Relier les points : un anniversaire fracassant pour les Signes de notre Temps (partie 2)

Publié le par sceptix

En direct depuis les zélateurs chrétiens...

Nous avons eu droit à un drôle d'aperçu sur les coulisses du pouvoir - un rapide coup d'oeil qui a révélé une situation pire que celle que nous imaginions. Certaines informations pourront apparaître comme secondaires dans le vaste monde de la corruption, mais nous aimerions souligner certaines de leurs implications.

Les sénateurs républicains Tom Coburn et John Ensign, le gouverneur de la Caroline du Sud Mark Sanford et l'ex-député républicain Chip Pickering se sont retrouvés au coeur d'une affaire de moeurs. Le fait que des politiciens soient impliqués dans des relations extraconjugales ne devrait pas surprendre ceux qui suivent les actualités et comprennent que les élites ne se sentent guère liés par les règles morales. SOTT.net rapporte fréquemment des crimes bien plus graves perpétrés par nos «chères élites» - guerres fondées sur des mensonges, attaques terroristes faux drapeau, élections volées, crise économique délibérée ou empoisonnement généralisé des aliments, pour n'en citer que quelques uns - alors pourquoi accorder autant d'attention à quelques relations extraconjugales?

Ces affaires méritent une attention particulière car elles sont liées à la « CStreet House» [bâtiment occupé par des politiciens, essentiellement républicains - NdT] de Washington dirigée par un mouvement évangéliste secret connu sous le nom de «The Family» (La Famille) - qui, du reste, aime à se décrire comme une «mafia chrétienne». Sept membres du Congrès vivent dans ce bâtiment, dont les loyers sont sensiblement inférieurs aux prix du marché, car celui-ci est considéré comme une église, ce qui en fait un paradis fiscal pour cette organisation. Ses membres n'y font pas que des prières. Les autres locataires étaient au courant de la relation adultère secrète qu'entretenait Elsing et ils ont soutenu ses efforts visant à acheter - à coup de millions de dollars - le silence de sa maîtresse et de la famille de cette dernière alors que l'issue de l'affaire demeurait incertaine.

 

Jeff Sharlet, qui est l'auteur d'un ouvrage sur ce sujet, explique:

Toutefois, si la Famille offrait uniquement la promiscuité sexuelle aux locataires de la C Street, il s'agirait simplement d'une affaire miteuse et cupide. Mais les membres de la Famille ne sont pas seulement hypocrites. Ils sont adeptes d'une religion politique qui promeut l'élitisme, dédaigne la démocratie et court après le pouvoir afin que ses membres soient dans les meilleures conditions pour construire le Royaume. Ils prétendent œuvrer pour Jésus, mais leur Christ est assoiffé de pouvoir, un sauveur en accointances avec les élites que peu de pratiquants reconnaîtraient. Hormis ces peccadilles relevant de la brigade des mœurs, la Famille constitue aujourd'hui le plus puissant lobby étasunien non répertorié - il est affranchi du contrôle que connaissent les autres organisations influentes comme le lobby pharmaceutique ou le lobby des assurances qui font pression sur les politiques publiques.

Si vous trouvez cela choquant, penchez-vous sur l'opinion de David Coe, fils du dirigeant de la Famille à propos des normes et de la morale:

En essayant d'expliquer ce que signifie être désigné leader comme le fut le roi David - ou Mark Sanford [gouverneur républicain de l'État américain de la Caroline du Sud - NdT] selon ses propres estimations, Marc Coe a demandé à un jeune homme qui se serait soumis, corps et âme, à l'autorité de la Famille: «Disons que j'apprends que vous avez violé trois fillettes. Que penserais-je de vous?» Le jeune homme estime que Coe penserait probablement que c'est un monstre. «Non» répondit Coe, «je ne le penserais pas.» Pourquoi? Parce qu'en tant que membre de la Famille, il fait partie de ceux que les dirigeants de la Famille appellent les «nouveaux élus». Si vous faites partie des élus, les anciennes règles ne vous concernent pas.

Nous préférons qualifier ces individus d'un terme plus adéquat: psychopathes. Voici maintenant la position de Doug Coe concernant la loyauté:

Au cours d'un prêche sur le sens des mots prononcés par Jésus, il a déclaré: «Savez-vous que Jésus a dit ‘qu'il fallait Le placer avant mère, père, frères et sœurs?' C'est ce qu'Hitler, Lénine, Mao ont appris aux enfants. Mao a même poussé les enfants à tuer leurs propres parents. Mais ce n'était pas un meurtre. C'était pour construire une nouvelle nation. Le nouveau Royaume.»

Le pouvoir de la Famille ne se limite pas à la politique étasunienne. Elle a soutenu nombre de dictateurs à travers le monde. Par exemple:

Séduits par l'anticommunisme militant du dictateur indonésien Suharto, ils ont décrit le meurtre de centaines de milliers de partisans qui l'ont amenè au pouvoir comme une «révolution spirituelle», et ils ont envoyè des délégations de membres du Congrès et de dirigeants du secteur pétrolier pour prier Jésus avec le dictateur musulman. En Afrique, ils ont proclamé le tueur somalien Siad Barre ‘Homme de Dieu' et lui ont envoyé le sénateur Grassley et un dirigeant du secteur de la défense en tant qu'émissaires. Barre se décrivait comme un «marxiste coranique,» mais il a accepté de prier le Christ étasunien de Grassley en échange de l'aide militaire étasunienne, qu'il utilisa pour répandre une terreur biblique sur sa nation. La Somalie ne s'en est toujours pas relevée. Plus récemment, la Famille a financé les voyages de chrétiens du Congrès vers des bastions de la démocratie comme la Serbie, le Soudan, la Biélorussie, l'Albanie, la Macédoine et le Pakistan de Musharraf.

Peut-être devrions- nous réévaluer ce que nous croyons savoir sur ceux qui dirigent vraiment notre monde?

Zack Wamp, député et résident de C Street, a reconnu au cours d'une interview qu'il avait convenu avec les autres locataires qu'ils ne parleraient pas des arrangements relatifs à leur vie privée et il a ajouté qu'il comptait respecter ce pacte. Il a avancé qu'aucun membre n'aurait rejoint ce bâtiment s'il n'était assuré que les autres locataires tiennent leur langue. Mais on voit bien que cette confidentialité sert plus l'organisation que ses membres, s'ils sont tous au courant des liaisons extraconjugales ou de tout autres squelettes dans le placard des autres locataires, il devient alors aisé de les faire chanter, de les discipliner et de les punir. Ce constat soulève évidemment la question suivante: pourquoi les petites affaires d'Ensign et des autres - y compris l'organisation - ont-elles été révélées?

