Les merveilleux succès de l'Otan en Afghanistan

Publié le par sceptix

 

Des renforts de l'OTAN pour protéger Kaboul des talibans
LE MONDE | 09.12.08
 
Les forces de la coalition internationale en Afghanistan ne cachent désormais plus leur inquiétude face à l'insécurité croissante qui règne dans le pays et notamment à Kaboul, la capitale du pays.
 
L'armée américaine a confirmé, lundi 8 décembre, que la nouvelle brigade américaine de 4 000 hommes qui doit s'ajouter aux 70 000 soldats de l'OTAN déjà sur place sera déployée aux portes de Kaboul. Même si un bataillon sera envoyé dans la province très instable de Kunar, à la frontière afghano-pakistanaise, cette annonce officialise la détérioration de la situation, y compris dans la ville la plus sécurisée du pays.
 
Ces derniers mois, Kaboul s'est transformée en véritable bunker, les ambassades et la plupart des bâtiments officiels, ceints de hauts murs de béton, sont devenus quasi inaccessibles.
 
Les assassinats et enlèvements ciblant des humanitaires et des journalistes se sont multipliés autour et dans la capitale. Des attaques spectaculaires ont visé, en 2008, les grands hôtels de Kaboul, l'ambassade d'Inde, deux ministères afghans et le président Hamid Karzaï. Les insurgés, notamment ceux dirigés par le chef rallié aux talibans Sirajuddin Haqqani, s'y meuvent à leur guise.
 
La nomination, mi-octobre, d'un nouveau ministre de l'intérieur, Mohammad Hamif Atmar, salué par la communauté internationale pour ses compétences, n'a pas fait oublier que la responsabilité de la sécurité de Kaboul avait été confiée, cet été, aux Afghans par la France, en charge de la région centre. Une passation de pouvoir présentée comme symbolique de la stratégie de l'OTAN en Afghanistan.
 
L'arrivée des renforts aux portes de Kaboul sonne comme un aveu d'impuissance. L'armée américaine tente désormais de sécuriser les abords de la capitale, au sud, à l'ouest et à l'est. Trois accès sur quatre autour de Kaboul ne sont plus sûrs tant pour les étrangers que pour les Afghans. Seule la vallée du Panshir, au nord, reste accessible. Parmi les secteurs à risque figure le district de Saroubi, à une heure de route de Kaboul où les dix soldats français ont été tués le 18 août.
 
L'INSURRECTION "STIMULÉE"
 
"Les insurgés ne prendront jamais Kaboul tant que l'OTAN est là mais la pression ne cesse de croître", concède une source américaine à Kaboul. L'état-major américain, en Afghanistan, a indiqué, lundi, que "ni le harcèlement ni les attaques des convois d'approvisionnement ne mettaient en danger la coalition".
 
Une organisation non gouvernementale, le Conseil international sur la sécurité et le développement, a estimé, lundi, que les talibans et leurs alliés étaient présents dans "deux tiers du territoire en 2008, contre la moitié en 2007". Le mollah Omar, chef des talibans, a assuré, dimanche, que les renforts "stimuleraient l'insurrection" et il prédit que les pertes de la coalition, "qui se comptent par dizaines, se multiplieront pour se compter par centaines".
 
Jacques Follorou
Article paru dans l'édition du 10.12.08.

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Selon un rapport controversé, les talibans contrôleraient près des trois quarts de l'Afghanistan
LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 08.12.08
 
Les talibans auraient une présence permanente dans 72 % de l'Afghanistan en 2008, contre 54 % l'année dernière, et ils menaceraient trois des quatre principales voies d'accès à Kaboul, selon une étude publiée lundi 8 décembre par un centre de réflexion européen, le Conseil international sur la sécurité et le développement (ICOS, ex-Conseil de Senlis).
 
La notion de "présence permanente" renvoie à au moins une attaque recensée par semaine, selon l'ICOS. "Confiants dans leur expansion en dehors du Sud rural, les talibans sont aux portes de la capitale et s'infiltrent dans la ville à leur guise. Sur les quatre accès menant à Kaboul, trois sont compromis par l'activité des talibans", selon cette étude. "Après sept années d'occasions manquées, (...) les talibans constituent de facto le pouvoir en place dans un bon nombre de villes et de villages dans le Sud", estime l'ICOS.
 
