Le chapelier relève la tête

Publié le par sceptix

La dernière fabrique de bérets made in France, connaît des perspectives de développement impressionnantes, après avoir frôlé la faillite il y a quelques années.

 Un technicien prépare les nouvelles machines à tricoter, dont certaines sont déjà en fonction. photo jean testemale
Un technicien prépare les nouvelles machines à tricoter, dont certaines sont déjà en fonction. photo jean testemale

Pierre Lemoine a retrouvé le sourire. Le patron de Béatex Prod, usine historique située sur les bords du gave d'Oloron, a réussi avec son personnel un pari sur lequel personne n'aurait parié son chapeau. Pas même les banquiers qui lui avaient tous refusé un prêt alors que la fabrique, qui avait pourtant des perspectives de développement prometteuses, faisait face à de graves difficultés par manque de trésorerie.

Rappelons que cette usine, un des fleurons de l'industrie en haut Béarn, avait été reprise par Pierre Lemoine alors qu'elle était en grande difficulté. Des dizaines d'employées licenciées, un passif d'environ un million d'euros, l'affaire n'était pas, loin s'en faut, d'une solidité à toute épreuve. Toute l'entreprise s'est alors retroussé les manches et a commencé à diversifier l'activité et à gagner de nouveaux marchés. Béatex fabriquait, à l'époque, les derniers bérets basques entièrement confectionnés en France, et une bonne part de son activité était le béret militaire, vendu à de nombreuses armées dans le monde. Le gérant décida d'investir pour gagner des parts de marché dans le domaine du chapeau de mode.

Un pari osé

Le savoir-faire était là. Mais pour s'imposer dans ce domaine, l'usine devait se doter de nouvelles machines afin de produire rapidement les nouvelles collections. L'ancien directeur de Laprade se tourne alors vers sa banque pour emprunter 400 000 €. L'établissement, ainsi que tous les autres contactés par la suite, refusent. Le gérant entame alors une médiation, sans résultat. Il s'entendra même conseiller « de délocaliser son activité » pour s'en sortir. L'Etat marocain, qui lui achète des bérets pour son armée, lui offre alors un pont d'or pour qu'il vienne diriger une usine clé en main au royaume chérifien. Oloron est alors à deux doigts de perdre une usine de plus.

Heureusement, Pierre Lemoine trouve in extremis un investisseur suisse, qui lui prête la somme nécessaire, 650 000 €. Il achète, illico, cinq nouvelles machines à tricoter, embauche 10 commerciaux et quatre couturières, et lance les démarches pour en embaucher cinq de plus. Dans le même temps, il s'est installé aux États-Unis, à Boston, pour conquérir le marché du chapeau de mode dans ce pays où « la mode, c'est Paris, c'est la France ». Vu d'outre-Atlantique, Oloron ou Paris, c'est kif-kif…

L'Otan porte le chapeau

« Là-bas, on peut vendre 100 € un chapeau qu'on vendrait dix fois moins cher ici », se réjouit le chef d'entreprise. « Le tout est de se faire connaître dans les salons à Las Vegas, New York, de contacter les grandes chaînes de magasins » avec qui il négocie actuellement. Un bataillon de 50 agents commerciaux travaille à ça depuis des mois.

« La spirale du développement est enclenchée », se satisfait l'entrepreneur. De fait, la part de chapeaux militaires ou civils est rééquilibrée, et le chiffre d'affaires est en hausse - à 2 millions d'euros - avec des prévisions de doublement en 2011. « On peut même atteindre les 7 ou 8 millions d'euros avec un nouveau marché pour lequel on vient d'être qualifiés », estime Pierre Lemoine. Le marché de l'Otan sera, en effet, partagé entre deux fabricants, Beatex et Tonak, une société tchèque, qui ne fait pas peur au fabricant oloronais : « On est moins cher et de meilleure qualité », confie le directeur, qui vient, en attendant, d'ouvrir une nouvelle société de distribution et continue à travailler pour de grands noms de la couture française, comme Kenzo et autres.

Oloron-Sainte-Marie · Pyrénées-Atlantiques

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Publié dans on peut encore sourire

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R
<br /> <br /> tiens ! aux hommes qui mettent un berêt sur laur tête on n'interdit pas les établissements public ? on ne dit pas que leur couvre-chef est un "beret islamique" ?<br /> <br /> <br /> les association humanitaires ne disent pas que de mettre ça sur sa tête c'est un "un enfermement du mâle" ?<br /> <br /> <br /> <br />
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S
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