Les fondamentalistes chrétiens avec leurs entrées auprès du gouvernement - et donc des autorités militaires - représentent une menace pour nous tous, mais ils sont avant tout dangereux pour ceux qui ne partagent pas leurs croyances et n'ont aucune intention de se convertir. Peut-ête que les sionistes avec leur lobby israélien et leurs alliés néo conservateurs s'inquiètent de cette situation et se sont déjà lancés dans une bataille en coulisse. Si vous considérez que les fondamentalistes chrétiens se sont rangés derrière McCain et Palin alors que les fondamentalistes sionistes ont soutenu Obama, il se peut donc que les dernières élections présidentielles étasuniennes nous aient offert un aperçu de ce conflit. Cela pourrait aussi expliquer pourquoi les révélations à propos de C Street furent rapidement suivies par un scandale dans le New Jersey à l'occasion duquel 5 rabbins ont été arrêtés pour trafic d'organes et blanchiment de millions de dollars. Œil pour œil?

Le propriétaire de la maison de C Street est Jeunesse en Mission [Youth With a Mission (YWAM)], qui est l'une des plus grandes organisations para-religieuses de chrétiens fondamentalistes au monde. Son fondateur, Loren Cunningham, a publiquement exposé sa vision d'un monde contrôlé par les chrétiens dans une vidéo promotionelle intitulée "reconquérir les 7 montagnes de la culture" [Reclaiming 7 Mountains of Culture].

 



Il s'agit d'un plan simple visant à contrôler notre société : placer des membres de la secte aux plus haut échelons. Il se trouve que parmi ses légions de prêcheurs de la doctrine des "7 montagnes" on retrouve Thomas Muthee, le pasteur de Sarah Palin - bien qu'il y fasse simplement allusion sous le terme des " 7 secteurs de la société". Vous vous souviendrez peut-être de lui en regardant cette vidéo populaire diffusée sur You Tube où il imposait les mains sur Palin et demandait au Seigneur de la porter jusqu'au pouvoir et de la protéger de la sorcellerie. Du reste, Palin a récemment fait la une des journaux en démissionnant de son poste de gouverneur de l'Alaska. Prépare-t-elle un coup politique, et esquivait-elle à titre préventif les répercussions du scandale qui a touché les fondamentalistes ?

En route vers le nouvel ordre mondial

Toute cette discussion sur la mafia chrétienne serait incomplète si l'on ne mentionnait pas le Pape qui se comporte comme «l'antéchrist». Que pourrions-nous attendre d'autre de sa part que de pousser à l'établissement d'un nouvel ordre mondial?

Le pape Benoît XVI a appelé mardi à repenser en profondeur l'économie mondiale, critiquant une fracture grandissante entre les riches et les pauvres et recommandant avec insistance l'établissement d'une «autorité politique mondiale» afin de superviser l'économie et le monde du travail pour le «bien collectif».

Benoît XVI a également appelé à une réforme des Nations Unies afin qu'émerge un «organe politique mondial» qui permette aux pays les moins puissants d'être entendus et il a demandé que les nations les plus riches aident les plus pauvres.

Son commentaire cadre bien avec la photo ci-dessous où Medvedev montre la future devise internationale qui, dit-il, lui a été donné pendant le sommet du G8 en Italie. En échange de quoi? On se le demande.

 

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© RIA Novosti

«Nous discutons de l'utilisation d'autres devises nationales, y compris le rouble, en tant que devise de réserve, et en tant que monnaie supranationale» a déclaré le dirigeant russe au cours d'une conférence de presse après le sommet du G8.

Medvedev a montré aux journalistes un exemple de pièce de monnaie supranationale, qu'il a appelée «future monnaie du monde uni».

Cela ne veut pas dire que les évangélistes, les catholiques ou les dirigeants politiques sont au sommet de la pyramide du pouvoir. Voici un rappel rapide du pouvoir du secteur privé de la finance internationale et de son rôle visant à mener le peuple vers Le Meilleur Des Mondes.

Voyage à l'intérieur de la grande machine américaine à fabriquer des bulles: comment Goldman Sachs a orchestré chacune des manipulations majeures du marché depuis la grande dépression.

 

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© Victor Juhasz

Tout cet argent que vous perdez va quelque part, et autant littéralement que figurativement, Goldman Sachs est sa destination: la banque est une grosse machine hautement sophistiquée destinée à transformer la richesse utile et concrète d'une société en la substance la plus inutile sur Terre - le pur profit des plus riches.

Ils arrivent à leurs fins en utilisant encore et encore la même stratégie. La formule est relativement simple: Goldman se positionne au cœur d'une bulle spéculative, vendant des supports d'investissement qu'il savent être désastreux. Puis ils ponctionnent de vastes sommes au sein des classes moyennes et défavorisées grâce à l'aide d'un État paralysé et corrompu qui accepte de réécrire les règles en échange de soutiens financiers clientélistes. Au final, lorsque tout le système s'écroule, laissant des millions de citoyens ordinaires dans la misère et la faim, il recommencent tout ce processus depuis le début, venant à notre secours en nous prêtant contre intérêt notre propre argent, se faisant passer pour des personnes au-dessus de la cupidité, juste un groupe d'individus intelligents qui met de l'huile dans les rouages. Ils ont ressortit ce tour de passe-passe encore et encore depuis les années 20 - et ils se préparent actuellement à nous le jouer une nouvelle fois, générant ce qui pourrait être la plus importante et la plus audacieuse bulle de l'Histoire.

Attachez vos ceintures.

 

La contre révolution ne sera pas télévisée

...pas sur les chaînes câblées en tout cas. Mais c'est la raison pour laquelle vous, cher lecteur, suivez les informations sur SOTT.net:

 



Fin juin un nouveau coup d'État a eu lieu en Amérique Latine. Malgré un couverture médiatique limitée, les médias "alternatifs" étasuniens ont démontré une faculté spectaculaire à échafauder des raisonnements erronés contenant des contradictions flagrantes en décrivant ce coup d'État comme le premier d'Obama, reconnaissant ainsi tacitement que le régime étasunien a renversé secrétement des gouvernements élus démocratiquement qui ne servent plus "l'intérêt national" étasunien et qui renforce en parallèle le fantasme selon lequel la tentative de "révolution douce" en Iran relèverait uniquement de sa politique intérieure.

Présentant des similitudes saisissantes avec la tentative de coup d'État au Vénézuela contre Hugo Chavez en 2002, une opération militaire bien planifiée a été exécutée en une seule journée, avec le président Manuel Zelaya arrêté et déporté hors de son pays sous la menace des armes. Dans les heures qui suivaient, Roberto Micheletti, un ex-allié de Zelaya était proclamé leader d'un "gouvernement intérimaire". Les médias qui n'ont pas présenté ce coup d'État sous un jour favorable ont été paralysés et les journalistes molestés. La plupart des Honduriens, en particulier les pauvres et les travailleurs, considérent Zelaya - ou "Mel" comme ils le surnomment avec affection - comme le dirigeant le moins pire. Bien qu'il fasse partie des quelques privilégiés qu'abrite le Honduras, depuis son élection y a 4 ans, Zelaya a progressivement fait glisser sa politique vers la gauche, concluant d'étroits partenariats avec les autres dirigeants sud-américains visant à améliorer la qualité de vie de leurs concitoyens.

