Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

Viols d'enfants : la fin du silence ?

Publié le par Charlotte sceptix

Viols d'enfants : la fin du silence ? (vidéo sous l'article)

est un reportage télévisé diffusé en 1999 sur France 3 dans l'émission Paroles d'enfants, réalisé par les journalistes Pascale Justice, Stéphane Taponier et Cécile Toulec, et présenté par Élise Lucet.

Le reportage évoque des allégations de viols pédophiles dont auraient été victimes un frère et une sœur, désignés dans le reportage sous les pseudonymes de Pierre (né en 1989) et Marie (née en 1986), et qui affirment que leur père et d'autres adultes les auraient violés à différentes reprises durant des cérémonies à caractère sectaire. Le reportage met en relief l'existence d'un réseau pédophile qui bénéficierait de protections au sein des instances dirigeantes de la justice et de la politique française.

Le reportage fut diffusé le 27 mars 1999 à une heure tardive1.

Ce reportage sera le sujet d'une importante polémique quant à la rigueur de son contenu.

Les témoignages[modifier]

Les témoignages et dessins des enfants, entrecoupés de pleurs, révèlent des rites pédo-sectaires : hommes et femmes en robe blanche ou rouge à bords dorés, arborant sur leur poitrine le symbole d'un triangle dans un cercle, tenant parfois des crucifix, iront jusqu'à décapiter des enfants devant eux et à placer leur têtes sur des piques, autour d'une grande statue centrale. De nombreuses personnes auraient été présentes. Une salle où les hommes violeraient les petites filles et une autre où des femmes violeraient des petits garçons est alors décrite. Les enfants auraient également subis des séances d'hypnose au pendule. Les dessins ont été recueillis par le docteur pédopsychiatre M. Saborin. En octobre 1996, la mère porte plainte à la brigade de protection des mineurs contre son mari, un ostéopathe parisien. Le dossier est alors confié à un juge d'instruction qui met le mari sous écoute téléphonique. Certains de ses amis sont alors identifiés et reliés à l'affaire.

La transcription des bandes des écoutes téléphoniques du père durant l'émission révèlerait que celui-ci aurait disposé d'une personne informatrice dans le cabinet du juge pour mineurs. La première confrontation père-fille se déroule sans l'avocate de celle-ci, Maître Catherine Lardon-Galeote, le 5 mars 1997. Le père est mis en examen le lendemain. La justice l'autorise à revoir ses enfants un mois après sa mise en examen. En avril 1998, la juge d'instruction confronte à nouveau père et enfants, en présence d'un avocat choisi par la justice, Maître Patricia Guertzon-Blimbaum. Selon Marie, la juge aurait omis de faire inscrire des éléments dont elle aurait témoigné, et son avocat n'aurait rien dit, et lui aurait même conseillé de laisser tomber l'affaire car sinon la justice allait encore devoir l'ennuyer avec les procédures. Selon Philippe Mazet, chef du service de pédopsychiatrie à l'hôpital de la Salpêtrière, qui ne sera pas entendu par la justice, le témoignage des enfants est crédible.

Selon le sociologue Paul Ariès, leur témoignage est crédible, moyennant une analyse rigoureuse du témoignage tenant compte qu'ils ont peut-être été drogués. Pour maître Monique Smadja-Epstein, l'avocat du père des enfants, c'est leur imagination qui est en cause. Le 30 novembre 1998, la juge d'instruction ordonne un non-lieu dans l'affaire. La mère fera recours contre cette décision, avec l'appui du député vaudois Georges Glatz et de son association (Comité international pour la dignité de l'enfant, CIDE) basée à Lausanne, qui permettra d'établir des liens entre cette affaire et celle de « Sylvie » (prénom fictif attribué dans l'émission), une Alsacienne, pour l'affaire dont la mère a porté plainte en août 1997 en mettant en cause son mari, le grand-père et la grand-mère de l'enfant, qui auraient conduit Sylvie à Paris pour des soirées du même genre que celles de Pierre et Marie, qui se révèleront être exactement les mêmes soirées. Ainsi, Pierre et Marie reconnaitront sur photos les abuseurs de Sylvie qui reconnaitra sur photo les abuseurs de Pierre et Marie, dans les locaux du CIDE.

