Sûreté des aéroports : la stratégie israélienne
Par Cyriel Martin
Les machines biométriques Unipass sont entrées en fonction au début de l'année, à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv (Israël) © DR
La machine se présente comme un distributeur de billets. Le voyageur y introduit son passeport, place ses doigts à un endroit bien précis et se tient droit. En quelques secondes, ses empreintes digitales sont recoupées avec celles figurant sur le document officiel, la photo est comparée au visage qui se présente effectivement devant la machine. Mais plus encore. Une série de questions de sécurité basiques est ensuite posée au voyageur, qui se doit d'y répondre calmement. L'appareil est également paramétré pour repérer les éventuels comportements suspects de passagers...
Tout cela ne relève pas de la fiction. Ces machines biométriques, baptisées Unipass, et fabriquées conjointement par les aéroports israéliens et la société nationale Bender, sont en service depuis le début de l'année en Israël, à l'aéroport Ben Gourion de Tel Aviv, un des lieux les plus sécurisés au monde. Avec l'arrivée de ces machines "intelligentes", l'aéroport a franchi le pas du tout automatique. "Le système Unipass permet aux voyageurs d'effectuer eux-mêmes tous les contrôles de sécurité", se réjouit auprès du point.fr la porte-parole de l'autorité aéroportuaire israélienne, Maayan Malchin. "Le dispositif permet d'accélérer la durée des procédures de sécurité", assure-t-elle.
La France intéressée
Le système est pour l'instant en phase de test. Il ne concerne que les adultes âgés de plus de 16 ans qui embarquent sur les vols de la compagnie nationale El Al. "Sur la base du volontariat", s'empresse d'ajouter Maayan Malchin. Mais à terme, "Unipass permettra aux passagers de tous les aéroports d'Israël de mener seuls l'intégralité des procédures d'embarquement, des contrôles de sécurité à l'enregistrement des bagages", explique la porte-parole. Les machines biométriques pourraient donc être couplées à des scanners corporels afin d'effectuer une "fouille" complète des passagers.
Libéré des tâches de fouille et de contrôle direct des passagers, le personnel aéroportuaire se concentrera sur le comportement des voyageurs. Une initiative qui pourrait bien faire des émules. Lundi, le secrétaire d'État français aux Transports, Dominique Bussereau, a ainsi pris le modèle israélien pour exemple en matière de sûreté aéroportuaire. "Nous allons améliorer les efforts de formation de toutes les équipes" chargées du filtrage des passagers, a-t-il indiqué sur France Info. "Il y a certainement une meilleure analyse comportementale des gens à avoir, c'est un peu ce que font la compagnie El Al et le gouvernement d'Israël sur ses vols sensibles", a-t-il expliqué. L'aéroport israélien confirme de son côté que son nouveau dispositif suscite un "grand intérêt" de la part de plusieurs pays, mais refuse de préciser lesquels.
En France, en attendant qu'un tel système voie - peut-être - le jour, ce sont les scanners corporels qui vont faire leur apparition dans les aéroports parisiens d'Orly et de Roissy. Vingt jours après la tentative d'attentat manquée dans un vol Amsterdam-Detroit , le monde de l'aéronautique a visiblement pris très au sérieux l'avertissement.
Source : Le Point