Tout le monde ment, tout le monde ment, le gouvernement ment énormément …
Tout le monde ment, tout le monde ment, le gouvernement ment énormément …
Encore une manif cet après-midi, à laquelle je n’ai pas pu me rendre…
Alors, j’ai fouiné un peu, j’aime bien ça, fouiner, et sur les retraites, notamment… Sur ce que le grand chef Sarko et sa clique, et même la « gôche » (c’est vieux et éculé, mais ça fait toujours rire) et les syndicats godillots ont soigneusement passé sous silence …
Et j’ai trouvé un article intéressant dans « Alternatives économiques », signé par un professeur émérite d’économie à l’Université de Lille, Jean Gadrey.
Extraits :
Pratiquement tous les argumentaires du Conseil d’Orientation des Retraites, mais aussi des économistes de gauche hostiles à la réforme se fondent sur l’évolution d’un chiffre qui est le « ratio de dépendance vieillesse », défini comme le rapport entre le nombre de personnes âgées et la population en emploi. Et lorsqu’on ne regarde que ce chiffre, il fait apparaître une hausse très forte entre 2010 et 2050 : il passerait de 0,54 à 0,81, soit une progression de 50 %. Dur, dur ! Chaque actif aurait « sur le dos » le financement de 0,81 retraités contre seulement 0,54 aujourd’hui.
Et les retraités ne sont pas les seules personnes économiquement « dépendantes » des personnes en emploi. Les richesses produites par les actifs occupés sont aussi partagées avec les autres inactifs (jeunes ou moins jeunes) ainsi que les chômeurs. Le ratio de dépendance économique (personnes sans emploi/ personnes en emploi) permet de mesurer la charge globale qui pèsera sur les travailleurs de demain.
Son évolution est bien moins forte – quatre fois moins précisément – que celle du ratio de dépendance vieillesse : + 13,5 % en 40 ans. Tout simplement parce que l’augmentation de la proportion de personnes âgées sera, en partie, compensée par la diminution de la proportion de jeunes. Et, contrairement à une idée reçue, le coût « d’entretien » des personnes âgées n’est pas plus élevé que celui des jeunes.
Autrement dit, pour accompagner les changements socio-démographiques qui se profilent pour les quatre décennies à venir et préserver le niveau de vie de tous, la croissance nécessaire est de moins de 14 % sur l’ensemble de ces 40 années, soit seulement 0,3 % par an. Avec les œillères des retraites, on a donc un miroir déformant et fortement grossissant de la « charge » qui pèsera demain sur les travailleurs.
En clair, chaque actif n’a pas à se préparer à « porter un sac à dos » plus lourd de 50 % pour les « non actifs », mais seulement de 13,5 %, et cela change fondamentalement la perspective. Le catastrophisme n’est vraiment pas de mise dans ces conditions.
Source : INSEE
Le choix des mots sur ces questions n’est pas neutre. On avait déjà les « charges » sociales pour parler des cotisations sociales. On avait déjà les « prélèvements obligatoires » pour désigner ce que partout ailleurs dans le monde on appelle les recettes fiscales. On a inventé pour nous des ratios de « dépendance », histoire de bien nous faire comprendre que les retraités, les vieux, les personnes sans emploi et les jeunes sont un poids, une charge, un fardeau, qu’ils ne produisent aucune richesse, etc. Mais l’économie marchande et monétaire tout entière s’écroulerait en un jour si le travail domestique « non économique » n’était pas assuré, elle « dépend » elle aussi fortement de toutes les activités non rémunérées, de tous les liens sociaux qui l’entourent, de toutes les richesses autres que celles qui se vendent ou qui ont un coût en monnaie. Parlons de ratios socio-démographiques n’induisant pas de telles représentations alors qu’il est question de solidarité et d’interdépendance.
Jean Gadrey, 66 ans, est Professeur émérite d’économie à l’Université Lille 1. Ses domaines de recherche sont la « Socio-économie des services » et les « Nouveaux indicateurs de richesse », titres de deux livres récents publiés à La Découverte, coll. Repères. S’y ajoute le thème des inégalités, objet d’un essai « En finir avec les inégalités » (Mango, 2006). Il est membre du CNIS (Conseil National de l’Information Statistique). Il publie régulièrement des articles ou tribunes dans Alternatives économiques.
Et tout ça m’a fait penser à cette chanson :
Massilia sound system - tout le monde ment
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