Sur le « modèle cubain », les révolutions exportées et autres contes d’antan
Sur le « modèle cubain », les révolutions exportées et autres contes d’antan |
![]() | ||
Justo Cruz | ||
Traduit par Esteban G. | ||
Edité par Fausto Giudice |
Il circule par ici une histoire raciste qui me semble très bien coller à la situation que mon pays est en train de vivre. Et comme je suis noir je crois pouvoir me permettre le luxe de la citer, non pas dans l’intention de faire l’apologie de ces racistes fils d’infortune qui errent seuls dans les rues, mais au contraire pour illustrer la réalité dans laquelle on oblige mon pays à vivre.
Voici l'histoire :
Des racistes avaient attrapé un noir et l’avaient amené dans une arène - style cirque romain - pour qu’il affronte un lion. Après l’avoir enterré dans le sable jusqu’au cou de telle sorte qu’il ne puisse pas se défendre ils lâchèrent le lion. Voyant le lion foncer sur lui, le noir ouvre grande sa bouche et se met à pousser des hurlements stridents pour l’effrayer. Et voilà que les racistes dans le public se mettent à lui crier : « Canaille de noir, joue fair play ! ».
Cuba aussi, est accusée de se défendre.
Je fais cette comparaison, et la similitude est frappante, car je crois qu’il y a beaucoup de discrimination lorsqu’il s’agit de Cuba en comparaison d’ autres pays du monde.
Pourquoi cet acharnement contre ma patrie ?
La société cubaine n’est pas parfaite, cela nous le savons et lorsque Pablo Milanés a écrit la chanson « Je ne vis pas dans une société parfaite », tous, sans exception, nous l’avons entonnée en sachant fort bien qu’il ne faisait que dire à haute voix ce que le peuple pensait tout bas.
Les Cubains n’ont jamais prétendu que Cuba était un modèle que l’on pouvait calquer. Ce sont toujours les autres, les opprimés qui ont vu en Cuba un exemple à suivre. Certains parlent « d’exporter les révolutions » comme si l’être humain était condamné à vivre en martyr toute sa vie. Les révolutions ne s’exportent pas, elles sont produites par des gouvernements - avec à leur tête des canailles - incapables de résoudre les problèmes des plus mal lotis. C’est pour ça que je suis étonné de l’intérêt porté dans le monde aujourd’hui, et précisément dans la presse de ces derniers jours, à parler d’un « modèle cubain dont même Fidel Castro reconnaît qu’il ne fonctionne pas ».
Posons-nous alors la question :
Est-ce qu’un pays pourrait développer son propre modèle, s’il devait se développer sous les mêmes conditions que celles dans lesquelles Cuba a dû se développer durant 50 ans, c'est-à-dire sous les effets d’un blocus monstrueux et d’une politique absurde [d’un empire voisin, NdT] ?
Tout le monde sait que la réponse est NON.
De quel modèle cubain parle-t-on alors ?
Depuis plusieurs jours la presse internationale ne cesse de répéter (et elle le fait avec l’euphorie de celui qui serait content d’avoir gagné au loto), que le commandant Fidel Castro a enfin reconnu au cours d’une interview que le « modèle cubain » ne peut pas être exporté parce que même à Cuba il n’a pas fonctionné. Mais comme je suis habitué à ces incongruités médiatiques et que je sais de quel côté penche la presse internationale lorsqu’il s’agit de Cuba, je me suis mis à chercher. Car le pire que puisse faire un lecteur c’est de répéter ce qu’il lit ou bien ce qu’on lui dit sans vérifier la source. Mieux vaut le voir pour le croire.
Oui, car beaucoup de journalistes pensent que la majorité des lecteurs, comme nous, est une bande d’incultes et d’analphabètes à qui l’on vend l’information comme l’on vendrait, dans une boutique, des chaussettes au goût du consommateur. Cet éternel acharnement à satisfaire les désirs du client, surtout les désirs et les intérêts de ceux qui payent, ceux qui sont toujours au-dessus et qui écrasent ceux d’en dessous.
Alors que le professeur à l’école fait tout son possible pour que nous apprenions à lire et à écrire, la presse, la radio, la télévision et Internet font l’impossible pour nous rendre de plus en plus abrutis.
Revenons au sujet.
"Le journaliste ver de terre Goldberg à La Havane", par Robert García
En fait, au cours d’une interview accordée par le commandant en chef Fidel Castro, le journaliste du magazine The Atlantic, Jeffrey Goldberg, demande « …s’il (le commandant) croyait que le modèle cubain était une chose qui valait la peine d’être exportée », ce à quoi Fidel Castro répond « Le modèle cubain ne fonctionne déjà même plus pour nous ». Avec cette question, et dans une conversation avec le leader de la révolution cubaine, Golberg tentait évidemment de faire d’une pierre deux coups ; soutenir la thèse que « Cuba exportait la révolution » et en même temps toucher le sujet du « modèle cubain ». La réponse obtenue ne pouvait servir de meilleur « scandale » pour les médias.
Même Fidel Castro reconnaît que le modèle cubain ne fonctionne pas ! Lisait-on de toutes parts.
