Toulouse: le nom du suspect aurait été repéré dès le premier meurtre

Publié le par Charlotte sceptix

Auraient-ils osé ?
21/03/2012 | 16H46
Crédits photo:  Bernard Squarcini, patron de la DCRI, Direction centrale du renseignement intérieur, à l'Elysée en novembre 2008 (Reuters)

Didier Hassoux, journaliste au Canard enchaîné et co-auteur d'une récente enquête sur Bernard Squarcini*, patron de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), nous explique les premiers doutes qui apparaissent dans la chronologie de la traque du suspect présumé des tueries de Montauban et Toulouse du 11, 15 et 19 mars.

Dans l'affaire des assassinats de Toulouse et de Montauban, la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur), en charge** sur le territoire français de la surveillance des terroristes potentiels, a cru se prémunir de toute critique en assurant que le suspect présumé, Mohamed Merah, était dans son "collimateur" depuis des années. Comme nous l'explique Didier Hassoux, il n'y a pas que cette information qui pourrait avoir un effet boomerang pour l'institution. 

N'est-ce pas à double tranchant pour Claude Guéant de dire que la DCRI connaissait le suspect présumé sans avoir pu prévoir ses trois passages à l'acte supposés (11 mars, 15 mars et 19 mars) ?

D'abord, nous parlons de la DZRI (Direction zonale des renseignements généraux), qui est une émanation régionale de la DCRI. Ensuite oui, le fait de dire que l'individu était dans le collimateur de l'institution peut poser un vrai problème. Mais il y a peut-être plus grave.

Ce matin, une source de la police judiciaire (PJ) m'a assuré que la PJ avait saisi les adresses IP des quelque 600 personnes s'étant connectées sur leboncoin.fr sur l'annonce du premier militaire abattu le 11 mars. Le nom du suspect (Mohamed Merah) y figurait. Or, il était inscrit sur le ficher du Stic (système de traitement des infractions constatées) entre 16 et 18 fois pour des faits mineurs. Ce qui est énorme. A cela s'ajoute le fait qu'il était également inscrit sur Cristina (Centralisation du renseignement intérieur pour la sécurité du territoire et des intérêts nationaux), le fichier de la DCRI***.

Pourquoi a-t-il fallu attendre autant pour le localiser ?

C'est la question que je me pose : pourquoi a-t-il fallu attendre neuf jours ? Je ne vois pas pourquoi on ne lui a pas collé une balise au cul durant les deux ou trois jours ayant suivi le premier meurtre. Surtout si la DCRI annonce connaître cet individu depuis des années comme un terroriste potentiel. Il y a peut-être une raison objective, mais il y a un problème.

Cette faiblesse pourrait-elle provenir de l'orientation "politique" des renseignements sous Sarkozy que votre enquête dénonce ?

J'espère que non. Nous avons dénoncé la politisation des chefs et notamment du principal patron (Squarcini), ce n'est pas pour ça que ses services ne font pas correctement leur boulot. J'espère seulement que l'enquête n'a pas été perturbée à des fins politiques.

Recueilli par Geoffrey Le Guilcher

*L'espion du président Didier Hassoux, Christophe Labbe et Olivia Recasens. Editions Robert Laffont.  

**avec la Sdat (Sous-direction anti-terroriste), service dépendant de la police judiciaire.

***Probablement du fait que Mohamed Merah avait été arrêté en 2007 en Afghanistan après avoir posé des bombes dans la région de Kandahar mais s'était évadé quelques mois plus tard, a déclaré mercredi à Reuters le directeur des prisons de cette ville du Sud afghan.

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