 

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© Orlando Sierra/Agence France-Presse - Getty Images

Un partisan de Manuel Zelaya haranguant la foule dans la ville de Tegucigalpa au Honduras. La manifestation a dégénéré lorsque des tireurs d'élite ont commencé à tirer dans la tête de manifestants.

Zelaya devait terminer son mandat de 4 ans en fin d'année. D'après la constitution hondurienne, le mandat présidentiel n'est pas renouvelable, mais Zelaya espérait organiser un référendum afin de modifier la constitution pour que celle-ci permette à celui qui était au pouvoir de se présenter une deuxième fois aux élections présidentielles. Faisant face à une forte opposition au sein de ses propres rangs, il a changé l'objet du référendum en un sondage populaire sans implication afin d'évaluer l'avis du peuple sur l'extension de le durée du mandat présidentiel. L'establishment des conservateurs honduriens a fortement hésité à l'idée d'une prolongation du mandat présidentiel de Zelaya comme l'avait fait Chavez au Vénézuela (via une série de succès électoraux) et a manoeuvré afin de prévenir un tel changement. Le coup d'État a eu lieu le jour des élections, ainsi au lieu d'attendre que le peuple se prononce, Michelletti a justifié ce coup d'État en déclarant simplement que les Honduriens refusaient le «chavisme». Cela suggère que l'establishment hondurien est douloureusement conscient que les Honduriens savent que leur qualité de vie s'est améliorée grâce au programme de Zelaya visant à redistribuer les richesses et qu'en fait ils soutiennent bien le «chavisme».

Comment les Honduriens réagissent-ils donc à la déclaration de leur nouveau dirigeant selon laquelle il veut seulement les sauver du «chavisme»? Medea Benjamin a découvert que les Honduriens envahissent les rues pour demander le retour de Zelaya:

Je lui ai demandé pourquoi elle soutenait Manuel Zelaya ou «Mel» comme l'appellent ses partisans. «Le gouvernement affirme qu'il a commis 18 crimes», dit-elle. «Savez-vous quels sont ses crimes?» Elle sort son téléphone portable et se met à lire une liste: Il a augmenté le salaire minimum, il a imposé la gratuité des déjeuners dans les cantines scolaires, il a fourni du lait pour les nouveaux-nés et des pensions pour les personnes âgées, il a distribué des ampoules à faible consommation, il a réduit le prix des transports publics, il a débloqué plus de bourses aux étudiants.» Tout à coup une foule de gens s'est agglutinée autour de nous et ils se sont joint à la conversation. «Il a réparé les routes», dit l'un. «Il a implanté des écoles dans les zones rurales isolées, comme mon petit village, qui n'en avait jamais eues», ajoute un autre. «Il accepte toutes les visites dans le palais présidentiel, il a transformé cette résidence réservée aux élites en une maison du peuple», enchérit un autre.

«Vous voyez?» sourit Alejandra. «Il est même coupable de plus de 18 crimes. C'est pourquoi les classes privilégiées ne le supportent pas et c'est pourquoi nous voulons son retour. C'est vraiment la lutte des classes.

«Un jeune garçon a reçu une balle en pleine tête, son cerveau coulait. Il est mort sur le coup...»

«Pouvez-vous le croire?» demande la leader indigène Berta Caceres, les yeux remplis de larmes. «Désormais ils tuent notre peuple.» Où s'arrêteront-ils? Il faut que la communauté internationale intervienne et arrête ces fous qui ont volé notre pays.

Étant donné son terrible passé en terme d'interférences dans les affaires de l'Amérique Latine, tous les regards se sont naturellement tournés vers les États-Unis, ce bastion régional de la «démoncratie». Avec Obama, président démocrate porteur de tous les changements, à la Maison Blanche, les États-Unis pourraient être amenés à s'occuper des acteurs incriminés et rétablir la légitimité de la jeune république constitutionnelle du Honduras ? La ligne officielle du gouvernement étasunien est qu'il a essayé (sans succès) de dissuader les militaires honduriens de mener ce coup d'État. Comme souligné par Barry Grey et Rafael Azul: «cela signifie que les États-Unis reconnaissent implicitement qu'ils étaient au courant de ce projet de coup d'État.»

Chavez a, légitimement, déclaré que ce coup d'État constituait une menace directe à l'encontre de son régime. Il a accusé les États-Unis de complicité, avançant l'implication de Otto Reich, agent anti-castriste de longue date et favori des exilés anti-castristes ayant rejoint Miami. Reich a joué un rôle clef en tant que représentant du département d'État du gouvernement Reagan pendant le complot de l'Irangate, où Reagan autorisa le financement secret des Contras anti-sandinistes, en violation de l'amendement Boland qui avait été voté par le Congrès afin d'interdire l'aide étasunienne aux escadrons de la mort des Contras.

Reich est actuellement membre du Conseil d'Administration de l'Institut de l'hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération (Western Hemisphere Institute for Security Cooperation), plus connu sous le nom d'École militaire des Amériques.

L'administration Obama a toutefois appris quelque chose de l'échec cinglant que fut le coup d'État raté contre Chavez il y a sept ans. Elle tente de cacher ses véritables objectifs derrière une opposition de façade contre le coup d'État hondurien et une position officielle soutenant des élections démocratiques.

 

 

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© Inconnu

Les hommes du peuple : Raul Castro, Mel Zelaya et Chavez.

Cependant Chavez comprend que le président des États-Unis n'est pas toujours informé des opérations clandestines menées par ses services secrets. En fait, d'après le témoignage méticuleux de L. Fletcher Prouty, il est généralement le dernier à être informé. Chavez a demandé publiquement à Obama de condamner plus durement le coup d'État, ajoutant qu'il espérait une "prise de conscience" des troupes honduriennes. Zelaya pourrait ne pas avoir cette chance. Chavez était lui-même militaire et il a retrouvé le pouvoir seulement après que les Vénézueliens lui aient à nouveau démontré leur loyauté lorsqu'ils ont appris que les médias contrôlés par des entreprises privées leur avaient menti. Si les instigateurs de ce coup d'État espèrent piéger Chavez dans un conflit plus large, il ne mord pas à l'hameçon. Alors que le statu quo entre dans son deuxième mois, ce sera le degré de résistance affiché par le seul peuple hondurien qui déterminera l'issue de cette affaire.