Certes Golberg n’a pas menti en transmettant l’information. Il n’a pas inventé la phrase, il l’a interprétée à sa manière et il nous l’a transmise, à nous les lecteurs, à la façon dont il pense que nous désirions la lire. Car chers lecteurs, dans le monde médiatique d’aujourd’hui le raisonnable n’a plus de place, on écrit seulement ce qui se vend. Ça fait longtemps qu’ils on cessé de dire la vérité et la raison.
Ce qui s’en est suivi est la copie parfaite d’une comédie hollywoodienne. À partir de cet instant cette phrase était devenue le passage le plus important de l’interview. Le reste était relégué au second plan, le contenu de l’interview était ignoré. Et nous, nous continuons toujours à consommer cette merde de journalisme.
Changeons de scène …
Il y a quelques jours la Barclays Bank a été poursuivie par le gouvernement US pour avoir réalisé des transactions financières avec Cuba, avoir violé la Loi de Commerce avec l’Ennemi et la Loi des Pouvoirs Économiques d’Urgence. Cette banque britannique sera dans l’obligation de payer 149 millions de dollars au Département du Trésor des EE.UU. Oui rien que ça, parce que ces messieurs du Nord s’arrogent le droit de décider qui sont les amis et les ennemis de cette humanité, ils créent des lois inhumaines, dépourvues de légalité et de légitimité, destinées à provoquer la faim et le chaos dans le monde. Ces spécialistes de la terreur et leurs laquais pensent qu’en essayant de faire mourir de faim le peuple cubain ils vont en finir avec le socialisme à Cuba.
En bref : on prive l’État et le peuple cubains du droit de se développer de la façon qui leur convient. Il s’agit là de les asphyxier économiquement en limitant les possibilités de l’État de recevoir des crédits d’une banque internationale. Une opération aussi vitale pour gérer le budget d’une personne, que celui d’une entreprise ou d’un pays.
Pendant ce temps le monde regarde et se tait. Manquerions-nous de courage ou bien arriverions-nous au sommet de l’aliénation politique et sociale ?
Pauvre monde…si nous continuons à permettre autant de barbarie et d’injustices.
Poursuivons avec nos questions
Est-ce qu’un pays à qui l’on ne permettrait pas d’établir de relations commerciales normales, comme il se doit, avec d’autres pays, comme on l’impose à Cuba, pourrait créer son propre modèle ?
Bien sur que NON. Puisque ces lois sont faites pour ça, pour éviter que Cuba puisse se développer et devienne un modèle à suivre. C’est l’enjeu poursuivi par la politique conçue pour détruire la Révolution cubaine.
Et nous avons là cet Obama qui se moque de nous, en faisant croire qu’il agit et, le monde de se contenter du seul fait que la Maison Blanche soit un peu plus foncée, comme si les choses allaient changer positivement pour ceux qui ont la couleur de sa peau. Lui, il est là, à la merci de ceux d’en haut. Il continue d’appliquer le blocus contre Cuba avec toute la rigueur des lois et des ordonnances administratives qui façonnent illégalement ces lois absurdes, dont personne n’a aucune notion ni ne comprend mais qu’ils acceptent comme des laquais ignorants, sans aucune pudeur.
Il est clair que pour les Cubains rien n’a changé avec Obama, de même que pour les Afghans, les Palestiniens et les Irakiens. Là-bas les bombes « Made in USA » continuent de faire des leurs, semant la terreur parmi les gens innocents qui n’ont rien fait au peuple nord-américain.
Et par là circulent les spécialistes et les cubanologues, se répandant partout dans le monde mais aussi à l’intérieur de Cuba, faisant des leurs. Ces perroquets de malheur qui ne se lassent jamais de parler du blocus interne cubain, de la corruption, de la technocratie et de la bureaucratie à Cuba, comme si notre patrie était le seul pays à souffrir de ces maux. Ils parlent d’échec du socialisme comme si le capitalisme brillait par ses réussites.
C’est pour cela que je propose, qu’avant de nous perdre en conjectures et commérages qui ne font que nuire nuisent au citoyen cubain moyen, que nous plaidions pour la fin du blocus, pour l’abolition de la position commune de l’Union Européenne contre Cuba et pourquoi pas, plaider également pour que des banques comme la Barclays Bank puisse accorder un crédit à une entreprise cubaine ou à l’État cubain sans avoir à supporter le poids de ces lois absurdes et humiliantes. Nous allons plaider pour qu’on arrête de regarder notre patrie à la loupe, pour qu’elle ne soit plus discriminée et qu’elle soit traitée une fois pour toute comme un pays normal. Nous allons nous battre pour que ces êtres infâmes qui n’ont de cesse de jouer avec les politiques insensées, prennent leur courage à deux mains et suppriment pour toujours ce blocus inhumain. Et lorsque nous serons parvenus à atteindre ces objectifs aussi justes que logiques, nous pourrons alors parler et faire nos propres suppositions. Le peuple de Cuba a besoin qu’on lui laisse cette opportunité, c’est son droit, tout le reste n’est que du vent et du blablabla.
Merci à HERMES
Source: http://auto-hermes.ning.com/profiles/blogs/sobre-el-modelo-cubano-las?xg_source=activity
Date de parution de l'article original: 27/09/2010
URL de cet article: http://www.tlaxcala-int.org/article.asp?reference=1611