Présidentielle: Pourquoi les français vont-ils se tirer une balle dans le pied?

Publié le par Charlotte sceptix

Nous venons de passer le cap des 100 jours qui nous séparent de l'élection présidentielle la plus importante de l'histoire de la Vème République. En effet la crise actuelle est du même acabit que celle de 1929 dont les conséquences sociales avaient été dramatiques. Le peuple français détient une occasion unique d'influer sur sa destinée pour s'éviter un destin comparable. Contrairement à d'autres démocraties, certainement moins mûres, l'offre de candidats est vaste et permet d'opter pour une véritable alternative. Et pourtant il est probable que le choix de la continuité prévaudra ce qui revient à se tirer une balle dans le pied. Analyse des raisons qui vont pousser les français vers cette direction.

Tout d'abord, il est certain que la majorité des français n'accordera en réalité qu'un temps limité à l'accomplissement de son choix. Les raisons sont multiples: manque de temps lié à la combinaison de la vie professionnelle et de la vie privée, envie de se détendre après des journées de travail de plus en plus stressantes, désintérêt pour le débat politique en raison d'un fatalisme quant à la capacité des urnes à « changer la vie ».

Ces raisons vont conduire la majorité de nos concitoyens à privilégier les sources d'information les plus accessibles: presse régionale, journaux gratuits, émissions de télévision ou sites internet. Passons sur la presse gratuite qui se contente de dépêches AFP ou d'articles sans intérêt pour nous concentrer sur  la presse régionale. Par rapport à la presse gratuite, cette dernière ajoute quelques chroniques rédigées par des journalistes locaux. Malheureusement ce maigre espace de liberté ne sert, la plupart du temps, qu'à resservir la soupe néo-libérale par mimétisme vis-à-vis de la presse nationale et par snobisme  puisque penser comme les grands quotidiens nationaux offre une crédibilité au niveau local et l'illusion d'appartenir à la caste de l'élite journalistique.

Regardons maintenant du côté de la télévision. Quelles émissions les français vont-ils privilégier pour effectuer leur choix? La grande messe du 20 heures occupera une place de choix. Les analyses restent la plupart du temps superficielles et ne visent qu'à accentuer la peur et la culpabilité. Ainsi on ne compte plus les reportages destinés à faire prendre conscience aux français de l'importance de la dette de notre pays comme celui qui indiquait que cette dernière avait la dimension de l'arc de triomphe en billets de 100 euros. Pas de comparatif avec le PIB français ou d'explications sur les causes réelles. Non, du sensationnel. Le but est que le téléspectateur effectue une comparaison avec ses revenus pour créer de la peur et de la culpabilité. Il sera ensuite plus facile de faire « comprendre » aux français qu'il faut se serrer la ceinture, que la France n'a plus le choix et qu'il faut réformer le marché du travail et le système de santé. Personne n'expliquera dans ces grands médias, le basculement idéologique du milieu des années 70 et l'instauration du néo-libéralisme qui impose sa doctrine implacable en faveur d'une caste de privilégiés et au détriment de la majorité de la population. Personne ne dira que les sacrifices infligés au peuple ont vocation à servir les intérêts de cette caste et qu'un endettement fort des Etats en facilite l'obtention. Le recours à la « neutralité scientifique » des experts permet d'enfoncer le clou et de parachever la démonstration des reportages. Un politique est systématiquement affilié à un parti, alors qu'un expert est neutre. Une question perdure. Pourquoi ces experts sont-ils tous des néo-libéraux? Néo-libéralisme est-il synonyme de neutralité comme si, en poursuivant la comparaison avec la politique,  l'UMP était synonyme de neutralité. Le fait de ne pas préciser l'orientation économique des experts biaise le débat et le fait de n'inviter que des experts néo-libéraux supprime l'alternative. Les médias sont clairement responsables du désintérêt des citoyens pour la politique en masquant les alternatives existantes et en transformant l'économie en une science exacte alors qu'elle reste une science humaine.