Exactement comme cela s'est produit à des périodes critiques pendant le coup d'État raté au Venezuela en 2002 et en Iran au début de cet été, des agents non identifiés se sont mis à tirer en pleine tête sur des innocents juste au bon moment, justifiant dans ces cas-là la répression militaire des dissidents et le harcèlement de manifestants pacifiques. C'est la même vieille méthode, testée et peaufinée. Le contraste évident qu'on trouve dans la manière dont les médias étasuniens présentent les coups d'État honduriens et iraniens trahit les véritables intentions du régime impérialiste, quoique l'équipe d'Obama puisse déclarer en public. Imaginez un instant qu'Ahmadinejad arrête Mousavi et l'expulse d'Iran. L'enchaînement rapproché de ces deux événements démontrent le rôle des médias en termes de subversion afin que le noir devienne blanc et qu'un coup d'État devienne un non coup d'État, comme l'explique Kevin Coleman:

C'est [...] le premier coup d'État perpétré par une classe supérieure unie.

Un coup d'État fondé sur la lutte des classes ne peut être ouvertement présenté comme tel, il doit au contraire s'articuler autour d'idéologies politiques existantes ce qui permet au groupe en quête du pouvoir de faire passer ses manœuvres pour ce qu'elles ne sont pas. Ainsi, tandis que les secteurs du commerce et de l'industrie, et les médias nationaux appelaient à la répression militaire afin d'établir le cadre politique permettant de diriger le pays selon les idéologies politiques et économiques traditionnelles qui ont laissé la majorité des Honduriens dans une extrême pauvreté, ils ont fait passer la subversion du système juridique et démocratique pour une défense de la démocratie.

Au cours des sept derniers mois, les médias ultra conservateurs et réactionnaires du Honduras ont servi de chambre d'écho à une élite qui a réussi à utiliser encore et encore une version recyclée de l'anti communisme de la Guerre froide afin de convaincre la plupart des Honduriens que Zelaya menait le pays vers ce que le quotidien La Prensa a qualifié de "système socialiste totalitaire."

Au Honduras, le renforcement du contrôle des médias suite au coup d'État n'a fait que renforcer la notion selon laquelle l'expulsion du président par les militaires «n'était pas un coup d'État.»

[...] au niveau géopolitique, les enjeux sont tout aussi importants. Si la droite hondurienne réussit son coup d'État, qui va empêcher la droite salvadorienne de se débarrasser de Mauricio Funes ? Et si la communauté internationale laisse les militaires renverser le dirigeant hondurien élu démocratiquement, pourquoi la droite nicaraguayenne hésiterait à se débarrasser de Daniel Ortega ?

En termes ponérologiques, «la classe supérieure unie» comprend les porteurs de différentes pathologies acquises ou innées qui, se sentant menacés par la manière de vivre des individus normaux, doit avoir périodiquement recours à une violence réactionnaire afin de maintenir leur statut privilégié et leur contrôle sur la majorité d'individus constituée de travailleurs normaux.

Là où il y a tromperie vous pouvez être sûr que le Mossad n'est pas bien loin. Un député vénézuélien a rapporté que: «l'ambassade d'Israël a été la scène d'intenses mouvements diplomatiques impliquant des membres importants de l'opposition y compris Micheletti» au cours des semaines qui ont précédé le coup d'État. Le Honduras constituerait-il une répétition générale pour les autres pays de la région ? La visite de 10 jours fin juillet du ministre des Affaires étrangères israélien Lieberman dans le continent n'est pas de bonne augure pour les gens de conscience vivant en Amérique Latine. Tandis que tous les pays en Amérique du Nord comme en Amérique du Sud dénoncent ce coup d'État, nous n'offrirons pas de récompense à celui qui devinera quel pays soutient publiquement le nouveau "président intérimaire" du Honduras.

 

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© Inconnu

Lieberman est arrivé dans la région pour mettre de l'huile sur le feu.

Le fait que Chavez perçoive le coup d'État secrètement soutenu par les États-Unis comme une menace à l'encontre de son régime est corroboré par d'autres événements qui ont eu lieu au cours du mois de juillet. L'empire étasunien a décidé d'accroître ses garnisons en Colombie, ce qui a poussé le Brésil et le Chili à émettre une mise en garde contre cette décision qui pourrait déstabiliser le continent. Chavez a été plus explicite en déclarant que ces bases démontraient que les «forces militaires yankees» s'apprêtaient à envahir son pays depuis la Colombie. Lieberman n'a pu s'empêcher de lancer une ultime insulte en accusant Chavez d'antisémitisme. Grâce au témoignage d'un ancien ministre nous savons désormais qu'il s'agit d'une stratégie diplomatique officielle utilisée par le gouvernement israélien afin de réduire les oppositions au silence. Lieberman a également répandu quelques inventions concernant des liens entre l'armée vénézuelienne et les combattants de la résistance palestinienne et libanaise. Cette déclaration est fausse, mais même si elle était vraie, ne serait-il pas naturel qu'ils s'allient dans la guerre contre le terrorisme israélien?

Déstabiliser la Chine

Tandis que les États-Unis fêtaient la mascarade annuelle connue sous le nom de Jour de l'« indépendance» ('Independence' Day), une crise couvait à Urumqi - la vieille ville de la Route de la soie - dans la province du Xinjiang à l'Ouest de la Chine. Avec une population majoritairement ouighour (peuple d'origine turque), cette province située au Nord-Ouest de la Chine est celle qui a le moins progressé au cours du rapide développement économique qu'a connu le pays. Un aspect de la stratégie du gouvernement chinois afin de combler le retard de ses territoires occidentaux arides par rapport à la côte Est relativement prospère consiste à encourager les Hans à quitter leurs villes surpeuplées et migrer vers l'ouest. Des tensions ethniques latentes se développent car les Hans ont tendance à dominer les secteurs politiques et économiques dans une région qui est culturellement plus proche des républiques turquo-musulmanes d'Asie Centrale.

Du début des violences le 5 juillet jusqu'à leur terme quelques jours plus tard lorsque des milliers de policiers anti-émeutes ont rétabli l'ordre, plus de 200 personnes ont été tuées et bien plus ont été blessées, molestées par des mafieux déchaînés utilisant des armes faites de bric et de broc. Des commerces, des propriétés et des véhicules ont été incendiés avant que le calme soit rétabli par les autorités qui ont envoyé des milliers de soldats et ont procédé à de nombreuses arrestations.

Avertissement: cette vidéo contient des scènes du carnage d'Urumqi. Faire face à la réalité n'est pas pour les âmes sensibles.


