Taxe Tobin ou Taxe Godard ?

Publié le par Charlotte sceptix

Jean-Luc Godard, qu'on n'écoute jamais assez, a proposé une solution simple et originale pour résoudre la crise grecque. Elle repose sur une réévaluation de la notion même de dette ; non plus la dette souveraine qui étrangle les Grecs, mais la dette suprême que nous avons à l'égard de la Grèce, sa langue, sa philosophie, sa démocratie. Il l'a confiée récemment au quotidien britannique The Guardian"Les Grecs nous ont donné la logique. Nous avons une dette envers eux pour ça. C'est Aristote qui l'a apportée avec le fameux "donc". Comme lorsque nous disons : "Tu ne m'aimes plus, donc..." Ou encore : "Je t'ai surprise au lit avec un autre homme, donc..."" Manière très godardienne d'enseigner la logique aristotélicienne et son fameux syllogisme : "Tous les hommes sont mortels. Or Socrate est un homme. Donc Socrate est mortel."

La précieuse conjonction, qui fut bien utile aussi à Descartes pour formuler son Cogito..., est au coeur des échanges entre les hommes, plus encore que l'euro ou le dollar. Nous utilisons ce mot des millions de fois. Il nous aide à prendre les décisions les plus importantes de nos vies. En période de crise, il prend le visage austère de la Rigueur. Donc nos hommes politiques en font un usage ruineux par les temps qui courent. Godard nous dit : Il est temps de payer pour ça ! "Si chaque fois que nous utilisons le mot "donc" nous devions payer 10 euros à la Grèce, la crise serait terminée du jour au lendemain et les Grecs n'auraient pas à vendre le Parthénon aux Allemands. Chaque fois qu'Angela Merkel dit aux Grecs : "Nous vous avons prêté tout cet argent, donc vous devez nous rembourser avec les intérêts", elle devrait d'abord leur payer des droits d'auteur."

 Ce que Godard propose, c'est rien de moins qu'une taxe Tobin appliquée aux échanges verbaux. A ce jeu, c'est la Belgique et son premier ministre démissionnaire, Yves Leterme, qui seraient le plus lourdement taxés. A l'annonce du référendum grec, il a été pris d'une véritable quinte de "donc". "Donc, la Grèce doit remplir ces conditions et donc tout élément d'incertitude sur l'engagement de la Grèce est négatif. Les marchés ont besoin de stabilité, de confiance et de sécurité. Donc, c'est ce qui est ébranlé maintenant par l'annonce de M. Papandréou." Mais François Fillon n'échapperait pas non plus à l'Hadopi godardienne. Devant l'Assemblée nationale, le " donc " fatal lui a échappé comme un hoquet : "Les Grecs doivent donc dire vite et sans ambiguïté s'ils choisissent ou non de conserver leur place dans la zone euro." "Donc on est vraiment dans une situation relativement inextricable...", a conclu pour sa part Alain Madelin, au terme d'une surenchère de déductions, elle-même relativement inextricable.

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