La métamorphose d'un humain en vermine
Aline de Diéguez Vendredi 30 Octobre 2009
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"Un matin, au sortir d'un rêve agité, Grégoire Samsa s'éveilla transformé en une véritable vermine."
Franz KAFKA, La Métamorphose
Lorsque mes yeux se furent accoutumés à pénombre, j'eus un hoquet d'horreur. Je vis la masse répugnante d'une bête monstrueuse occuper l'espace. Pendant que certaines de ses innombrables petites pattes s'affairaient à grappiller voracement une pitance gluante et malodorante happée goulûment par une gueule large comme un four, de nombreuses autres petites pattes "pitoyablement grêles" grattaient le sol, donnant l'impression de chercher à mouvoir une panse gélatineuse collée au sol .
C'était donc ça, un collaborateur, traître à sa cause, traître à ses frères, traître à sa propre dignité, un être superficiellement affairé et dévoué, mais en réalité fuyant et avide, un glouton jamais repu . Il faut négocier, négocier et avancer patiemment dans les négociations, chante-t-il à tue-tête entre deux bouchées, sur l'air des trompettes d'Aïda dans l'opéra de Verdi , tout en prenant bien soin de faire du sur-place.
La métamorphose du résistant en collaborateur se fait en un éclair: on se jette dans la félonie comme on se jette dans le vide au saut à l'élastique. "Un matin, au sortir d'un rêve agité, Grégoire Samsa s'éveilla transformé en une véritable vermine" nous apprend Kafka dans La Métamorphose.
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