Le suicide d'un retraité en plein coeur d'Athènes bouleverse la Grèce

Publié le par Charlotte sceptix


ATHENES - Le suicide d'un septuagénaire qui s'est tiré une balle dans la tête en pleine rue d'Athènes a suscité l'émoi des Grecs qui ont spontanément manifesté sur les lieux du drame et fait réagir l'ensemble de la classe politique face à une manifestation du désespoir provoqué par la crise.

Le pharmacien à la retraite âgé de 77 ans a mis fin à ses jours à quelques mètres du parlement grec, sur une pelouse de la place Syntagma, théâtre depuis deux ans des manifestations contre l'austérité draconienne imposée au pays.

Il est tragique qu'un de nos concitoyens ait mis fin à ses jours. Dans ces moments difficiles pour notre société, gouvernement et citoyens, nous devons soutenir les gens qui se trouvent dans la détresse, a indiqué le Premier ministre Lucas Papademos dans un communiqué.

Mobilisées via les réseaux sociaux, environ un millier de personne a afflué sur les lieux du drame en début de soirée. Au pied d'un cyprès, elles ont déposé des bouquets de marguerites ou d'anémones, des cierges et des dizaines de messages manuscrits appelant notamment au soulèvement du peuple.

Soulevez-vous, son sort sera le sort de nous tous, Que cette mort soit la dernière de citoyens innocents. J'espère que les prochaines victimes seront les politiciens traîtres, pouvait-on lire sur ces notes.

La plupart des manifestants, silencieux et émus, refusaient de parler aux médias mais certains scandaient le mot Assassins. La police a bouclé l'avenue longeant le parlement.

Le drame est intervenu peu avant 09H00 locales (06H00 GMT), en pleine heure de pointe à l'ouverture des bureaux et commerces.

Une lettre manuscrite a été découverte dans une des poches de la victime, a indiqué la police, mais sans en dévoiler le contenu. Selon les diverses versions avancées par les médias, il y accusait le gouvernement de l'avoir privé de ressources, l'assimilant à l'exécutif mis en place par les occupants nazis en 1941.

Le retraité était par ailleurs atteint d'un cancer du pancréas, selon une source policière. Le porte-parole du gouvernement Pantélis Kapsis a souligné que les circonstances précises de cette tragédie humaine n'étaient pas encore connues.

Selon les médias, plusieurs témoins ont entendu l'homme crier qu'il ne voulait pas léguer de dettes à ses enfants, sans que la police ne confirme ce récit.

Plusieurs études ont rendu compte ces derniers mois d'une augmentation des dépressions et suicides en Grèce, où la crise économique et sociale a fait bondir le taux de chômage, chuter salaires et retraites, paupérisant des pans entiers de la population.

A l'image de ses voisins du Sud, la Grèce affiche toutefois un taux de suicide beaucoup plus bas que les pays du nord de l'Europe.

Alors que des élections législatives anticipées sont attendues début mai dans le pays, ce drame a fait réagir l'ensemble de la classe politique qui y voit le signe du désespoir et de la dépression de la population grecque.

Je suis ébranlé, malheureusement ce n'est pas la première victime, nous avons un taux record de suicides. Il faut faire sortir les Grecs du désespoir, a déclaré Antonis Samaras, le chef de la Nouvelle-Démocratie (conservateur) qui mène dans les sondages.

De son côté, le parti communiste a appelé les coupables et les responsables du désespoir du peuple grec à se taire devant les résultats abominables de la crise capitaliste.

Plus mesuré, Evangélos Vénizélos, chef des socialistes du Pasok, parti majoritaire dans le gouvernement de coalition et artisan du deuxième prêt international accordé récemment au pays, a estimé que les commentaires politiques n'ont pas leur place après cet incident choquant. Il faut réfléchir à la situation du pays et faire preuve de solidarité et de cohésion.

En Italie également sous le coup d'une sévère cure d'austérité, un maçon poursuivi pour fraude fiscale à Bologne (nord) et un Marocain de Vérone (nord) qui n'était plus payé depuis des mois se sont immolés par le feu la semaine dernière.


