échéant, de savoir comment nous pourrions coopérer avec d’autres pays européens ?
Ma position sur ce point est claire. Je pense que nous avons besoin d’une défense antimissile protégeant tous les citoyens européens. Je pense que nous devrions la mettre en œuvre par l’intermédiaire de l’OTAN, ce qui est d’ailleurs la seule façon d’obtenir une couverture totale. Je pense également que nous devrions nous mettre d’accord sur cette question au sommet de l’OTAN qui aura lieu à Lisbonne dans neuf semaines environ. Et je suis convaincu que nous devons aussi inviter la Russie à coopérer, de façon à établir un lien entre notre système et les capacités de la Russie.
Il n’y a en fait que deux options possibles. Si nous mettons en place des systèmes de défense antimissile en Europe en dehors du cadre de l’OTAN, de nouvelles lignes de division apparaîtront, entre les pays qui sont couverts par ces systèmes et ceux qui ne le sont pas. Y compris entre les Alliés eux-mêmes. Et si nous ne faisons pas d’offre claire à la Russie, celle-ci, à tort ou à raison, risque de se retrouver exclue, sans trop savoir si une telle situation est susceptible de compromettre sa sécurité.
L’autre option consiste à faire en sorte que la défense antimissile « rassemble », plutôt qu’elle ne divise. La défense antimissile territoriale peut devenir un « toit sécuritaire » sous lequel tous les Alliés, et pas seulement certains, peuvent s’abriter. Et je suis convaincu qu’un tel toit peut être suffisamment grand pour abriter aussi d’autres pays européens, y compris la Russie.
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Il y a quarante ans, presque tous les pays du monde partageaient l’ambition d’un désarmement nucléaire complet. Le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires est venu consacrer une telle ambition. Il me semble donc que l’objectif d’un monde exempt d’armes nucléaires, tel que défini par le président Obama, est largement partagé.
Nous avons accompli de réels progrès ces dernières années dans la dénucléarisation du continent européen. L’OTAN a en effet réduit de plus de 90% le nombre de ses armes nucléaires à courte portée en Europe.
Nous devons toutefois être bien conscients que les armes nucléaires existent, et que certains pays pourraient encore vouloir se doter d’une capacité visant à produire de telles armes.
Si nous devons protéger efficacement nos populations, nous aurons toujours besoin d’une dissuasion nucléaire crédible, aussi longtemps qu’il y aura des armes nucléaires de par le monde. Ainsi donc, tant qu’il existera des armes nucléaires, l’OTAN restera une alliance nucléaire – il va sans dire, toutefois, que nous souhaitons maintenir nos armes conventionnelles et nucléaires au niveau le plus bas possible.
Le problème est que nous avons littéralement hérité de la Guerre froide des milliers d’armes nucléaires à courte portée – dont la plupart se trouvent en Russie. Or il s’agit d’une catégorie d’armes non réglementée par un régime de maîtrise des armements, et pour laquelle il n’existe par conséquent aucune transparence. Aussi les Alliés se montrent-ils prudents. Ils souhaiteraient que les négociations sur la maîtrise des armements portent également, à un moment ou à un autre, sur ce type d’armes.
Je pense qu’il est, là aussi, possible de créer un cercle vertueux. La maîtrise des armes conventionnelles permet d’envisager plus facilement une réduction de la dépendance à l’égard des armes nucléaires. Rappelons-le, la confiance appelle la confiance...
Il est également possible de faire davantage pour accroître la confiance entre les pays de l’OTAN et la Russie. Nous pourrions nous inviter les uns les autres à participer régulièrement à des exercices militaires.
Nous pourrions discuter de nos doctrines stratégiques et militaires alors qu’elles sont en cours d’élaboration, plutôt que d’en débattre juste après leur publication – c’est d’ailleurs, très précisément, la démarche qu’a suivie l’OTAN pour l’élaboration de son nouveau concept stratégique.
Nous devons aussi accélérer les travaux actuellement menés pour définir et évaluer les menaces communes auxquelles nous sommes tous confrontés, ce qui peut nous aider à progresser dans le domaine de la défense antimissile.
D’une manière générale, je pense qu’en ce qui concerne la sécurité intérieure européenne, trois voies s’offrent à nous, qui, si nous les suivons, nous permettront de créer une Europe différente, meilleure et plus sûre, une Europe où nous ne craindrons pas des chars ou des avions de chasse venus d’ailleurs, où les défenses antimissiles nous uniront, et nous protégeront, et où le nombre d’armes nucléaires à courte portée diminuera régulièrement sur le continent. La confiance sera le ciment de ces trois voies. Un ciment qui permettra la construction d’une confiance encore plus grande.
Pourquoi la réalisation de progrès en Europe me tient-elle tant à cœur ? La réponse est simple : les menaces réelles auxquelles nous sommes confrontés viennent de l’extérieur. Terrorisme, extrémisme, drogue, prolifération des missiles et des armes de destruction massive, piraterie, pour n’en citer que quelques-unes.
Il est temps d’arrêter de consacrer du temps et des ressources à nous observer mutuellement ; le moment est au contraire venu de regarder ensemble dans la même direction et de réfléchir à la manière de renforcer la sécurité à l’intérieur de nos frontières.
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Partie d’échecs nucléaire : l'Iran au trait - quel coup va-t-il jouer ?
16/05/2010
16/05/2010
L’un des objectifs principaux du président Obama dans le domaine nucléaire en 2010 est de rassembler la communauté internationale pour répondre fermement, d’une même voix, aux violations du Traité sur la non-prolifération commises par l’Iran
Mais il ne sera pas aisé d’arrêter ce programme iranien.
"Il sera difficile d'empêcher l’Iran de poursuivre sa quête de l'arme nucléaire. Nous avons déjà vu ce que se sont efforcés de faire cinq présidents –les deux Bush, Reagan, Clinton et Obama."
"À court terme, vont-ils pouvoir, en recourant à des tactiques astucieuses, poursuivre impunément leurs activités d’enrichissement de l’uranium ? Oui."
"Vous planifiez une stratégie à long terme, mais à court terme les choses vont assez vite, et dans une fâcheuse direction."
Son approche [d'Obama] est la suivante : s’il tend la main à l’Iran et que Téhéran refuse, il sera en meilleure position pour amener la communauté internationale à soutenir les efforts des États-Unis en vue d’exercer des pressions sérieuses sur l’Iran.
Les sanctions ne sont pas un moyen direct d’arrêter un programme de fabrication de la bombe. Elles ne sont pas un bon moyen de convaincre Ahmadinejad de changer d’avis.
Les États rationnels, même ceux que nous n’aimons vraiment pas, hésiteraient beaucoup à utiliser les armes nucléaires ... [sous-entendu, bien sûr, l'Iran n'est pas rationnel ...]