A QUAND LES OGM EN EUROPE ??

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New York, 16 mars 2008 (Afp) - Avec les cours du maïs et du soja au plus haut, les fabricants américains de semences génétiquement modifiées voient leurs affaires fleurir, malgré les réticences persistantes de l'Europe.

Dans le cadre d'un renchérissement généralisé des matières premières, maïs, soja et coton (une autre plante pouvant être génétiquement modifiée) coûtent plus chers que jamais, mais la chute du dollar les rend quand même abordables à l'export. Les agriculteurs américains s'en frottent les mains. Leurs fournisseurs, du vendeur de tracteurs au distributeur d'engrais, aussi. "Ils sont hautement dépendants des revenus des fermiers qui eux-mêmes résultent du prix des récoltes", explique Philip Miller, analyste de SIS Research. Parmi eux, ceux qui développent des semences génétiquement modifiées, conçues pour pourvoir résister à certaines maladies ou parasites et donc offrir un meilleur rendement des cultures, "ont tous bénéficié d'une demande croissante", souligne-t-il. Et cela plaît aux investisseurs.

Il l'a dit  -  A propos de l'Europe peu ouverte aux Ogm

Les fabricants américains de semences Ogm (organismes génétiquement modifiés (Ogm) « ont le sentiment que l'opposition finira par être sapée, parce que l'Europe devra se tourner vers des grands pays exportateurs qui cultivent des Ogm ».

Charles Benbrook, chercheur d'Organic center,
organisme d'informations scientifiques sur l'agriculture biologique

Le numéro un de la semence  Ogm, Monsanto, a vu son action doubler en un an. Le groupe de Saint-Louis, dans le Missouri (centre-est), a déjà relevé deux fois ses prévisions de bénéfices pour 2008 depuis le début de l'année. "En tant que leader mondial de l'agriculture biotechnologique, Monsanto profite des tendances en faveur de l'augmentation de la productivité agricole tout en diminuant la consommation d'énergie, d'eau, d'herbicides et d'insecticides", notaient récemment les analystes de Jefferies. "Les prix records du maïs et du soja, deux cultures majeures aux Etats-Unis où les variétés Ogm dominent, vont certainement amener les agriculteurs à augmenter les surfaces cultivées, ce qui profite aux fabricants d'Ogm et rend plus facile pour eux de vendre leurs produits plus cher", argumente Charles Benbrook, chercheur d'Organic center, un organisme d'informations scientifiques sur l'agriculture biologique.

« Les cultivateurs de maïs dépensent probablement trois fois plus en semences »

Pioneer Hi-Bred, filiale agricole du groupe chimique DuPont, va ainsi augmenter, en 2008, de 30 % la surface nécessaire pour produire ses semences de maïs, afin de répondre à la demande. Chez son concurrent, Dow Chemical, la filiale Agrosciences a été l'une des plus dynamiques du groupe, avec des ventes (semences et produits chimiques) records en 2007 (+11 %). Selon M. Benbrook, aux Etats-Unis, "les cultivateurs de maïs dépensent probablement trois fois plus en semences" qu'il y a dix ans. Or la moitié de la surface mondiale cultivée avec des Ogm se situe aux Etats-Unis, avec 57,7 millions d'hectares de soja, maïs, coton, colza, courges, papayes et luzerne en 2007, selon l'International service for the acquisition of agri-biotech applications (Isaaa), un organisme international qui promeut les Ogm. Et la facture de plus en plus lourde en céréales amène aux industriels de nouveaux acheteurs d'Ogm sur un plateau. Par exemple, la Corée du Sud a passé fin février sa première commande de maïs américain génétiquement modifié pour un usage alimentaire.

Dans ce contexte, la santé florissante de Monsanto et de ses concurrents semble faire fi du bras de fer commercial livré à l'Europe, dont les champs sont très peu ouverts aux graines modifiées et où le débat scientifique et politique sur le danger ou non des Ogm est vif. Le mois dernier, la France a interdit temporairement le maïs de Monsanto Mon810, qui était le seul cultivé sur le territoire hexagonal. Mais, forts de leur succès économique, "ils ont le sentiment que l'opposition finira par être sapée, parce que l'Europe devra se tourner vers des grands pays exportateurs qui cultivent des Ogm", considère M. Benbrook.

Source : AFP

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