Le conseiller retraites de Hollande ne pense pas revenir sur l'âge légal à 62 ans

Publié le par Charlotte sceptix

 

Le conseiller retraites de Hollande ne pense pas revenir sur l'âge légal à 62 ans

info libéLors d'un colloque hier, Pascal Terrasse a expliqué qu'il ne croyait pas à un retour sur l'âge légal à 60 ans, contrairement au projet du PS. Il affirme avoir parlé à titre personnel.


Par CÉDRIC MATHIOT

(Libération)

C’est une des attaques les plus frontales auxquelles Martine Aubry s'est livrée, hier, lors du débat télévisé qui l'a opposée à François Hollande. Après Benoît Hamon, vendredi, la maire de Lille a de nouveau mis en doute la volonté de Hollande de rétablir réellement l'âge légal de la retraite à 60 ans. Pour cela, elle s’est appuyée sur une déclaration de Pascal Terrasse, député de l’Ardèche, fin connaisseur du sujet (il est membre du Conseil d'Orientation des Retraites) et surtout conseiller retraites de François Hollande.

Alors que Hollande a affirmé son engagement de revenir à l'âge légal, Aubry lâche: «Cela veut dire que tu n’es pas d’accord avec Pascal Terrasse... qui te conseille sur ces questions, et qui vient de nous expliquer qu’il faut passer de 60 à 65 ans»... «Pascal Terrasse, précise David Pujadas, qui est un des proches de François Hollande...» Aubry continue: «Il conseille François Hollande sur ces questions. Il y a une dépêche qui dit, j’ai pas bien compris, qu’il fallait porter l’âge légal de 60 à 65 ans. Je n’imagine pas que tu puisses être d’accord là-dessus...» Hollande: «Peut-être que tu as mal compris». Aubry: «Malheureusement, j’ai bien compris.» Le débat s'arrêtera là, lourd de sous-entendus.

Martine Aubry fait allusion à une dépêche de l'AEF, agence spécialisée, relatant un colloque sur la dépendance, organisé mecredi matin par Silverlife, institut de recherche sur l'économie du vieillissement. La dépêche est titrée: «Les socialistes ne reviendront pas sur les 62 ans.» Elle est basée sur les déclarations de Pascal Terrasse, principal invité de la matinée.

Démenti

Preuve du caractère possiblement embarrassant de la polémique, Terrasse avait démenti immédiatement sur son blog, mercredi:

«Suite à des mauvaises interprétations de propos que j'aurais tenus dans le cadre de discussions avec des journalistes, et à une dépêche à laquelle j'ai apporté un démenti formel, permettez-moi de rappeler quelle est ma position à ce sujet - position qui, comme vous pourrez le constater, n'a pas changé depuis le vote de la réforme injuste par la majorité l'année dernière !

Les procès d'intention et la mauvaise foi n'ont pas leur place dans notre parti ni dans notre démocratie. Je ne mens pas à mes concitoyens, et mon discours sur les retraites a toujours été clair, cohérent et responsable, comme les extraits ci-dessous en témoignent. La responsabilité qui sera celle de la gauche si elle obtient la confiance des Français en 2012, ce sera de dire la vérité aux Français et de tenir les engagements pris pendant la campagne. Face à une droite dure, qui n'écoute plus nos concitoyens, bafoue nos valeurs et sape les acquis sociaux durement conquis par la gauche, la nécessité de victoire aux prochaines échéances électorales est un enjeu trop grand pour que quiconque ne se livre à des interprétations et à des allégations calomnieuses et scandaleuses».

Mais voilà, l'AEF n'a pas mal compris Terrasse. Et Aubry n’a pas mal compris l'AEF. Car l’enregistrement de l’intervention du conseiller de Hollande, que nous nous sommes procuré, est très clair. Interrogé par un participant sur le projet de revenir à la retraite à 60 ans, Terrasse fait d'abord rire l’auditoire en lâchant: «Il y a ce que les gens ont compris, ce que dit le PS, et ce qu’on fera. C’est trois choses différentes.» Et sur la question de l'âge légal porté à 62 ans par la réforme de novembre 2010, il affirme ainsi: «Compte tenu de la situation de la Cnav [Caisse nationale d'assurance vieillesse], et de ses déficits, je ne pense pas honnêtement qu’on reviendra sur la borne d’âge», avant d'évoquer un passage à 65 ans.

Voilà le verbatim de sa prise de parole :

«Il y a à la fois ce que les gens ont compris, ce que dit le PS, et ce qu’on fera. C’est trois choses différentes...C’est compliqué. Ce que les gens ont compris, c’est les socialistes, s’ils reviennent au pouvoir, vont remettre la retraite à 60 ans [à taux plein pour tout le monde]. Ca , ça n’a jamais été dit.Après, il y a la partie projet, c’est moi qui l’ai rédigée, je suis quand même bien placé. Je dis simplement que l’on acte le principe de l’allongement de la durée de cotisation: 41,5 années. Ca, on l’a acté. Pour avoir sa retraite à taux plein, il faut avoir 41,5 années. Et nous disons qu’on pouvait partir à 60 ans dès lors qu’on a ses 41,5 années. On est sur le principe retraite à la carte. Si vous partez avant, vous pouvez, mais là vous avez une décote. Etc, etc..

Sauf que, disons nous la vérité, ce qui rapporte de l’argent aux caisses, ce n’est pas vraiment l’allongement de la durée de cotisation. C’est la borne d’âge. Ca rapporte beaucoup d’argent. C’est la raison pour laquelle les 62 ans ont été donnés comme horizon. Là où en France on a une réforme dure, c’est que la durée de cotisation est beaucoup plus longue qu’ailleurs, et une borne d’âge qui est un peu plus courte que les autres pays européens. En Allemagne par exemple, la durée de cotisation, contrairement à ce qu’on pense, est beaucoup plus courte, mais une borne d’âge plus élevée. Parce que la borne d’âge rapporte directement, c’est du lourd, c’est du concret, il faut attendre pour avoir sa retraite. Ca veut dire que la borne d’âge est utile. Je vais vous dire ce que je pense. Compte tenu de la situation de la Cnav, et de ses déficits, je ne pense pas honnêtement qu’on reviendra sur la borne d’âge. La vérité c’est qu’il faut qu’on aille à 65 ans sur la borne d’âge, pour arriver à trouver un équilibre financier compte tenu des enjeux démographiques lourds que nous avons. Mais si l’on dit qu’on va à 65 ans sur la borne d’âge, à ce moment-là, il va falloir qu’on trouve quelques dispositifs pour adoucir la douleur. Parce que c’est dur. Moi je plaide depuis très longtemps pour la mise en place de dispositifs de pénibilité qui n’ont pas été mis en place.»

Interrogé par Libération, Pascal Terrasse a affirmé : «être tombé dans un piège. Je ne savais pas que des journalistes étaient présents. C'étaient des propos privés. Je n'ai pas parlé en qualité de conseiller de François Hollande, et ce qui a été dit ne correspond pas à ses positions»

Publié dans Russie

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