Comme pour tout événement de ce genre, il existe deux versions différentes des faits: d'un côté les Ouighours affirment qu'il s'agissait d'une manifestation pacifique motivée par la frustration à l'encontre de la position dominante des Hans dans la capitale de leur région - le meurtre de deux salariés d'une usine a été le détonateur - jusqu'à ce que les brutales mesures de l'État policier ne les touchent violemment, transformant la manifestation en une véritable émeute suite à l'ordre que reçut la police anti-émeute de tirer sans discrimination sur les manifestants pacifiques, d'arrêter 10 000 personnes et de tuer plus de 1 000personnes. De l'autre côté, les autorités chinoises affirment que « des interférences provenant de l'extérieur» ont poussé la mafia ouighour à lancer les émeutes. Elles ont également accusé les médias occidentaux de n'avoir pas diffusé les images de l'agitation initiale alors qu'ils étaient autorisés à accéder à tous les secteurs, et d'avoir au lieu de cela seulement diffusé des images de la contre émeute des Hans - visiblement pour se défendre contre des Ouighours déchaînés - au cours des jours qui ont suivi les nombreux meurtres et destructions provoqués par les violences «organisées» initiales, la majeure partie des victimes furent des Hans.

Le départ soudain du président chinois Hu Jintao du sommet du G8 tenu en Italie a surpris ses homologues, mais il est rapidement apparu que les suspicions des autorités chinoises concernant l'implication de forces extérieures étaient bien fondées, transformant un accès de dissidence interne supplémentaire en une attaque extérieure déguisée. Le chef régional du parti a été le premier à exprimer officiellement des soupçons quant à la responsabilité de «forces étrangères», déclaration ridiculisée par les médias occidentaux:

Un dirigeant chinois dont le nom n'a pas été révélé a déclaré que «le désordre a été orchestré par le Congrès Mondial Ouighur (également orthographié Ouyghour) dirigé par Rebiya Kadeer,» selon Xinhua. «Il s'agit d'un violent acte criminel qui a été prémédité et organisé» ajoute le rapport.

Mais les groupes d'exilés ouighours démentent avec véhémence la thèse du complot émise par le gouvernement chinois. Ils affirment que les émeutes exprimaient la colère accumulée contre la politique du gouvernement et la domination des Hans sur la sphère économique.

«Ils nous accusent pour éloigner l'attention des Ouighours des discriminations et de l'oppression qui ont provoqué cette manifestation,» a déclaré Dilxat Raxit, un des porte-parole du Congrès Mondial Ouyghur, exilé en Suède.

«Cela a débuté comme un rassemblement pacifique. Des milliers de personnes appelaient à l'arrêt des discriminations... Ils en ont assez de souffrir en silence.»

Les accusations de complot fomenté par des exilés indépendantistes émises par le gouvernement chinois font écho à la manière dont se sont déroulées les émeutes qui ont embrasé le Tibet en mars 2008, événement que Pékin avait déjà qualifié de complot piloté de l'extérieur.

Ces «accusations de complot fomenté par des exilés indépendantistes émises par le gouvernement chinois» étaient-elles fondées? Un coup d'œil à la couverture de l'événement par les médias locaux confirme cette thèse, car les représentants ouighours ont des liens avérés avec les services secrets étasuniens et occidentaux. Quoique basé à Washington, le Congrès Mondial Ouyghur comprend nombre d'organisations et de bureaux aux quatre coins de la planète, et a la capacité de coordonner des manifestations et obtenir une couverture médiatique favorable.

Washington finance ses «amis» ouïghours afin de déstabiliser la Chine

Si les États-Unis ne sont pas ouvertement du côté des Ouïghours, nombre de signes indiquent un soutien non négligeable de leur part. Par exemple, le rôle du NED (National Endowment for Democracy [dotation nationale en faveur de la démocratie- NdT]) a une certaine publicité à Washington. Le NED se définit comme une organisation non-gouvernementale, mais fournit des subventions dont les fonds sont affectés par le Congrès étasunien.

 

 

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© Inconnu

Rebiya Kadeer, leader du Congrès mondial des Ouïghours, rencontre son ancien grand patron

Pendant que couvaient les émeutes ouïghoures, il fut révélé que le NED affectait plus de 200000 $ US par an pour subventionner le Congrès mondial des Ouïghours, accusé d'avoir provoqué les troubles. Une Ouïghoure, Rebiya Kadeer, qui vit aujourd'hui dans la banlieue de Washington après avoir émigré aux États-Unis avec l'aide conséquente du département d'État étasunien il y a plusieurs années, semble être l'ordonnatrice- et la destinataire- d'une grande partie de ces largesses.

À vrai dire, il se pourrait que le NED ait bien plus d'influence que la taille de ses subventions. Les fonds qu'il distribue pourraient bien faire toute la différence. Gershman se demande s'il faut nier une hypothèse aussi bizarre- ou la saluer.

En tous les cas, il reste sur son idée. «Il faut soutenir les droits de l'homme et la démocratie», dit-il. «Pour le moment, on attend.» Quant aux Ouïghours: «nous sommes proches de nos amis ouïghours». Là où passent le NED et la CIA, vous pouvez être sûr qu'une «révolution douce» suivra. Il n'y a rien de doux dans le fait de matraquer des gens à mort, mais cela fait partie du programme stratégique des unités spéciales de la «Secret Team»[1].

Déstabiliser la Chine: qu'est-il vraiment arrivé à Ürümqi le 5 juillet?

Le Congrès mondial des Ouïghours, organisation étrangère basée au Turkestan oriental et dirigée par la séparatiste ethnique Rebiya Kadeer, a utilisé l'incident pour attiser les tensions ethniques. Il a tenté de provoquer une insurrection par le biais d'Internet et d'autres réseaux, appelant à des «actions plus fortes» et «spectaculaires».

Affirmant que «quelque chose de grave arrivera à Ürümqi le 5 juillet», Rebiya Kadeer a demandé à ses partisans d'observer attentivement les événements. De façon fort regrettable, à l'intérieur même du pays, certains individus aux motifs suspects se sont rapprochés du Congrès mondial des Ouïghours et ont commencé à poster des appels sur Internet la nuit du 4 juillet. Ils ont appelé le peuple à se rassembler dans le quartier de Nanmen et sur la place Renmin à Ürümqi, le dimanche vers 17h00, pour une «manifestation» en réponse à l'appel du Congrès mondial des Ouïghours. Un signe évident que ces émeutes ont tout du crime violent, prémédité et planifié, commis par des séparatistes à l'intérieur du pays, mais manipulé et fomenté de l'extérieur, par des forces séparatistes situées à l'étranger.

William Engdahl souligne que la source sur laquelle s'appuie la version ouïghoure des événements est l'une des 6000 organisations affiliées au NED:

Tout indique que le gouvernement étasunien se sert une fois de plus de son Organisation non-gouvernementale «privée»- le NED- pour intervenir de façon massive dans la politique intérieure de la Chine.

Allen Weinstein, l'un des fondateurs du NED, a déclaré de façon assez directe dans une interview publiée en 1991: «La plupart de ce que nous faisons aujourd'hui, la CIA le faisait en cachette il y a 25 ans».