(©AFP / 04 avril 2012 19h27) Romandie news

 

 

Un retraité se suicide sur la place Syntagma
4 avril 2012
Par

Il était 9h, ce matin, quand un retraité a mis fin à ses jours en plein centre d’Athènes, place Syntagma, à quelques mètres du parlement grec, devant les passants. L’homme, qui s’est tiré une balle dans la tête, a laissé une note écrite à la main, que Proto Thema a publié et dont voici la traduction  :

Le gouvernement Tsolakoglou (*) a littéralement réduit à néant ma capacité de survie qui dépend d’une pension respectable que je me suis payé seul pendant plus de 35 ans (sans contribution de l’État). Parce que je suis à un âge où je n’ai plus la force de résister activement (même si bien sûr je ne peux pas exclure que le cas échéant, si un grec prend une kalachnikov, je serais le deuxième à le faire).

Je ne trouve pas d’autres solution pour une fin digne avant d’en être réduit à chercher dans les poubelles pour me nourrir. Je crois que les jeunes sans avenir devront un jour prendre les armes et pendre les traîtres nationaux la tête en bas sur la place Syntagma, comme les Italiens l’ont fait avec Mussolini en 1945.

* En référence au premier gouvernement collaborationniste de la Grèce occupée pendant la Seconde Guerre.

L’homme a également laissé un message semblable à sa fille. Il était pharmacien et membre de l’association des pharmaciens jusqu’en 1994 quand il a vendu sa pharmacie. Il aurait déclaré, juste avant son geste de désespoir : « Nous ne devons pas permettre de laisser des dettes à nos enfants »

La population a déposé des fleurs pendant la journée sur les lieux du drame. Beaucoup de personnes arrivent place Syntagma à l’heure actuelle pour une prévue à 18h (heure française) pour témoigner leur colère devant ces gestes désespérés qui ont augmenté de 40% depuis le début de la crise :

Suicide en Grèce

La population se rassemble place Syntagma

La population se rassemble place Syntagma (via @mkhalili) - 18h00

La population se rassemble place Syntagma (via @mkhalili)

La population se rassemble place Syntagma (via @mkhalili) - 18h00

La population se rassemble place Syntagma (via @mkhalili)

La population se rassemble place Syntagma (via @mkhalili) - 18h00

 

Lire :

Catastroïka : entretien exclusif avec Katerina Kitidi

4 avril 2012

Katerina KitidiAucun commentaire

J'ai le grand plaisir de vous proposer aujourd'hui un entretien exclusif avec Katerina Kitidi, journaliste et auteur, avec Aris Hatzistefanou et leur équipe, du documentaire debtocracy qui, si vous ne l'avez pas vu, est le documentaire qui explique le mieux l’origine de la crise en Grèce. Extrait : "Chaque citoyen devrait comprendre que nous sommes tous victimes des mêmes politiques et que chaque nouveau prêt proposé à un pays endetté, comme la Grèce, rapproche d'un pas de plus vers la soumission financière et politique au diktat de la troïka....

 

mercredi 4 avril 2012

Cadavre du jour

Place de la Constitution - Athènes 04 avril 2012
Il y a une heure. À la sortie du métro donnant sur la place de la Constitution (Syntagma). Nous avions acheté notre petit pain aux marchands ambulants pour cinquante centimes d'euro. Puis, nous découvrons que sur cette même place des indignés de l'été 2011, il y a du monde. Les télévisions, les photographes, une ambulance et la police sont là aussi. À l'heure du bonjour au boulot pour ceux qui travaillent encore, un homme s'est suicidé en se tirant une balle et nous voilà tous immobilisés, arrêtés un bref moment.
« Oui, il vient de se suicider cet homme, il avait un revolver », m'a dit un policier. Pas trop de commentaires, pas trop d'émotion non plus. Nous avons même terminé en partant nos petits pains, certains ont fait leur signe de croix dans un pays où la seule trinité se nomme « Troïka ». Nos premiers touristes de la saison ont apprécié également, toute la Grèce en direct.

mardi 3 avril 2012

Avril comme Brésil ?

