La guerre est un fiasco si elle n’aboutit pas à la paix. Quid de celle conduite depuis dix ans en Afghanistan ?
Nous avons mis le paquet pour bouter les talibans hors du pouvoir, nous avons réussi – très vite même. Nous avons mis aussi le paquet pour les mettre hors état de nuire, avec des avions, des missiles, des hélicoptères d’attaque, des troupes au sol, des méthodes antiterroristes et antiguérilla : nous faisons état de « succès » mais nous sommes encore à la besogne.
Nous avons alors étoffé nos services de renseignements, noué des amitiés guerrières avec les ennemis naturels des talibans, nous avons eu foi en nos actions et premiers résultats encourageants, nous imaginant que les talibans allaient quitter le pays, absorbés par les montagnes et la pertinence de notre stratégie.
Mais nous nous sommes trompés : ils frappent où ils veulent et quand ils veulent, progressent dans la capitale, noyautent les politiques et infiltrent l’armée et la police. Ils se sont regroupés dans le sud et l’est de l’Afghanistan, noyaux durcis par dix années de haine contre l’occident empêcheur de massacrer en paix. Ils prospèrent avec des facilités de passage vers des sanctuaires pakistanais difficiles à atteindre et à balayer par nos forces.
Nous revendiquons cependant le succès et annonçons la prise du relai par des forces de sécurité afghanes en capacité de « faire le travail ». Quel travail ? Celui d’éradiquer le taliban ou bien celui de nous remplacer avec les emmerdements qui vont de pair parce que le taliban, lui, sera toujours là, attendant plus ou moins sagement 2014 ?... Un général US, patron de la formation des forces de sécurité afghanes vient d’être remercié pour l’avoir évoqué dans la presse.