Angolagate : Attali proteste de son innocence

Publié le par sceptix

Jacques Attali proteste de son innocence dans l'Angolagate

Jugé au procès des ventes d'armes à l'Angola notamment pour trafic d'influence, Jacques Attali a assuré au tribunal correctionnel de Paris qu'il n'avait oeuvré que pour combattre la pauvreté.

Le parquet reproche à l'ancien conseiller de François Mitterrand 160.000 dollars versés à sa société de consultants ACA par les vendeurs d'armes. Il est accusé d'avoir en contrepartie usé de son influence en 1997 auprès de son ami Hubert Védrine, alors ministre des Affaires étrangères.

Il s'agissait selon le parquet d'obtenir l'annulation d'un redressement fiscal de deux milliards de francs (300 millions d'euros) frappant ZTS-Osos, la société utilisée par les vendeurs d'armes Pierre Falcone et Arcady Gaydamak.

Jacques Attali a assuré qu'il ne connaissait rien des ventes d'armes et n'avait fait que donner des conseils à l'Angola, notamment en matière de micro-crédit, technique consistant à prêter de petites sommes à de petits artisans ou entrepreneurs boudés par les banques dans les pays pauvres, ce que fait la société Planet Finance qu'il dirige aujourd'hui.

"Ce n'était absolument pas une idée farfelue de faire du micro-crédit en Angola à ce moment-là", a-t-il expliqué.

L'accusation juge cette défense peu crédible concernant un pays alors plongé dans une guerre civile, entamée en 1975, qui a fait entre 300.000 et 500.000 morts.

Dans ce procès ouvert en octobre, il est l'une des personnalités présentées comme relais d'influence recrutés dans l'élite par les marchands d'armes, avec Jean-Christophe Mitterrand, fils de l'ancien président de la République, l'écrivain Paul-Loup Sulitzer ou encore l'ex-patron de RMC Jean-Noël Tassez.

Figure de l'intelligentsia de gauche, Jacques Attali, 64 ans, a été conseiller de François Mitterrand à l'Elysée (1981-1990). Diplômé de Polytechnique, des Mines, de l'ENA et de Sciences-Po Paris, essayiste et chroniqueur dans plusieurs médias, il a été nommé en 2007 par Nicolas Sarkozy président de la Commission française pour la libération de la croissance.

CONTRAT À NEUF MILLIONS DE DOLLARS

L'enquête a montré qu'il a rencontré Pierre Falcone le 14 novembre 1997, alors que le fisc français se montrait pressant. Le magazine L'Evénement du jeudi avait alors publié trois articles imputant à Pierre Falcone les ventes d'armes.

"M. Falcone s'est présenté comme un intermédiaire dans le pétrole et la publicité, je n'avais pas de raison de ne pas le croire. Nous avons parlé des réformes nécessaires en Angola et aussi du micro-crédit", a déclaré Jacques Attali.

Mais les agendas d'Allain Guilloux, avocat fiscaliste de Pierre Falcone, montrent qu'il a rencontré Jacques Attali deux jours plus tard et que le lendemain, le 17 novembre 1997, Jacques Attali a faxé à cet avocat le projet d'un contrat de "consulting" entre sa société ACA et l'Angola. Facture : trois millions de dollars par an durant trois ans au profit d'ACA.

L'ex-conseiller de François Mitterrand a nié tout pacte de trafic d'influence. Selon lui, la rencontre avec Me Guilloux était une rencontre amicale habituelle. "Il habitait près de chez moi et venait régulièrement prendre un café", a-t-il dit.

Quant au contrat avec l'Angola, il portait sur des conseils concernant la renégociation de la dette du pays et les réformes économiques, et il n'était pas cher, a-t-il dit. "Les banques d'affaires proposent ces mandats avec deux zéros de plus".

Jacques Attali est allé en Angola deux fois en 1998, dans des avions privés affrétés par Pierre Falcone qui a aussi payé la note finale de sa supposée mission de "consulting", plus modérée que prévu, 160.000 dollars.

Le tribunal doit examiner ces prochains jours ce que l'accusation présente comme les preuves de ses interventions auprès d'Hubert Védrine. Les commandements de payer du fisc aux vendeurs d'armes ont finalement été suspendus, jusqu'en 2001.

Jacques Attali a organisé une rencontre chez lui entre Me Guilloux et Hubert Védrine en septembre 1998, il a fait passer courrier et notes de l'avocat directement au ministre.

Édité par Gilles Trequesser

http://fr.news.yahoo.com/4/20090105/tts-france-justice-angola-attali-ca02f96.html

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