Le CIDE écrira alors au procureur du tribunal de grande instance de Paris pour lui signifier un élément nouveau dans le dossier, justifiant un recours contre le non-lieu précédemment décidé. Sylvie désignera dans son témoignage l'assassinat d'une enfant, une certaine Marguerite. Sylvie a désormais une peur panique de tout ce qui ressemble à un homme qu'elle ne connait pas. Dans un enregistrement sur répondeur fait par un ami du père sur son téléphone, cet ami évoque la préparation de « weekends diaboliques ». Après avoir désigné un juge d'instruction pour s'occuper de l'affaire, la justice confiera la garde au père. Selon Marc Montagnon, procureur adjoint au tribunal de grande instance de Strasbourg, le dossier a donné lieu à un va-et-vient inhabituellement long entre les parquets de Paris et Strasbourg pour instruire l'affaire. La mère de Sylvie s'enfuit alors avec ses enfants à l'étranger. La mère de Pierre et Marie, malgré l'aide du CIDE, verra son recours débouté le 6 mai 1999, la mise en examen de son mari levée et la garde des enfants rétablie pour lui. Elle partira alors s'établir à l'étranger.

Le débat[modifier]

En fin d'émission, un débat modéré par Élise Lucet s'ensuivit. Parmi les invités : la députée socialiste et ancienne ministre de la Jeunesse et des Sports Frédérique Bredin, la thérapeute familiale Martine Nisse, le commissaire de la sureté Jean-Yves Leguennec, Martine Bouillon, Georges Glatz, député au Grand Conseil du canton de Vaud et délégué du CIDE2. Ce dernier évoque l'affaire des CD de Zandvoort. Il explique une partie du fonctionnement de l'économie lucrative de ces réseaux pédophiles, évoquant des snuff movies sur DVD d'enfants violés et tués vendus 20 000 francs suisses sous le manteau.

Suites[modifier]

Martine Bouillon, substitut du procureur de Bobigny et administratrice de l'association La Voix de l'enfant, auteur de Viol d'anges chez Calmann-Lévy en 1997, affirma au cours de l'émission « avoir eu connaissance, en région parisienne, de charniers d'enfants », affaire pour laquelle une instruction était censée être en cours. Ce qui fut infirmé par les autorités judiciaires3 en la personne de Madame la ministre de la Justice, Élisabeth Guigou, qui a démenti l'existence d'une enquête judiciaire en cours sur la découverte d'un charnier d'enfants en Seine-et-Marne. Tous les parquets de la région Île-de-France ont formellement démenti cette information4.

Le Conseil supérieur de l'audiovisuel a apporté ses réserves sur l'émission quant à la citation des écoutes téléphoniques qui, sorties de leur contexte, pouvaient voir leur sens modifié ainsi que pour les propos de la magistrate Martine Bouillon5.

Une partie de l'émission Arrêt sur images du 21 mai 2000 fut consacrée à analyser l'émission de FR3.

 

 

J'ai retrouvé cet article sur Pascale Justice la journaliste ayant rréalisé ce reportage