Le président honoraire et fondateur de l'UNPO [Unrepresented Nations and Peoples Organisation- Organisation des nations et des peuples non représentés- NdT] est un certain Erkin Alptekin, réfugié ouïgour qui fonda l'UNPO en même temps qu'il travaillait pour l'organisation de propagande officielle de l'US Information Agency, Radio Free Europe/Radio Liberty, en tant que directeur de la Section ouïghoure et assistant directeur des Services des nationalités.

En parallèle, Alptekin fonda également le Congrès mondial des Ouïghours, en 1991, lorsqu'il travaillait pour l'US Information Agency. La mission officielle de l'USIA, lors de la fondation du Congrès mondial des Ouïghours par Alptekin en 1991, était de «comprendre, informer, et influencer les publics étrangers dans le but de promouvoir l'intérêt national des [États-Unis]...» Alptekin fut le premier président du Congrès mondial des Ouïghours et, d'après le site officiel, est un «ami intime du Dalaï Lama.»

 

 

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© Inconnu

La réponse du gouvernement chinois fut de grande ampleur, mais comme nous venons de le voir sur cette image, elle était aussi justifiée.

Le 5 juillet- un dimanche au Xinjiang, mais toujours le samedi 4 juillet, jour de la déclaration d'indépendance des États-Unis, à Washington-, le Congrès mondial des Ouïghours a déclaré que des soldats armés Han avaient appréhendé tous les Ouïghours présents dans les rues et que, selon les communiqués de presse officiels chinois, émeutes généralisées et incendies de voitures avaient éclaté dans les rues d'Ürumqi, aboutissant à plus de 140 morts en trois jours.

Xinhua, l'agence de presse officielle chinoise, a déclaré que les manifestants appartenant à la minorité ethnique des Ouïghours musulmans avaient commencé à agresser des passants d'origine Han, à brûler des voitures et à attaquer des bus à coups de bâtons et de pierres. «Ils sont descendus dans les rues... armés de couteaux, de gourdins, de briques et de pierres», raconte un témoin. Selon l'agence de presse AFP, Alim Seytoff, secrétaire général de l'Association ouïghoure américaine, à Washington, a déclaré que d'après ses informations, la police avait commencé à tirer «au hasard» sur la foule des manifestants.

Deux versions différentes des mêmes événements: le gouvernement chinois et les photos des émeutes indiquent que ce sont les émeutes et les agressions ouïghoures contre des résidents chinois Han qui ont causé mort et destruction. Les rapports officiels français ont mis tout sur le dos de la police chinoise et de ses «tirs au hasard». Indice significatif: le rapport de l'AFP se base sur les informations fournies par l'Association ouïghoure américaine de Rebiya Kadeer, association financée par le NED. Le lecteur devrait se demander si le communiqué de l'AFP n'est pas motivé par les objectifs géopolitiques des États-Unis, et si le gouvernement Obama ne joue pas là un jeu dangereux impliquant l'avenir économique de la Chine.

Dans notre synthèse de juin, nous soulignions le rôle joué par des organisations comme le NED lorsqu'il s'agit de co-opter des mouvements indépendantistes et d'encourager la dissidence au nom des droits de l'homme et de la démocratie- de nobles causes sur le papier, alors qu'en réalité, le soutien de ces mouvements sert un but exprès: renverser les régimes défavorables à «l'intérêt national étasunien». C'est le paravent «relations publiques» servant à cacher des opérations clandestines visant à fournir une aide militaire à des groupes qu'on entraîne aux méthodes terroristes. Pour prendre l'exemple de l'Iran, Jundullah et les moudjahidines du peuple furent les bénéficiaires de ce soutien financier et de ces «stages» d'entraînements par la CIA, tandis que, de son côté, le NED tissait des «liens culturels et éducatifs» avec Moussavi et certains mouvements de droits civiques, en préparation du «moment» où leurs capacités organisationnelles pourraient être mises à contribution, et servir à faire descendre les gens dans la rue afin de renverser le régime «de l'intérieur».

Les renseignements occidentaux procèdent de la même façon en Chine, entretenant les mouvements séparatistes en vue d'affaiblir l'influence de la Chine en Asie Centrale. Il y avait déjà le Tibet. Mais les émeutes du Xinjiang ont mis en lumière une opération parallèle visant la Chine par le biais du soutien étasunien au gouvernement-en-exil auto-proclamé du Turkestan oriental.

Des attaques d'ambassades chinoises ont eu lieu aux Pays Bas et en Allemagne, tandis que le gouvernement turc, critiquant sévèrement la manière dont le gouvernement chinois a géré ces émeutes, a condamné les mesures de répression sécuritaires mises en oeuvre à Ürümqi:

Mardi, Pékin a fustigé le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan pour avoir insinué quelque jours auparavant que la répression chinoise «tenait du génocide», et pour avoir menacé de traîner la Chine devant le Conseil de sécurité de l'ONU.

Les déclarations d'Erdogan ont déclenché une vague de protestations anti-chinoises nourrie par un nationalisme pan-turc qui considère le Xinjiang- ou le Turkestan oriental- comme la patrie ancestrale des Turcs depuis plus de 1500 ans. À Istanbul, le 12 juillet, environ 5000 personnes ont manifesté, brandissant des drapeaux turcs et des drapeaux de la république éphémère du Turkestan oriental, devenu autonome dans les années 1930. Ils ont appelé à un boycott des produits chinois- suite à une proposition du ministre de l'industrie et du commerce turc, Nihat Ergün, quelques jours auparavant.

 

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© Associated Press/Ibrahim Usta

Istanbul, 12 juillet. Des manifestants turcs agitent des drapeaux de la Turquie et du Xinjiang- le Turkestan oriental- en protestation des récentes tueries dans la région ouïghoure du Xinjiang, en Chine.

La Turquie est une base importante pour les activistes ouïghours en exil. Les éléments idéologiques du nationalisme pan-turc reflètent les ambitions de la bourgeoisie turque, qui veut étendre son influence politique et économique en Asie Centrale et au Caucase, en particulier dans les États turcophones comme l'Ouzbékistan, l'Azerbaïdjan, le Turkménistan et le Kirghizistan, créés après l'effondrement de l'Union soviétique en 1991.

Bien que le gouvernement chinois n'ait pas officiellement protesté contre la Turquie, les médias contrôlés par l'État ont évoqué les antécédents historiques de la Turquie, connue pour réprimer brutalement les mouvements séparatistes kurdes- entre autres, lors de son incursion militaire au Nord de l'Iraq en 2007.

