Ni noirs, ni arabes, ni roms....
ASSISES D'AIX
Publié le lundi 30 août 2010 à 07H12
Six accusés sont jugés pour avoir soumis un jeune homme de 20 ans à des sévices et des tortures avant de l'assassiner à coups de pierre. L'enjeu est de comprendre la dynamique criminelle de ce groupe de marginaux
Massif du Montaiguet à Aix, chemin de la Guiramande. C'est là qu'a été torturé à mort William Modolo (en vignette) en mai 2006.
Photomontage La Provence
Les jurés de la cour d'assises d'Aix-en-Provence pourraient presque se rendre à pied sur la scène du crime qu'ils jugent à partir d'aujourd'hui. Chemin La Guiramande, derrière le Creps du Pont-de-l'Arc, ils découvriraient un coin de nature préservée.
Ce vallon du massif du Montaiguet est le lieu du supplice de William Modolo, 20 ans, torturé là par ceux qu'il croyait être des amis. Son corps est retrouvé par un promeneur, le 22 mai 2006, à quelques dizaines de kilomètres de là, dans les bois de Saint-Cannat.
Le crâne fracassé à coups de rochers, le corps massacré, brûlé avec du métal chauffé à blanc, percé par des piques en fer... Le même jour, Barbara Jean-Louis, jeune assistante d'une garderie de Gardanne, pousse la porte de la gendarmerie. Elle livre le premier récit du calvaire de William : un flot d'atrocités dont l'arrachage d'une quinzaine de dents avec une pince d'électricien n'est que le summum des souffrances endurées.
Une sauvagerie, raconte la jeune fille, destinée à punir William, un garçon pesant 120 kilos, pour un chapardage de saucisson dans la caravane servant de camp de base à ce groupe de marginaux. William, aussi gentil qu'il était massif, "grattait" l'amitié de ces quatre garçons et deux filles, soudés par l'usage immodéré de drogue et d'alcool, par le goût de la marginalité. William rassurait sa mère : "T'inquiète pas, ils ne font pas de bêtises".
L'enjeu du procès qui s'ouvre pour deux semaines est de comprendre comment six personnalités, la plupart borderline mais auxquelles les psychiatres ne prêtent aucun dérangement mental, ont pu atteindre un tel niveau de sadisme. Pour la justice, il s'agit de viols aggravés, d'actes de tortures et de barbarie et d'assassinat. Souffre-douleur, William était régulièrement pris à partie, roué de coups. Avec un tournevis dans les jours précédant sa mort, le 18 mai 2006.
Les accusés s'en rejettent la responsabilité tout comme les viols à l'aide de bouteilles de bière ou les coups portés avec le marchepied de la caravane, une poignée de bouteille de gaz... Aucun n'a réagi lorsque Jean-Pierre Planqueel et Frank Julien, les deux "coqs" rivaux du groupe, ont placé une bouteille de verre dans la bouche de William pour la casser avec un bâton puis arraché, une à une, quinze dents avec une pince.
Tous sont renvoyés pour être complice d'assassinat, une exécution commise à l'issue de ces jours de tortures. Un sinistre colloque a regroupé les six sur le sort à réserver à leur victime agonisante. Arnaud Frapech aurait proposé d'aller l'enterrer dans les Alpilles. Franck Julien suggérait de le jeter dans les calanques après lui avoir coupé les jambes pour laisser croire à un crime de proxénète... Tous auraient baissé le pouce, comme pour la mort d'un gladiateur.
Tous convaincus par Jean-Pierre Planqueel que "les bleus ça se résorbe mais les dents, ça repousse pas". Un assassinat exécuté par Jean-Pierre Planqueel et qu'aurait annoncé en chemin Aurélie Piteux : "Tu vas crever ! On va t'enterrer !" La scène est éclairée par le téléphone portable des deux filles accompagnant cette équipée mortelle. "J'ai trouvé une grosse pierre, je l'ai lancée sur William, au niveau de la tête, avoue Jean-Pierre Planqueel, qui confie aujourd'hui ne pas reconnaître celui qui a fait cela.
Les ultimes implorations de William, qui "parlait dans son sang", n'ont ému personne. Ni Barbara Jean-Louis qui a révélé l'avoir entendu : "S'il te plaît, aide-moi". Ni Aurélie Piteux dont sa copine rapporte les encouragements qu'elle aurait proférés : "Tue-le ! Tue-le !" Pendant ce temps-là, dans la pinède, Lucien Boursier, un clochard surnommé Papy par le groupe avec lequel il partageait les beuveries et le supplice infligé à William, dormait comme un bienheureux.
Retrouvez notre dossier complet sur ce procès aujourd'hui dans La Provence.