ASPHYXIE DE KABOUL
 
Vers l'ouest, "la route n'est plus sûre tant pour les Afghans que pour les étrangers, dès l'entrée dans la province de Wardak, à trente minutes des limites de Kaboul. La route du sud à travers la province de Logar n'est pas sûre non plus. Vers l'est, en direction de Jalalabad, le district de Saroubi à une heure de route n'est pas sûr non plus", détaille le rapport. "En bloquant les voies d'accès, les talibans asphyxient la capitale et établissent des bases à proximité, à partir desquelles ils peuvent lancer des attaques dans Kaboul. (...) Cette dynamique a créé un environnement favorable au développement des activités criminelles, et les liens entre talibans et organisations criminelles sont tels qu'il est de plus en plus difficile de distinguer les uns des autres", souligne le Conseil.
 
Encore plus grave, les talibans sont en train de gagner la confiance de la population, selon le rapport. "En s'appuyant sur les motifs locaux de mécontentement contre l'OTAN et le gouvernement de Kaboul, de l'éradication des champs d'opium aux pertes civiles dans les bombardements, du chômage très élevé au sous-développement chronique en dépit des milliards de dollars d'aide, l'insurrection a réussi à élargir sa base de soutien traditionnel et a gagné une légitimité politique parmi de nombreux Afghans", juge le Conseil. Entre janvier et août 2008, les Nations unies ont dénombré 393 civils tués dans des frappes aériennes.
 
Les conclusions de l'ICOS sont pourtant mises en doute. "Ce chiffre ne nous paraît absolument pas crédible. Les talibans ne sont présents que dans le Sud et dans l'Est, ce qui représente déjà moins de 50 % du pays", estime le porte-parole de l'OTAN, James Appathurai. Pour certains spécialistes des questions de sécurité, le rapport de l'ICOS, même s'il reflète un sentiment assez répandu en Afghanistan, contient un certain nombre d'erreurs évidentes et tire des conclusions fausses.
 
Ce rapport est présenté au moment où le mollah Mohammad Omar, chef des talibans, appelle, à l'occasion de la fête religieuse musulmane de l'Aïd al-Adha, les Afghans à s'unir contre les "occupants" et à ne pas participer à l'élection présidentielle en 2009. Cet appel intervient alors que les Etats-Unis annoncent le déploiement de forces supplémentaires aux abords de Kaboul pour en protéger les accès
 
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L'Otan "préoccupée" par les attaques contre ses camions
lundi 8 déc
 
BRUXELLES (AFP) - L'Otan s'est dite lundi "préoccupée" par la répétition des attaques des talibans contre ses camions au Pakistan mais a affirmé qu'elles n'avaient pas d'impact sur l'approvisionnement et la capacité d'action de ses troupes en Afghanistan.
 
"Certes, c'est une cause de préoccupation pour nous, mais des incidents de ce genre n'ont pas d'impact stratégique. Nous avons d'autres voies pour acheminer le matériel à nos troupes", a déclaré à l'AFP un porte-parole de l'Alliance atlantique.
 
"Nous continuons d'avoir les approvisionnements nécessaires", a-t-il assuré.
 
L'Isaf sous commandement Otan peut aussi compter sur l'acheminement de matériel par la voie aérienne, en attendant la conclusion d'accords de transit ferroviaire pour le matériel non létal négociés avec les Républiques d'Asie centrale pour compléter celui déjà conclu cette année avec la Russie.
 
Des talibans ont incendié lundi près de Peshawar, dans le nord-ouest du Pakistan, une centaine de véhicules de l'Otan, dont 50 camions servant à approvisionner l'Isaf.
 
Déjà dimanche, 250 talibans avaient pris d'assaut deux dépôts de l'Otan, également près de Peshawar, tuant un gardien et incendiant plus de 200 camions et d'autres véhicules transportant des équipements pour les 53.000 soldats de l'Isaf.
 
Un chef taliban pakistanais avait averti fin novembre que les insurgés chercheraient à bloquer l'approvisionnement des troupes de l'Isaf ainsi que de celles placées sous commandement direct américain en Afghanistan.
 
Il y a moins d'une semaine, des talibans avaient mis le feu à Peshawar à une dizaine de poids-lourds bourrés d'équipements pour l'Otan.
 
Le porte-parole de l'Otan a souligné que le gouvernement pakistanais avait déjà apporté son aide en escortant des convois destinés à l'Isaf et empruntant la passe de Khyber, proche de Peshawar, et continuerait de le faire.
 
A la mi-novembre, après une attaque des talibans, le Pakistan avait interrompu pendant une semaine la traversée de la passe avant de la rouvrir au trafic sous la protection de ses soldats.
 
Le commandant en chef de l'armée pakistanaise, le général Ashfaq Kayani, reçu par l'Otan à Bruxelles, s'était engagé le 19 novembre à protéger l'approvisionnement des troupes internationales en Afghanistan.

Roland Marounek à alerte_otan

Publié dans OTAN-défense - ONU

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