L’Université de Genève refuse un conférencier ultra-controversé (Alain Soral)
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«Une censure digne de l'URSS des années 30»
Contacté mardi soir, Alain Soral ne se dit guère surpris par le refus de l'Uni de l'accueillir dans ses locaux: «Ils ont accepté le Hamas avant moi? Eh bien ça doit vouloir dire que je suis davantage dangereux que le Hamas, moins exotique.»
Quant à la réputation plus que sulfureuse de son hôte, Genève Non-Conforme, il n'y porte guère d'attention. «Cela ne me pose pas de problème s'ils sont néo-fascistes, le fascisme est un sujet d'étude intéressant.» Honorer l'invitation du mouvement est donc une manière de «ne pas céder à la terreur», selon lui. Il juge le climat intellectuel actuel «pire que celui de l'URSS des années 30».
L'événement aura lieu dans une salle privée.
Musheer Al Masri oui, Alain Soral non. Sous le feu des critiques de la communauté juive après avoir autorisé la tenue d’une soirée accueillant un membre du Hamas, parti jugé «terroriste» par de nombreux pays, l’Unige vient de prendre une décision autrement plus prudente. Un temps annoncé sur différents sites nationalistes, voire ouvertement racistes, un événement impliquant l’essayiste franco-suisse Alain Soral s’est vu déclarer indésirable par l’Unige.
Antiféministe, critique du «communautarisme gay», l’auteur a aussi été membre de l'équipe de campagne du Front national lors des élections présidentielles de 2007. Il a aussi déjà été condamné pour incitation à la haine raciale. Ses livres sont aisément disponibles dans les bibliothèques des universités romandes et se vendent avec succès.
Organisateur de l’événement, le groupe «national-révolutionnaire» Genève Non-Conforme est scandalisé par le refus, de la part de l’Uni, d’accueillir l’un de ses maîtres à penser. « C’est un lieu qui devrait favoriser les débats, et non les interdire.» Le mouvement raconte que l’Uni a dans un premier temps déclaré la conférence d’Alain Soral bienvenue, avant de se raviser. Une version que l’institution conteste : «Un étudiant est venu demander s’il y avait possibilité d’organiser l’événement à l’Uni Mail, et une personne a répondu qu’à sa connaissance il y aurait des salles de libres le jour de l’événement. Mais cela n’a jamais constitué un préavis positif», note Julie Michaud, du service de presse. Elle précise aussi que, à la différence des organisateurs de la conférence qui avait accueilli le porte-parole du Hamas, la personne qui s’est adressée à l’Uni pour y faire venir Alain Soral ne semblait pas en mesure de garantir que l’événement soit sûr.
Le refus de l’Unige rassure en tout cas l’organisation de lutte contre l’antisémitisme CICAD: «Si l'Université avait laissé Genève non-conforme faire venir Soral, quelques semaines après le Hamas, on aurait à nouveau franchi la ligne rouge», estime Johanne Gurfinkiel, son secrétaire général. Il voit en Alain Soral un personnage qui «affiche ouvertement un combat contre le judaïsme». Il s’étonne enfin du soutien apporté par un membre du parti MCG aux organisateurs de la conférence sur son blog, cela après diverses affaires liées à l’antisémitisme au sein de la cellule vaudoise de cette formation politique. (Le Matin)