Mardi, China Daily a exigé qu'Erdogan retire ses propos sur le génocide, jugés «irresponsables et infondés». Le 14 juillet, People's Daily a rapporté que des internautes patriotes- un groupe de nationalistes issus des classes aisées cultivées par le régime chinois- «se sent[ai]ent insultés par les actions des Turcs et avaient suggéré que la Chine change son attitude vis-à-vis du PKK et soutienne son appel à l'indépendance, afin de faire payer à la Turquie un lourd tribut politique.»

Dans son édition anglaise du 10 juillet, le quotidien turc Hürriyet avertissait que le soutien d'Ankara aux nationalistes ouïghours offenserait non seulement la Chine mais aussi son alliée, la Russie, qui, comme Pékin, a tout intérêt à censurer les insurrections séparatistes en Asie Centrale. «Si la Turquie allait plus loin que le simple appel au respect des droits de l'homme dans la région, et se mettait à soutenir le séparatisme ouïghour, il est clair que la Chine réagirait en pointant du doigt la question kurde et les droits des minorités en Turquie», fait remarquer Hürriyet.

En plus de révéler l'incroyable hypocrisie d'un gouvernement qui en accuse un autre d'«ethnocide» brutal à l'encontre de son propre peuple (ce qui est faux, en réalité) alors qu'il fait la même chose de son côté, la considération «fraternelle» de la Turquie envers le peuple ouïghour en Chine occidentale est un autre indicateur de l'implication clandestine des États-Unis dans la déstabilisation de la région.

Bien que littéralement muselée par le gouvernement étasunien, la courageuse «whistleblower[2]» Sibel Edmonds a ingénieusement contourné la décision de justice l'interdisant de révéler les détails d'un réseau d'espionnage de haut-niveau qu'elle avait découvert: elle a publié sur son site Web, dans la section trombinoscope, les photos d'éminents personnages impliqués dans ce réseau. Parmi les anciens et actuels hommes politiques, militaires et autre barbouzes, on trouve un personnage intéressant du nom de Anwar Yusuf Turani, apparemment élu Premier ministre du gouvernement-en-exil du Turkestan oriental- anciennement, le Xinjiang- , gouvernement établi au Press Club de Capitol Hill, Washington D.C., depuis 2004. Ajoutés au financement de Rediya Kadeer par le NED et au fait qu'Erkin Alptekin collabore avec la CIA, les privilèges accordés à Turani par les États-Unis renforcent le témoignage d'Edmonds concernant l'utilisation par les États-Unis de la Turquie comme lieu de passage pour le trafic d'armes (y compris nucléaires) et de drogues, et pour le terrorisme en (et hors d') Asie Centrale.

Avec une aide militaire massive et un rôle important au sein de l'OTAN garantis par les États-Unis, l'establishment turc, qui se languit de son passé ottoman, s'est peut-être laissé entraîné dans la danse par les promesses d'un rôle futur en tant que chef d'une fédération pan-turque qui rassemblerait les différentes nations turques s'étendant à l'est jusqu'au Xinjiang- alias le Turkestan oriental.

La façon responsable dont la Chine a géré les émeutes a provoqué une réaction encore plus forte de la part d'une branche algérienne d'Al-QaïdCIA:

La réponse la plus réactionnaire est venue d'Al-Qaïda au pays du Maghreb islamique (AQMI), basé en Algérie, qui a appelé à s'en prendre aux 50000 travailleurs chinois en Algérie et au personnel chinois en Afrique du Nord-Ouest. Il y a trois semaines, le groupe a pris en embuscade un convoi de forces de sécurité algériennes raccompagnant des ouvriers chinois, causant la mort de 24 Algériens.

Une fois encore, Al QaïdaTM démontre son incroyable adaptabilité, sa capacité à évoluer pour correspondre aux intérêts de l'État impérialiste. Cependant, au-delà de leur rôle de figurants, les organisations terroristes créées par les États-Unis semblent destinées à jouer un rôle important dans la déstabilisation de la Chine. Les médias chinois n'ont pas manqué de remarquer cette connexion:

Tout indique que les séparatistes ouïghours qui ont orchestré les émeutes du 5 juillet à Ürümqi, capitale de la région autonome ouïghoure du Xinjiang, sont en étroite relation avec la branche d'Al-Qaïda en Afghanistan.

Les émeutes qui ont fait 184 morts et des centaines de blessés ont eu lieu immédiatement après le lancement de la dernière offensive des États-Unis et des forces alliées en Afghanistan. Ce n'est pas une coïncidence, car les groupes terroristes d'Asie Centrale ont toujours été étroitement liés.

Le journaliste d'investigation Eric Margolis rapporte:

Un groupe de Ouïghours- des musulmans chinois de la province du Xinjiang, en Chine occidentale- a été entraîné par Ben Laden en vue de combattre les Chinois communistes du Xinjiang. Non seulement la CIA était-elle au courant, mais elle a également soutenu cette opération, car elle pensait utiliser ces combattants dans le cas où une guerre éclaterait avec la Chine.

 

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© Inconnu

À gauche, Zbigniew Brzezinski, alors conseiller à la Sécurité nationale du gouvernement Carter, auteur de «Le Grand Échiquier, l'Amérique et le reste du monde», aujourd'hui «conseiller» du président Obama; à droite, Tim Osman, alias Oussama Ben Laden, agent de la CIA et instructeur des forces de réaction contrôlées par les États-Unis dans le cadre de «l'Arc de crise» de Brzezinski

En 2001, avec le soutien de la CIA, Ben Laden lui-même... travaillait avec la CIA et entraînait ces musulmans anti-chinois.

L'Afghanistan n'était pas encore le «foyer du terrorisme»; il s'agissait de commandos, de guérilléros entraînés dans un but précis en Asie Centrale. Ces individus, ces musulmans chinois du Xinjiang, étaient payés par la CIA et armés par les États-Unis,

La CIA comptait les utiliser en cas de guerre avec la Chine, ou simplement pour créer le chaos là-bas, et ils furent entraînés et soutenus depuis l'Afghanistan, pour certains avec la collaboration d'Oussama Ben Laden. Les Américains étaient lourdement impliqués.

Nous voyons donc que les États-Unis ont encerclé la Chine via leur soutien aux «droits de l'homme et à la démocratie» pour les mouvements sécessionnistes en Chine. Si ces activités ont lieu juste sous la surface «officielle», la création et la manipulation d'organisations fondamentalistes musulmanes, elles, prennent leur source dans les profondeurs des opérations clandestines de la CIA. Le Xinjiang n'est que la dernière turbulence en date sur «l'Arc de crise» de Brzezinski.

Lorsqu'il était conseiller à la Sécurité nationale du président Carter, Zbigniew Brzezinski appelait son plan de remaniement «l'Arc de crise». Il l'appelle aujourd'hui «la Zone d'instabilité». Ce plan vise à stopper l'intégration eurasienne en manipulant les axiomes tribaux, ethniques et religieux afin de détruire les États-nations, en commençant tout particulièrement par le Moyen- Orient.