 Les émissions de politique souffrent des mêmes maux que le 20 heures. Sans revenir sur le cas de « C dans l'air » elles restent rares et bénéficient rarement d'un créneau horaire offrant la meilleure exposition médiatique. L'exception en la matière est  l'émission « Des paroles et des actes». Malheureusement elle présente de graves défauts. Ainsi depuis la création de l'émission, cette dernière s'est centrée à 5 reprises sur des personnes appartenant au PS ou à l'UMP  et à une reprise sur François Bayrou, Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. En plus de cette domination des principaux partis, on retrouve l'hégémonie de la pensée unique au niveau des experts: Nathalie Saint-Cricq,  Fabien Namias, Laurent Joffrin, François Lenglet, Franz-Olivier Giesbert. De cette manière l'illusion de la diversité politique est maintenue tout en expliquant aux français quel est le choix raisonnable qu'ils doivent effectuer.

Subsiste Internet, le média le plus alternatif et permettant de trouver des idées hétérodoxes. Las, les français vont se diriger majoritairement vers les « marques » qu'ils connaissent c'est à dire dans le meilleur des cas les sites des principaux journaux nationaux.

A partir de ce moment là, quel peut-être le choix des français? Des candidats alternatifs proposant des idées innovantes comme Chevènement, Dupont-Aignan ou Mélenchon sont écartés d'un revers de main par des arguments superficiels tels que trop vieux, inconnu ou populiste. En définitive les français limitent leurs choix à Hollande, Sarkozy voire Bayrou et Le Pen. Les trois premiers représentent la continuité d'un système économique à bout de souffle où les plans d'austérité se succéderont jusqu'à l'effondrement complet de l'économie. Le seul vote de contestation ou alternatif se résumerait donc à Marine Le Pen ce qui est triste et dangereux, puisqu'on ignore ce qui se cache derrière son programme économique de gauche. Historiquement les partis d'extrême droite ont favorisé le pouvoir de l'argent lorsqu'ils sont parvenus au pouvoir. Pourquoi en serait-il autrement cette fois-ci?

Alors pourquoi les français qui ressentent parfaitement les ravages de la libéralisation à outrance de nos économies ne prennent pas leurs responsabilités comme ils avaient si bien su le faire lors du référendum sur le traité constitutionnel européen? Comment peuvent-ils supporter de voir le pays se désindustrialiser? Le chômage augmenter? Les inégalités se creuser? La pauvreté s'accroître?  Le système de santé se déliter?

La réponse tient tout d'abord à un effritement de la société où l'individualisme a pris le pas sur le système corporatiste. Ainsi les français ne raisonnent plus en tant que classe qui serait exploitée par une autre mais en tant qu'individu. Dans un tel système de pensée, il importe par dessus tout de sauver SA place et le meilleur moyen est de ne pas faire de vagues en servant le système.

Un tel système place les individus en concurrence. Ce phénomène est accentué par le fort taux de chômage qui permet d'obtenir plus facilement des sacrifices de la part des salariés. Le chantage à la délocalisation fonctionne de la même manière. La baisse du taux de syndicalisation de notre pays peut s'expliquer de cette façon. Le néo-libéralisme peut s'imposer alors plus facilement.

Mais alors pourquoi les français victimes d'une dégradation de leurs conditions de travail qui se concrétise notamment par une augmentation du stress ne recherchent pas des solutions sur le plan politique. Nous en revenons au problème des médias et nous bouclons la boucle d'un cercle vicieux qui offre pour le moment une victoire sans appel au néo-libéralisme. Ce dernier est parvenu en trois décennies à supprimer les principales sources de résistance à son expansion qui étaient les syndicats et les politiques c'est à dire l'expression de la volonté des citoyens. Force est de constater que pour le moment les néo-libéraux ont remporté de nombreuses batailles. Pour la guerre une course contre-la-montre s'est engagée avec le peuple pour la neutralisation de la démocratie. Ils sont en avance. Peuple te lèveras-tu?

Source : http://lespoir.jimdo.com/2012/01/21/pr%C3%A9sidentielle-pourquoi-les-fran%C3%A7ais-vont-ils-se-tirer-une-balle-dans-le-pied/

 

 

Theux

Publié dans SOCIETE

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P
<br /> ah, je n'avais pas vu que tu l'avais mis toi aussi.... bon, c'est bon de relayer un maximum ce type de site.... Bisous<br />
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C
<br /> <br /> Les grands esprits se rencontrent ma bichette J'ai vu le lien dans un com du "parisien", je crois. Super les analyses<br /> <br /> <br /> <br />
R
<br /> 120 militaires français faits prisonniers en Syrie !<br /> <br /> <br /> http://www.alterinfo.net/notes/Syrie-120-militaires-francais-arretes_b3889682.html<br />
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