Procès Colonna : "J'ai répété les noms que les policiers ont cité"
23/05/11 à 14:29
L'épouse de Pierre Alessandri, condamné à perpétuité, affirme une nouvelle fois avoir mis en cause Yvan Colonna en raison de pressions policières. Par Anne-Sophie Hojlo.

Ouvrant une semaine décisive pour le procès Colonna, jugé une troisième fois pour le meurtre du préfet Erignac, les trois heures d'audition de Michèle Alessandri ont laissé une impression mitigée, lundi 23 mai. L'épouse de Pierre Alessandri, condamné à perpétuité pour ce meurtre, a affirmé une nouvelle fois à la cour avoir mis en cause Yvan Colonna en raison de pressions policières pendant sa garde à vue. Mais elle a été bien en peine d'expliquer pourquoi elle n'était pas revenue sur ses déclarations pendant cinq ans.
"J'ai répété les noms pour avoir la paix"
Mise en garde à vue en mai 1999, en même temps que plusieurs membres du commando et leurs épouses, Michèle Alessandri déclare avoir vu Yvan Colonna en compagnie de son mari peu avant le meurtre, le 6 février 1998, ainsi que le lendemain matin.
"J'étais déstabilisée, je voulais sortir", a-t-elle avancé, détaillant les conditions difficiles de son audition, au cours de laquelle elle dit avoir entendu "des bruits de coups et de claques". Pourquoi avoir mis en cause Yvan Colonna ? l'interroge le président de la cour d'assises spéciale, Hervé Stéphan. "Quand les policiers m'ont cité des noms, je les ai répété, pour avoir la paix."
"Je ressens une culpabilité morale"
Ce n'est qu'en 2004, devant la juge d'instruction Laurence Le Vert, qu'elle revient sur ces déclarations. Pourquoi avoir tant tardé ? "Je ne sais pas, une fois rentrée chez moi, je n'y ai plus réfléchi, plus du tout. Je pensais à élever mes enfants, et pas au reste. Aujourd'hui, je ressens une culpabilité morale et je vis avec."
Les débats se poursuivent cet après-midi avec l'audition entre autres du commandant Lebbos, le policier aux méthodes très controversées qui a recueilli la plupart des déclarations du commando et des épouses mettant en cause Yvan Colonna lors de leur garde à vue.
Anne-Sophie Hojlo – Le Nouvel Observateur