Pourquoi la Chine retoque le G2 d'Obama ?

Publié le par sceptix

Marianne2
L'opinion et la presse internationales sont bien obligées de constater que le Président américain quitte Pékin les mains vides, et passablement humilié par son vis-à-vis Hu Jintao.


Niet, niet, niet. Dès cet après-midi, l'agence russe Novotni l'a annoncé visiblement sans déplaisir : le Président chinois Hu Jintao a décliné l'invitation de Barak Obama à constituer avec la Chine un G2 qui serait le socle du nouvel ordre mondial. La nouvelle ne pouvait que faire plaisir en Russie. Le G2 est devenu brusquement Chimérique, mais pas exactement au sens où l'entendait Paul Jorion : notre économiste presque favori dénotait la dimension chimérique du projet de G2 d'un point de vue économique. Alors que le président chinois a repris sa posture modeste de puissance en devenir, telle que les Chinois l'affectaient voici quelques années quand ils se refusaient à prendre des mesures contre le dumping social ou la pollution. Le refus du G2 n'a pas été la seule mauvaise nouvelle pour le chef de l'état américain. Sur le plan économique il s'est fait critiquer pour le protectionnisme des Etats-Unis et éconduire concernant le taux de change faiblissime du yuan. Obama a été également renvoyé dans ses buts sur le plan diplomatique : la Chine n'entend pas faire davantage pression sur l'Iran et menacer le pays de sanctions;  elle ne veut pas non plus faire les gros yeux à la Corée du Nord.

Comment interpréter ce refroidissement des relations visiblement souhaité par Hu Jintao et assez humiliant pour le Président américain ? Sur le plan économique, rien d'étonnant : la Chine subit les conséquences de la baisse de la demande occidentale (exportations en baisse de 25% au premier semestre 2009). Elle compte donc sur ses deux atouts de compétitivité - les bas salaires et la faiblesse du yuan - pour rafler de nouveaux marchés et continuer à vendre le plus possible ses produits bas de gamme, très adaptés à la crise. En commentant les derniers chiffres du chômage depuis Pékin, Obama a, indirectement, répondu au gouvernement chinois : si l'endettement américain continue de croître, la récession pourrait bien revenir, a-t-il déclaré en substance, ce qui peut être interprété comme une mise en garde à destination de ses hôtes, même si le Président s'exprimait sur la chaîne Fox News.

Reste l'échec diplomatique d'Obama. La Chine préserve les oreilles des mollahs iraniens qui constituent pour elle un fournisseur énergétique de premier rang. La Chine sacralise le régime nord-coréen pour une raison simple : elle craint par dessus tout l'arrivée de Marines US en cas de chute du régime de Kim Jong Il. Bref, dans les deux cas, Pékin aime à jouer les médiateurs mais rechigne à apparaître, si peu que ce soit, comme un allié de ces Etats-Unis dont elle continue à brocarder les prétentions hégémoniques.

En fin de compte, ce qui surprend dans ce bilan médiocre de la visite américaine, c'est l'aspect improvisé  du voyage : comment a-t-il été préparé ? Si le cabinet de la Maison Blanche savait que toutes les demandes américaines seraient rejetées, pourquoi maintenir ce voyage ? Pourquoi subir l'image d'un Président affaibli que tout le monde envoie paître, la Chine certes, mais aussi l'Iran, la Corée du Nord et Israël, qui vient de passer outre aux recommandations américaines en implantant de nouvelles colonies à Jérusalem-Est ?


Obama prisonnier de sa dette chinoise

“Business as usual”. Les Américains sont très forts pour faire leur cette maxime détestable mais ô combien pratiquée en ces temps de libéralisme effréné.

La visite d’Obama en Asie et son incapacité à faire avancer les chinois sur divers dossiers, notamment le dossier nucléaire nord-coréen, ont démontré la nouvelle donne stratégique en Asie : les Etats-Unis sont affaiblis.

Cet article est un post de mon blog Secrets d’Etat

Les dettes de Wall Street aux mains du PC chinois

Notre prix Nobel de la Paix aurait bien aimé s’affranchir de son devoir de réalisme lors de son passage en Chine et prêcher ses bons préceptes universalistes, mais les faits sont têtus.

Les Etats-Unis ont les pieds et poings liés par la dette publique. Et leur principal bailleur n’est autre que l’empire du milieu. Ironique n’est-ce pas de savoir que le système capitaliste mondial et tous ses excès est financé par la gérontocratie crypto-marxiste de Beijing.

Mais au-delà du clin d’oeil, Obama et les Etats-Unis en général, toute superpuissance qu’ils sont sont bien embarrassés quand il s’agit de faire des leçons de morale à la Chine en matière de démocratie ou de droits de l’homme.

Impuissance américaine face aux provocations nord-coréennes

Encore que… les américains savent s’accommoder avec les principes quand leurs intérêts sont en jeu ! Non, la question la plus problématique pour Obama c’est que la Chine est un acteur incontournable de la crise nord-coréenne, à la fois élément modérateur et perturbateur selon ses intérêts stratégiques.

Le gouvernement chinois se sert depuis des années (en réalité depuis que le régime pourri de Pyongyang a besoin des subsides chinois pour nourrir sa population.

Le petit jeu du chat et de la souris nucléaire auquel se livre la Corée du Nord est en permanence alimenté et dirigé en sous-main par des chinois satisfaits d’asseoir leur domination régionale.

De la difficulté de négocier avec ses créanciers…

Et la dette dans tout ça ? Ben, il est difficile de faire pression sur un gouvernement d’un pays qui détient plus de 30% de votre dette extérieure et auquel vous versez chaque année 50 milliards de dollars d’intérêts.

Obama est donc parti faire de la figuration à Pékin (chose qu’il fait très bien d’ailleurs).

L’expression de Mao est plus vraie que jamais : les Etats-Unis sont un tigre de papier en Asie et ne font plus peur à personne…

Agoravox

Publié dans Chine & Asie

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