Paru dans Technikart n° 58
••• Sur France 3, Pascale Justice enquête depuis plusieurs années sur les réseaux pédophiles. Un parcours du combattant qui dérange pas mal de monde.
Souvenez-vous : il y a deux ans, Technikart évoquait le documentaire Paroles d’enfants et révélait les nombreuses difficultés rencontrées par son auteur, la journaliste de France 3, Pascale Justice, au moment de la réalisation et de la diffusion de son enquête. Dans le film, on découvrait médusé l’histoire de Pierre et Marie, frère et sœur se disant victimes d’actes pédophiles et dont le témoignage n’avait pas convaincu la justice. Avec une douleur manifeste et à l’aide de dessins, ces deux enfants expliquaient à la journaliste comment leur père les avait contraints à participer à d’étranges messes noires qui dégénéraient en orgies sexuelles, voire en sacrifices humains. A l’issue des cinquante-deux minutes, deux réflexions nous parvenaient au cortex : 1 / Ouahou, ça c’est du vrai travail d’investigation ! 2 / Face à une telle détresse, que font les institutions ? C’est pour donner une suite à ce double mouvement d’humeur interro-exclamatif et pour lui poser quelques questions que nous avons repris contact avec Pascale Justice. A quoi ressemble la vie d’une journaliste d’investigation ? Quelles répercussions concrètes peut avoir un travail comme le sien sur le reste de la société ? Premier constat : il n’est pas de tout repos de vouloir dévoiler des choses cachées. Après la diffusion du documentaire, Pascale Justice a été l’objet de violentes attaques de la part des médias, les plus acides émanant de Libération et de Daniel Schneidermann, procureur multicartes œuvrant pour le Monde et Arrêt sur images. Ces boutiquiers lui reprochaient notamment d’avoir sorti de leurs contextes certains propos téléphoniques du père des enfants et de les avoir utilisés de manière abusive. « Faux, se défend l’intéressée. Même s’il est vrai que certains propos ont été sortis de leur contexte — on ne peut pas tout diffuser —, je n’ai jamais trahi le sens profond. Dans cette histoire, Libé n’a même pas cherché à me contacter. » Face à ces premières attaques, Pascale Justice se fend d’explications écrites auprès de sa direction. « Ils m’ont assurée de leur soutien, explique l’élégante investigatrice, mais n’ont pas jugé utile de faire paraître de droit de réponse. A l’intérieur de la rédaction, certaines voix s’élevaient pour dire que j’avais discrédité la chaîne. » L’histoire se corse quelques semaines plus tard lorsque le père des enfants attaque en diffamation la société France Télévision ainsi que la journaliste. « Là, je me suis dit : voilà l’occasion de m’expliquer publiquement ! J’ai passé plus de trois heures à la barre. Curieusement, les questions de la présidente ne portaient pas sur l’objet du procès mais sur le fait que j’avais mis en cause la police et la justice. J’ai eu le sentiment que des comptes se réglaient à cette occasion de manière détournée. » A l’issue du procès, Pascale Justice est condamnée, ainsi que le président de France Télévision, Elise Lucet (qui animait la soirée consacrée à Paroles d’enfants) et la mère de Pierre et Marie (pour son témoignage dans le documentaire). « Le plus ahurissant, c’est que, dans le jugement, on a qualifié mon travail de “militant”. Je me suis à nouveau expliquée par écrit auprès de ma direction et France 3 n’a pas jugé nécessaire de faire appel. Je me suis donc soumise à leur décision. » «DES REVELATIONS SUR L’AFFAIRE DUTROUX» Tout en continuant à réaliser des sujets pour le 12-13 et le 19-20 de France 3, Pascale Justice approfondit ses dossiers, n’hésitant pas à prendre sur son temps personnel. Son opiniâtreté est époustouflante et, face à autant d’ardeur à la tâche, certains collègues commencent à la regarder comme une malade mentale, une passionaria de l’enfance abusée. En septembre 2000, elle revient à la charge. « J’ai proposé trois sujets à la direction, deux concernant la France et un sur l’affaire Dutroux. Sur ce dernier sujet, je venais de récupérer des documents ENORMES. » Après moult atermoiements, le principe d’une diffusion semble accepté. On arrive déjà à la fin de l’article et on n’a pas dit la moitié de ce qu’on voulait dire. Dommage. En lui présentant nos excuses pour le côté ric rac de cet exposé, nous laissons le mot de la fin à celle qui ne se voit pas comme une journaliste d’investigation, mais comme une journaliste tout court. Pascale Justice : « Ce que je constate, notamment en m’appuyant sur un récent sondage de Télérama, c’est qu’il y a une véritable demande d’information de la part du public sur les questions de pédophilie en réseaux. Je suis très étonnée de ne pas voir un engouement journalistique proportionnel. Sur cette question, il y a une sorte de profond tabou, comme sur la question du viol des femmes il y a quelques décennies. » A méditer pendant les coupures pub de Zone interdite. In article « Investigator ».
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article