Opposons un Non vigoureux au versement de milliards au FMI
Les dettes de l’Europe sont dissimulées derrière des constructions financières constamment renouvelées. C’est au tour du Conseil des Etats de se prononcer sur un montant de CHF 18 milliards destiné au Fonds monétaire international (FMI). La votation aura lieu demain lundi.
Le sauvetage de l’Irlande et de la Grèce a nécessité de l’argent non seulement de la zone euro, mais aussi du FMI. Le Fonds veut maintenant se constituer une marge de manœuvre supplémentaire pour le cas où le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la Belgique auraient aussi besoin d’une bouée de sauvetage se montant à de nombreuses centaines de milliards.
A cet effet, le montant des «nouveaux accords d’emprunt» du FMI doit être décuplé et porté à USD 540 milliards. La Banque nationale suisse veut fournir CHF 18 milliards. Les montants seront prêtés au FMI par les 36 Etats qui garantissent l’application des accords, moyennant intérêt et pour une durée de deux ans, mais sans droit de co-décision dans les cas concrets. Les 36 Etats participants sont des participants volontaires, leur qualité de membre du FMI ne les obligeant pas à verser ces montants.
Le nouveau crédit mammouth se glisse, comme à Tchernobyl, en troisième ou quatrième sarcophage sur le champ de manœuvre de l’euro. Les maîtres d’ouvrage et politiciens ont tout d’abord contracté des dettes en Grèce, en Irlande, en Espagne, en Italie et au Portugal. Et ils ont acheté des produits importés à crédit chez les épargnants européens, car ils ne pouvaient offrir eux-mêmes des exportations concurrentielles. Par la suite, les Etats ont acquis les dettes privées, celles des banques en Irlande, le revenu de substitution des chômeurs et des rentiers précoces au Sud de l’Europe. Sur quoi, les Européens du Nord ont acquis les dettes de ces Etats grâce à d’énormes crédits pour la Grèce, l’Irlande et, bientôt, pour le Portugal et l’Espagne. De même, la Banque centrale européenne (BCE) a placé des centaines de milliards, soit un multiple de ses fonds propres, en dépôts en banque et en obligations d’Etat. Si ces couches de dettes placées les une sur les autres ne sont pas reliées les unes aux autres, les Etats tomberont en faillite, car les banques du Nord et du Sud, ainsi que la BCE, sont sans le sou. Le paquet géant préparé par le FMI doit servir de dernière couche de dettes. C’est la dernière action. Des économistes américains disent en plaisantant que personne ne pourra, à partir de la lune, apporter une aide aux débiteurs par l’intermédiaire du FMI ou de la BCE.
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