Y'a quoi derrière le mur ?
texte mis en ligne le samedi 12 décembre 2009, - Lien permanent
Inutile de resservir la liste des périls qui menacent l’homme et sa planète. Cette énumération des degrés en trop, de l’eau qui monte, des espèces qui disparaissent, etc…est très bien faite par Nicolas Hulot, Jean-Louis Borloo, et désormais par tous les médias. C’est sûrement qu’il se passe quelque chose de dramatique sur la planète-Terre ! Mais le spectacle d’un monde ainsi défait, profitable à tous les Artus Bertrand, finit par épuiser l’intelligence.
Nous sommes confrontés, pourquoi ne pas dire acculés, à ce que certains nomment des crises, d’autres des murs, ou encore l’effondrement (1). La crise est souvent réversible, ce qui en fait un moindre mal pour les coupables ! et l’effondrement peut annoncer une remontée, mais vraisemblablement vers les mêmes réalités…, ou alors il signifie la mort ! Quant au mur, il est parfois franchissable… pourvu qu’on ne s’y écrase pas. Les périls de l’époque, partout évoqués, sont inédits de nature et d‘ampleur, ils sont aussi généralisés et pour certains déjà inévitables et ils semblent bien conduire à des murs. Mais, si on admet l’hypothèse qu’on survivra, la question qui surgit est : Y a t-il quelque chose derrière le mur ? Derrière le mur de l’économie capitaliste et de la compétition néolibérale, il peut y avoir un autre monde à jouir dont il faudrait s’emparer sans rien regretter. Mais derrière le mur de la biodiversité perdue, des climats agressifs et destructeurs, des épidémies et des famines attendues, on ne peut rien espérer de bon pour l’humanité et sa planète. Et la question se pose amèrement de savoir comment on en est arrivés là. Si on va dans le mur c’est parce qu’on a refusé de poser des limites, lesquelles sont des murs civilisés que l’homme peut construire pour éviter d’affronter les murs sans pitié qu’imposent les éléments naturels. La limite serait une mesure préventive, de précaution, mais on la repousse sans cesse vers le mur fatal, toujours plus loin parce qu’on ne croît pas à la catastrophe que figure ce mur ( comme le dit JP Dupuy) et/ou parce qu’on veut jouir au maximum, jusqu’au pied du mur. Par exemple le mur des espèces qui n’est pas mis à mal seulement par les OGM . Outre la « barrière naturelle », dans l’ordre biologique, il existe aussi une séparation culturelle entre l’humanité et le reste du monde vivant. Mais, avec la gestation pour autrui (GPA) ou les donneurs de gamètes anonymisés, on applique à l’humanité des technologies vétérinaires ; avec l’exigence de recherche sur l’embryon humain avant même des essais concluants chez l ‘animal, ou, comble de l’instrumentation, avec des embryons humains spécifiquement conçus pour servir d’objets manipulables, on va au plus vite et au plus gratifiant sans aucun respect pour notre espèce; avec le tri génétique des embryons on s’apprête à façonner l’humanité dans l’œuf comme on a sélectionné les bêtes…. Plus fort encore , avec les cyborgs on nous promet le comble d’une rupture anthropologique : des hybrides combinant l’homme avec l’animal mais aussi avec la machine … Nous ne sommes plus là dans la crise mais au moins dans l’effondrement car la disparition de valeurs communes à toute l’humanité sous la pression du modernisme mercantile est vraisemblablement définitive A l’issue de cette disparition, quels repères nouveaux permettraient de faire survivre l’humanité de l’homme ?