Établissement privé - "Centre des langues étrangères" - Athènes 2 avril 2012
Voilà que nos poissons d'avril iront désormais plus vite que nos ferries en mer Égée. Depuis hier, les armateurs appliquent des tarifs en hausse tout en réduisant la vitesse des navires de 20%, il y a donc du Mémorandum aussi sous la ligne de flottaison.
Mais en ce moment, tout notre univers devient flottant. À Serres, au nord du pays, les habitants du village Pigi ont adopté la drachme, après avoir débattu en assemblée populaire, le jour de la fête nationale du 25 mars. Cette initiative semble plus concrète, que l'annonce fracassante, faite il y a deux mois, par le maire de l'île de Kastelorizo sur le même sujet, car à ma connaissance, et d'après les informations obtenues à Rhodes (le chef lieu), à Kastelorizo on reste pour l'instant que sur... l'effet d'annonce. D'après la presse (topontiki.gr/article/33103), les habitants de Pigi, ont retrouvé des pièces et des billets en fouillant les fonds des tiroirs et pour fournir l'essentiel de la masse monétaire manquante, l'Union des Collectionneurs du nord de la Grèce a offert le reste. C'est d'ailleurs une « para-monétisation » déjà pratiquée par les habitants de certains villages en Espagne, en Allemagne et en Italie. « C'est notre façon de faire la révolution contre l'euro car la monnaie européenne est peut-être bonne, seulement, elle nous a causé tant de chagrins depuis sa création. Au moins, avec la drachme nous étions plus tranquilles », a déclaré Madame Kehagia, Maire de la localité.

Débat-conférence à Paris (11 avril)

Athènes - juin 2011
À l'attention des amis et lecteurs du blog
Je serai présent (intervenant) à Paris au débat-conférence:

Mercredi 11 avril 2012, à 19 heures
Salle des Actes à l’Ecole Normale Supérieure
45, rue d’Ulm 75005 Paris
ROSE ET RESEDA Paris – Université Populaire Itinérante 
 
La Grèce :
L’EXPERIMENTATION D’UN NOUVEL ORDRE
POLITICO-ECONOMIQUE
Ouverture : diaporama-photos de Cédric SPILTHOOREN, photographe, http://cedric-spilthooren-photography.com/photo/reportage/greek-crisis
Panagiotis GRIGORIOU, historien et ethnologue grec, bloggeur associé de Marianne 2
Philippe COHEN, rédacteur en chef de Marianne 2, auteur notamment avec Luc Richard de « Le Vampire du Milieu : comment la Chine nous dicte sa loi », 2010, Fayard/Mille et une Nuits
A son entrée dans l’euro, la Grèce connaît tout d’abord une croissance dynamique grâce un endettement public et privé très important. Mais en 2009, les marchés financiers fragilisés par la crise des subprimes, spéculent contre sa dette publique qui devient insoutenable.
L’Europe et le FMI volent au secours des banques et imposent à la Grèce des plans d’austérité d’un genre nouveau : baisse des revenus de 20%, licenciements des fonctionnaires, réforme du droit du travail.
« Pays sous occupation », la Grèce connaît aujourd’hui une régression sociale d’une extrême violence : malnutrition, montée de la pauvreté, recul des soins, suicides.
Panagiotis Grigoriou sera le grand témoin du processus de « destruction de toute une société », dont l’Etat abandonne les citoyens au profit du remboursement de dettes illégitimes.
Philippe Cohen décrira le nouveau système de domination imposé à la Grèce par la Troïka : austérité budgétaire et salariale, privatisations, contrôle politique. Il nous dira si une généralisation de ces mesures menace l’ensemble de la zone euro et si ce nouvel ordre social serait viable politiquement et économiquement.

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P
<br /> Mende, Groupama, un homme se suicide sur son lieu de travail. Un de plus. En France aussi les gens tombent comme des mouches, je ne sais pas si ça émeut quelqu'un. A force, on en prend<br /> l'habitude. 35 suicides en un an à France Télecom.....<br />
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