Roubini contre Rogers, un combat en or
Deux poids lourds s’affrontent sur le ring. Enjeu du combat: la valeur de l’or, sismographe des doutes sur la situation économique et du déclin du dollar. A ma gauche, Nouriel Roubini, universitaire new-yorkais que l’on ne présente plus depuis qu’il a prévu la crise financière. Face à lui, Jim Rogers, financier rendu célèbre pour avoir annoncé, dès 1999, une nouvelle ère d’appréciation des matières premières.
Ce dernier assure depuis des semaines que le cours du métal brillant va doubler dans les dix ans à venir, pour dépasser les 2000 dollars l’once (hier il se traitait 1089 dollars). «Un non-sens total», a balayé mercredi Nouriel Roubini. Selon ce dernier cette appréciation reflète une «nouvelle bulle spéculative», alimentée par une masse d’investisseurs profitant de la faiblesse des taux américains qui empruntent des dollars faciles et jouent sur les matières premières.
Réplique du vieux renard des marchés sur l’antenne de Bloomberg TV? «Monsieur Roubini n’a pas fait ses devoirs.» Selon lui, cet engouement pour l’or reflète les craintes, réelles, d’investisseurs soucieux de protéger leur patrimoine contre le déclin du billet vert. Et Monsieur Rogers de rappeler, que, ajustés de l’inflation, les sommets touchés par le métal jaune en 1980 correspondraient, aujourd’hui, à des niveaux supérieurs à 2000 dollars.