L'OTAN veut....des sous
L'Otan va appeler ses membres à ne pas sacrifier sur l'autel de la crise des budgets militaires déjà limités mais à avaliser l'allégement parfois douloureux des structures de l'alliance, lors d'une réunion de ses ministres de la Défense jeudi à Bruxelles.
Les 28 pays alliés ne doivent pas "couper trop, ou mal" dans leurs budgets de défense, car "la prospérité dépend aussi de la sécurité", a plaidé lundi son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen.
Il est de tradition que l'Otan rappelle à l'ordre ses adhérents, dont les trois quarts ne respectent pas le seuil de 2% de leur PNB consacré à la défense, objectif qu'ils ont pourtant entériné.
Si les dépenses militaires des Etats-Unis dépassent largement les 3% de leur PNB, avec plus de 600 milliards de dollars en 2009, soit près de la moitié du total des budgets de défense dans le monde, les Européens eux ont largement profité des dividendes de la paix depuis la fin de la Guerre froide.
Selon les statistiques de l'Otan, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne, ont consacré 1,3% de leur PNB à leur défense en 2008, contre respectivement 2,9%, 2,2% et 2,1% en moyenne dans les années 1985-89.
Dépensant en gros 10 fois moins que les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni conservent les deux plus importants budgets militaires européens, au-dessus des 2% de leurs PNB respectifs. Mais Paris et Londres sont loin des 3,7% et 4,4% qu'ils dépensaient pour leurs armées à la fin de la confrontation Est-Ouest.
Or pour endiguer l'essor de leurs dettes publiques, les pays européens annoncent des mesures d'austérité, qui pourraient, craint-on à l'Otan, réduire leurs budgets de la défense à un niveau insuffisant pour assurer les missions de l'Alliance atlantique.
L'Otan, qui manque déjà d'équipements vitaux comme les hélicoptères, s'inquiète donc d'une cure d'austérité d'autant qu'elle a elle-même du mal à boucler ses fins de mois.
Lors de leur précédente réunion le 5 février, à Istanbul, les ministres de la Défense avaient accepté de boucher un trou budgétaire de 640 millions de dollars, en s'engageant à réformer le financement défectueux de l'alliance.
Le budget annuel de l'Otan est d'environ 2 milliards d'euros, divisé à parts égales entre les infrastructures et l'administration d'une part, les opérations d'autre part.
"J'ai promis en prenant mes fonctions de réformer cette organisation", a rappelé M. Rasmussen lundi.
Pour appuyer la démarche de M. Rasmussen, neuf pays - Allemagne, Danemark, Etats-Unis, France, Italie, Norvège, Pays-Bas, Royaume-Uni, République tchèque - lui ont adressé une lettre fin avril réclamant une ample réforme de l'Otan touchant aussi bien son siège et ses agences que sa structure de commandement, selon un responsable allié.
Ils veulent aller au-delà de la réduction entérinée l'an dernier de 17.000 à 13.000 des effectifs de l'appareil militaire permanent de l'alliance.
Pour ces pays, il y a encore trop de quartiers généraux, trop de comités en tous genres datant de la Guerre froide. Paris a parlé d'une nouvelle diminution de 30% des militaires "otaniens".
M. Rasmussen, selon un diplomate allié, a mis sur la table deux options, l'une réduisant les effectifs à 9.500, l'autre à 7.50O.
Encore faudra-t-il convaincre un certain nombre de pays réticents à perdre aussi les QG de l'Otan installés sur leur sol voire des postes d'officiers, à forte valeur symbolique sur le plan diplomatique comme national.
L'Otan a déjà adopté des règles établissant des "priorités claires en matière de dépenses", a expliqué le secrétaire général sans entrer dans les détails.
Washington réclamait que ces priorités soient les opérations en cours en Afghanistan et la défense antimissile en Europe, projet qui sera aussi examiné par les ministres réunis jusqu'à vendredi.
Le tout devra être soumis pour approbation au sommet de l'Otan fin novembre à Lisbonne.