Airbus, AF447, CNRS, INRIA, délocalisations...

Publié le par sceptix

Le 14 juin, les médias français ont diffusé plusieurs renseignements qui laisseraient entendre que l'Airbus A330-220 du vol AF447 a pu subir une dislocation en plein vol. Jusqu'ici, Airbus et Air France ont rejeté cette hypothèse. Le frère d'un chercheur du Centre National de la Recherche Scientifique (CNRS) décédé dans l'accident a créé une association de défense des victimes afin d'obtenir une totale transparence. Précisément, dans un contexte de mise en cause de l'avenir et des missions d'organismes publics de recherche comme le CNRS ou l'INRIA (Institut National de Recherche en Informatique et en Automatique), et plus globalement des services publics chargés de la recherche et de la technologie, la question des moyens dont disposeront les pouvoirs publics pour contrôler le fonctionnement des grands groupes industriels se pose avec une actualité évidente. Celle de la délocalisation de la recherche scientifique et technologique, également.

 

Les appels à la prudence de la part d'EADS et d'Airbus, en ce qui concerne la recherche d'explications de l'accident qui a coûté la vie à 228 personnes, sont assortis de références très vagues à des hypothétiques « différentes causes ».

Mais les citoyens peuvent se poser un certain nombre de questions, si on pense que de tels méga-programmes industriels ont été souvent présentés comme la « réserve » des pays occidentaux dans une stratégie globale de privatisation et de délocalisation de l'industrie, de la recherche et de la technologie.

A présent, cette même stratégie va jusqu'à mettre en cause l'existence du CNRS, de l'INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale), de l'INRIA, de l'INRA (Institut National de la Santé et de la Recherche Agronomique) et d'autres établissements publics de recherche scientifique et technologique. Que restera-til vraiment pour soutenir la souveraineté et les économies des pays occidentaux ?

Il semble bien que la politique de délocalisations suivie depuis deux décennies se soit soldée par une débâcle sans précédent. La situation politique, sociale et financière des Etats-Unis en témoigne largement.

 

Au cours de sa campagne électorale, Barack Obama a reconnu que l'éducation fournie aux citoyens des Etats-Unis est très insuffisante et que la Chine est devenue le premier exportateur mondial de brevets. Quant à la crise financière, a-t-on vraiment analysé ses causes profondes ? Et qu'en est-il de la France ?

Non seulement la recherche publique actuellement menacée dans des pays comme la France avait toujours été présentée comme un pilier de l'économie, mais elle était également une garante de l'indépendance des pouvoirs publics. Si cette composante essentielle du patrimoine public disparaît, qui pourra fournir à l'Etat les moyens permettant de contrôler de manière vraiment indépendante le fonctionnement des grands groupes industriels ?

La question se pose d'ailleurs dans un vaste éventail d'activités , y compris en ce qui concerne la nocivité eventuelle des produits chimiques, la pollution, les nanoparticules, l'environnement...

Le monde politique a évité de répondre clairement à cette question essentielle au cours de la campagne des élections au Parlement Européen. Ce n'est pas la seule interrogation restée sans réponse dans les débats des années récentes.

Et quel est le prix humain des délocalisations, qu'il s'agisse de la France ou des pays qui en sont destinataires ?

 

D'après un communiqué du CNRS, deux chercheurs sont décédés dans cet accident : Ivan Lorgeré, du Laboratoire Aimé Cotton, et Olivier Guillot-Noël, du Laboratoire de chimie de la matière condensée (unité mixte de l’Université Pierre et Marie Curie, de l’Ecole Nationale Supérieure de Chimie de Paris, du Collège de France et du CNRS).

 

Luis Gonzalez-Mestres
lgm_sci@yahoo.fr
http://scientia.blog.lemonde.fr
http://notresiecle.blogs.courrierinternational.com


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