Engdahl remarque que le timing de cette attaque secrète contre la Chine coïncide avec l'importance géostratégique que revêt le Xinjiang pour les États-Unis et leur rêve de domination dans la région:

Les émeutes du Xinjiang orchestrées par des organisations ouïghoures ont éclaté à peine quelques jours après la réunion à Ekaterinbourg (Russie) des États membres de l'Organisation de coopération de Shanghaï, dont l'Iran, représenté par le président Ahmadinejad, est un des observateurs officiels. Faut-il y voir une simple coïncidence?

Quelques-uns des plus importants réseaux d'oléoducs et de gazoducs chinois passent directement par la province du Xinjiang. La Russie et la Chine sont en pourparlers concernant la construction d'un grand réseau de gazoducs naturels reliant la Sibérie orientale à la Chine, en passant par le Xinjiang. Les oléoducs et gazoducs [entre] la Chine et l'Asie Centrale sont un moyen stratégique pour «rattacher» les pays d'Asie Centrale à l'économie chinoise. Cette cohésion eurasienne allant de la Russie à la Chine en passant par les pays d'Asie Centrale est la cohésion géopolitique que Washington redoute le plus.

Au final, cependant, «Washington» ne craint rien de ce genre. Du moment que les intérêt

s de ses électeurs- les intérêts corporatistes supranationaux, pas l'intérêt national américain- sont servis, les Pouvoirs en place se fichent de qui écrit les lois ou quelle frontière imaginaire leur pipeline traverse. Pour ces «initiés», tous les arrières sont couverts. Les représentants corporatistes, dans ces négociations au «Pipelinistan», sont à la tête d'un conglomérat de vastes richesses. Les intérêts s'entrecroisent et sont partagés entre tous ces joueurs. Les disputes territoriales ne les concernent pas, car leur pouvoir transcende les frontières. Aucun d'eux ne risque de perdre, car, se basant sur la théorie des jeux[3], ils suivent une stratégie fondée sur la coopération aux dépends des citoyens ordinaires. La refonte des États-nations en unités antagonistes se reflète à tous les niveaux des relations humaines, tandis que les liens unissant l'humanité normale sont exploités, utilisés pour atteindre le pouvoir total.

 

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© Inconnu

Le plan d'action: prochaines manœuvres sur l'échiquier, sous les auspices de la Secret Team

À la faveur de l'obscurité, cette avidité organisée récolte tout pour elle-même, appliquant ses programmes totalitaires en une succession de chocs systémiques infligés aux populations titubantes. Ces chocs amènent la pathocratie encore plus près de la domination mondiale totale.

Les joueurs sur l'échiquier ne voient pas l'échiquier dans son ensemble. Il peuvent penser, à tort, qu'ils le voient. Ils ne réalisent pas qu'ils sont à tout jamais dépassés par quelque chose de plus puissant qu'eux dans la hiérarchie du pouvoir. Ils font ce qu'ils sont programmés à faire; ils réagissent aux circonstances de façon essentiellement identique- ce sont des machines, dont les actes, pris dans leur ensemble, semblent suggérer un but conscient derrière chaque manoeuvre sur l'échiquier. Dans quelle mesure tout cela est-il consciemment dirigé par un groupe ou ensemble d'individus puissants? Ce point reste à déterminer, en partie parce que le traumatisme subi lors d'événements orchestrés de façon à générer «intolérance et cruauté est nécessaire pour préserver la «couverture» des véritables instigateurs. «Un certain type "d'êtres humains" agissent au nom de cette couverture. Un certain type d'êtres humains acceptent de servir de pions dans les "Jeux secrets des Dieux". (p.40, Almost Humain, The Wave Book 7, Laura Knight-Jadczyk).

 

Gaza assiégé

Aucun endroit au monde n'incarne mieux l'intolérance et la cruauté rampantes qu'Israël. Son étau ne cesse de se resserrer sur les Palestiniens, malgré les plaidoyers pour que le régime fasciste interrompe- ne parlons même pas de détruire- les colonies juives illégales et lève le siège inhumain qu'il impose à Gaza. À l'exception possible de l'Iran, aucun gouvernement d'êtres humains normaux ne peut mettre suffisamment de pression sur Israël pour permettre aux Gazaouïs de jouir d'un semblant de répit et de miséricorde. Il revient donc aux honnêtes citoyens du monde, aux gens de conscience, d'affronter la Bête directement et de jeter la lumière sur l'horrible détresse, la souffrance de Gaza.

 

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© FreeGaza.org

Femme du peuple

Fin juin, 21 défenseurs des droits de l'homme, soutenus par des citoyens du monde entier et malgré les mises à l'épreuve successives de leur volonté, ont quitté le port de Larnaca, à Chypre, à destination de Gaza. Petit effort symbolique pour apporter un semblant de soutien humanitaire à une population abandonnée par la communauté internationale des États, population qu'on laisse saigner et pleurer d'angoisse, quelques mois après le massacre brutal perpétré par Israël.

Parmi les participants, le prix Nobel de la Paix Mairead Maguire et l'ex-membre du Congrès étasunien Cynthia McKinney. Tous espéraient atteindre Gaza pour la première fois, après leur précédente tentative en décembre dernier. Mais la marine israélienne a sapé l'effort humanitaire, et a failli couler le SS Dignity et tous ses occupants. Étonnamment, Israël n'a fait face à aucune récrimination: sa tentative de meurtre sur une ex-candidate à la présidence étasunienne dans des eaux internationales fut rapidement noyée sous les crimes de grande ampleur qu'il commettait en même temps allégrement contre un peuple sans défense. Sachant que des journalistes et caméramans d'Al-Jazeera se trouvaient à bord du SS Spirit of Humanity, Israël oserait-il faire preuve du même mépris pour la vie humaine et encourir une nouvelle condamnation internationale ?

Certes, les Israéliens n'ont pas tenté de couler le bateau, mais ils ont bien kidnappé son équipage en eaux internationales, puis l'ont amené en Israël.

«C'est une violation scandaleuse du droit international à notre encontre. Notre bateau n'était pas dans les eaux territoriales israéliennes, et nous étions en mission humanitaire vers la Bande de Gaza», a déclaré Cynthia McKinney, ex-membre du Congrès et ex-candidate à la présidence étasunienne. «Le président Obama venait de dire à Israël de laisser passer les fournitures humanitaires et les matériaux de reconstruction, et c'est exactement ce que nous tentions de faire. Nous demandons à la communauté internationale d'exiger notre libération, afin que nous puissions reprendre notre route.»

La seule aide accordée par le «gouvernement des États-Unis sous occupation sioniste» fut une misérable tentative d'empêcher le bateau de l'organisation Free Gaza de quitter Chypre.

Un appel pour les prisonniers de Gaza


 



Suite : Partie 3

 

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