Propagande : quand Amnesty invente le chantage à la transfusion
Un manifestant blessé en mars à Deraa : apparemment le personnel hospitalier n'avait pas encore renoncé à soigner les opposants !
C’est le buzz antisyrien du moment : le régime traque les opposants jusque sur les lits d’hôpitaux. Pour une fois, ce n’est pas l’OSDH de Rami Abdel Rahmane qui lance le mot d’ordre mais la vénérable Amnesty International : « Dans bien des cas le personnel hospitalier aurait infligé des actes de torture et des mauvais traitements aux personnes même dont ils sont censés s’occuper » expliquait lundi 24 octobre Cilina Nasser, une « chercheuse » à Amnesty International, qui a ainsi pondu un rapport de 39 pages.
On notera quand même le prudent conditionnel. Et on remarquera cette incrimination, à côté des traditionnels ‘services de sécurité » syriens, des personnels hospitaliers, apparemment tous membres – la nuit ? – des moukhabarats ou du parti Baas. Dans son rapport, Cilina Nasser cite notamment un « témoignage » d’un médecin de l’hôpital militaire de Homs qui prétend avoir vu quatre collègues et « plus de 20 infirmières » (!!!) infliger des violences à des patients. Il est vrai qu’il existe dans l’imaginaire occidental une « riche » tradition à ce propos, incarnée par les « médecins maudits » nazis genre Mengele ou Ilse Koch la « chienne de Buchenwald ». Bref, la propagande continue, explorant à chaque fois un registre différent, quitte à recycler de vieilles ficelles.
Notre « chercheuse » va jusqu’à déplorer le contrôle qu’a le pouvoir, et particulièrement le ministère de la Défense, sur la banque centrale syrienne du sang : en effet, toute demande de transfusion doit être impérativement transmise par le personnel soignant aux bureaucrates du ministère, qui n’ont ainsi pas de difficultés à localiser les opposants blessés dans l’exercice de leur courageux combat pour la démocratie.
Il ne s’agit pas d’accidentés de la route
D’abord, rappelons une donnée « de base » : nombre d’opposants, et c’est plus particulièrement vrai depuis ces dernières semaines, sont des activistes armés : il ne se passe guère de jour sans que des unités de la police et de l’armée, des bâtiments publics soient l’objet d’attaques. Des soldats et des policiers tombent, quasi-quotidiennement, dans ces échanges de tirs, mais aussi des activistes. Ceux d’entre eux qui sont blessés dans ces accrochages et « récupérés » par leurs camarades peuvent en effet être acheminés vers des hôpitaux. Il est très douteux, dans ces conditions, qu’ils échappent à la vigilance des forces de police, qui n’ont à vrai dire pas besoin de l’amicale collaboration des infirmiers et médecins pour les repérer et les identifier.
Ensuite, leur statut – officiel et effectif – de dissidents armés – de « terroristes » pour le pouvoir – fait évidemment de ces « opposants » des blessés à part, passibles de la répression d’Etat. Et qu’on ne dise pas là qu’il s’agit d’un trait caractéristique de la « dictature bachariste » : en France, le pouvoir et sa police iraient eux aussi chercher sur son lit d’hôpital une personne considérée comme terroriste ou dangereuse, à partir du moment où elle est fortement soupçonnée de recourir à la violence et d’avoir du sang sur les mains.
On constate que ce n’est pas la première « incursion » de la propagande oppositionnelle en milieu hospitalier : début août, les opposants Facebook avaient fait circuler d’horribles photos de cadavres de bébés entassés sur un lit, et présentés, en arabe, en anglais et en français comme des victimes de la soldatesque syrienne, qui aurait désactivé leurs couveuses en coupant l’électricité à l’hôpital de Hama. En fait, ces photos provenaient d’un hôpital d’Alexandrie en Egypte (voir notre article « Mensonge et manipulations (suite)« , mis en ligne le 7 août). Ce faisant, les cyber-opposants recyclaient le fameux bobard des bébés koweitiens « débranchés » par les troupes de Saddam Hussein, qui avait alimenté la propagande anti-irakienne de la Maison Blanche en 1990/91.
Revenons à 2011 et à la Syrie. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’Amnesty International va vite en besogne. Et puis soyons clair, à l’origine des informations au conditionnel de la « chercheuse » Cilina Nasser, il y a très certainement les gens des « comités locaux de coordination » qui, à défaut de Kalashnikov, disposent de portables pour diffuser leurs mensonges ou leurs exagérations. Alors répétons-le :
1) il n’y a pas de preuves, et fort peu de probabilité, que les infirmiers et médecins syriens jouent les tortionnaires et les indicateurs de police et…
2) il n’y a rien d’étonnant, vu le contexte prévalant actuellement en Syrie, à ce que des opposants blessés soient l’objet de l’attention des forces de police.
Et maintenant, amis lecteurs, rendez-vous au prochain bobard.
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