Les banques sont vulnérables, oubliez les stress tests ! (A LIRE !!!)
Par Alexandre Benazzouz
De l’incertitude au bank run
Bankia est sur le point de représenter le sauvetage financier le plus cher de l’histoire espagnole. La quatrième banque du pays doit recevoir 23,5 milliards d’euros de fonds publics.
La semaine dernière, la Banque centrale portugaise avertissait que “trois des quatre plus importantes banques du pays devraient recourir à une aide publique”. Lisbonne prévoit donc d’injecter 6,6 milliards d’euros dans trois banques, les banques privées BCP et BPI et la banque publique CGD.
Elles ne sont pas les seules dans la tourmente. Ces dernières semaines, l’agence de notation Moody’s a dégradé une vingtaine de banques espagnoles et italiennes. Fitch, quant à elle, a abaissé au premier trimestre 2012 la note de 57 banques ; 30 d’entre elles sont en Europe de l’Ouest.
Selon le directeur de la Banque de France, Christian Noyer, aucun groupe bancaire ne serait mis en difficulté par un scénario extrême en Grèce. Le problème est qu’un scénario extrême pourrait également faire chavirer le Portugal, l’Espagne et peut-être même l’Italie. Et ce ne serait pas la même histoire…
Le scénario de sortie de la Grèce se précisant, les épargnants et les investisseurs retirent leurs dépôts des banques grecques. Pour la seule journée du 14 mai 2012, ce seraient 700 millions d’euros qui auraient été retirés des banques. Cette crise de confiance serait en train de se propager au Portugal et en Espagne.
Qu’adviendra-t-il si ce phénomène arrive jusqu’en France ? Quelle est la solidité mais surtout la solvabilité des banques françaises ?
Après les accords de Bâle III, les banques européennes doivent porter leur ratio de solvabilité à 7% et à 9% en 2013. Ce ratio représente les capitaux propres sur les actifs pondérés des risques.
Il mesure le pourcentage de capitaux mis en réserve pour couvrir les pertes liées aux activités d’une banque. L’augmentation de ce ratio devra contribuer à limiter l’incitation à la prise de risque.
Voici le ratio de solvabilité calculés selon Bâle III des quatre plus grosses banques françaises :
| Fonds propres/actifs pondérés |
BNP Paribas | 9,6% |
BPCE | 9,1% |
Société Générale | 9% |
Crédit Agricole | 8,6% |
Pourquoi le niveau requis pour 2013 est-il déjà atteint ? Et si facilement ? Parce que ce ratio ne signifie rien. Tout simplement parce que la méthode de calcul pour évaluer un risque n’est pas fiable. Donc la notion “d’actifs pondérés des risques” ne signifie rien.
Pour illustrer ces propos, rien de mieux que de se référer aux stress tests des banques organisé fin 2011. L’Autorité bancaire européenne (European banking authority, EBA) avait évalué le montant nécessaire pour recapitaliser Bankia face à la crise de la dette à 1,33 milliard d’euros, Bankia a été recapitalisé de 23,5 milliards d’euros !
De plus, le besoin en capitaux de tout le secteur bancaire espagnol avait quant à lui été évalué à 26 milliards d’euros. Le gouvernement ibérique admet désormais qu’il s’agirait de 80 milliards d’euros. Tout cela confirme bien que la notion “d’actifs pondérés des risques” est loin d’être fiable. Ne tenez donc pas compte de ce ratio officiel.
Nous vous proposons un ratio bien plus simple pour évaluer la solidité d’une banque : les capitaux propres sur le montant total des engagements.
Voici ce ratio appliqué aux quatre plus grandes banques françaises :
| Fonds propres/total des engagements |
BNP Paribas | 3,98% |
BPCE | 4,11% |
Société Générale | 4,15% |
Crédit Agricole | 2,92% |
Si l’on prend le Crédit Agricole en exemple, on en conclut que les fonds propres de la banque ne couvrent que 2,92% des engagements de la banque. Si vous êtes un client du Crédit Agricole, il serait donc préférable pour vous d’être dans les premiers à retirer votre argent si celle-ci se retrouve en difficulté. Sinon, vous risquez de vous retrouver avec vos comptes bloqués et votre coffre inaccessible.
Lorsque la situation va se dégrader, comme nous, les gens vont commencer à regarder les véritables ratios. Les marges de sécurité données par les stress tests ne sont que des artifices comptables qui découlent de mesures de risque infondées. En refusant de l’admettre, les autorités créent toutes les conditions de la panique bancaire.
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