La Russie dénonce l'activité de l'OTAN en Arctique

Publié le par sceptix

Récemment (cf http://fr.groups.yahoo.com/group/alerte_otan/message/1871) Jaap de Hoop Scheffer citait parmi les "thèmes à débattre sérieusement" pour l'élaboration du nouveau concept stratégique de l'Otan celui du "changement climatique". On pourrait se demander ce que vient faire alliance prétendument défensive de l'Europe là dedans. Le secrétaire général y répond
«...dans le Grand Nord, où la fonte de la calotte glaciaire est une réalité, on notera avec satisfaction que le changement climatique n'a pas encore fait monter la tension.  Mais cette possibilité existe, des ambitions s'expriment, et nous devons être prêts à réagir.  Sécurité énergétique et changement climatique sont d'ailleurs deux thèmes qui soulignent également la nécessité pour l'Alliance de repenser fondamentalement sa doctrine maritime. »
L'alliance "défensive" se positionne pour que les ressources nouvellement accessibles soient bien aux mains de l'Occident.
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La Russie dénonce l'activité de l'OTAN en Arctique
 
Agence France-Presse, 26 mars
Moscou
 
Le ministère russe des Affaires étrangères a dénoncé jeudi l'activité croissante de l'OTAN en Arctique, estimant qu'elle portait atteinte à une coopération efficace entre les pays riverains.
 
«Nous sommes convaincus que l'activité de l'OTAN que nous observons en Arctique peut entraîner la destruction du modèle constructif de coopération entre les pays riverains», a estimé le porte-parole du ministère russe, Andreï Nesterenko, lors d'un point de presse.«Des défis communs se dressent devant les pays de la région: changement climatique, recul de la banquise et d'autres. Des organisations internationales tel que le Conseil arctique travaillent sur ces problèmes et ils doivent être réglés sans la participation des acteurs non régionaux», a souligné M. Nesterenko.
 
Le secrétaire général de l'OTAN, Jaap de Hoop Scheffer, avait déclaré fin janvier que l'Alliance atlantique devrait accroître son rôle dans l'Arctique et pourrait contribuer à la lutte contre les désastres écologiques et aux secours en mer.
 
Quatre des cinq nations riveraines (Etats-Unis, Canada, Danemark, Norvège) sont membres de l'OTAN. La Russie est la cinquième.
 
Après avoir déserté la région après la fin de la guerre froide, la Russie affiche depuis quelques années un intérêt croissant pour l'Arctique. Elle y multiplie les exercices militaires et revendique notamment une extension de son domaine maritime jusqu'au pôle Nord.
 
Plusieurs pays occidentaux revendiquent aussi une portion de l'Arctique, dont le Canada et le Danemark, et y renforcent leur présence militaire.
 
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Arctique: l'OTAN pourrait entraver la coopération entre Etats riverains
 
MOSCOU, 26 mars - RIA Novosti. L'activité de l'OTAN en Arctique pourrait violer le schéma actuel de coopération entre les Etats riverains, a indiqué jeudi le porte-parole de la diplomatie russe Andreï Nesterenko lors d'un point de presse à Moscou.
 
"Nous sommes convaincus que l'activité de l'OTAN en Arctique pourrait dévoyer le schéma constructif actuel de coopération entre les Etats riverains, et stériliser l'ordre du jour pour la région arctique", a poursuivi M.Nesterenko.
 
Selon lui, les questions régionales doivent être résolues sans implication des acteurs n'ayant pas de rapport avec la région.
 
Début janvier 2009, le secrétaire général de l'OTAN Jaap de Hoop Scheffer a fait savoir que l'Alliance avait besoin d'une présence militaire en Arctique.
 
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La ruée vers l'or noir dans l'enfer arctique
Arielle Thedrel, envoyée spéciale à Khariaga
23/03/2009
http://www.lefigaro.fr/international/2009/03/19/01003-20090319ARTFIG00504-la-ruee-vers-l-or-noir-dans-l-enfer-arctique-.php
 
La fonte de la calotte polaire s'accélère inexorablement et, avec elle, la compétition pour le contrôle des fabuleuses richesses du pôle Nord.
 
Depuis Moscou, il faut plus de deux heures de vol pour atteindre Usinsk. De toute évidence, le Tupolev 134 qui y mène n'a jamais été rénové depuis son entrée en fonction dans les années 1970. Mais le pilote est un virtuose à en juger l'atterrissage sur un tarmac tapissé d'une épaisse couche de neige qui aurait semé la panique à Roissy pendant au moins 48 heures.
 
Usinsk, cité-dortoir de 44 000 habitants agrémentée de deux églises orthodoxes, d'une mosquée, d'un hôpital et d'un casino, est un fief de la compagnie Loukoil. Créée au début des années 1970, la ville ne vit que par, et pour le pétrole. L'alcoolisme y fait des ravages. Les antennes paraboliques qui pointent bizarrement vers le sol indiquent au visiteur qu'il se trouve sur le toit du monde. Ou presque.
 
À 80 km au nord d'Usinsk, un globe hissé sur un piédestal en béton marque l'emplacement du cercle polaire, et le début d'une zone hostile où seuls les pétroliers osent s'aventurer. Truffée de nids de poule et de joints érodés, la route verglacée qui conduit d'Usinsk au champ de Khariaga (170 km) est un danger public. Malgré la limitation de vitesse et un millier d'alcootests chaque mois, les camions-citernes y foncent à toute allure et les accidents y sont monnaie courante.
 
Passé le cercle arctique, la toundra se substitue subitement à la taïga. Couronnés de forêts de pins et de bouleaux rachitiques, les vallons traversés par la rivière Kolva cèdent la place à un grand désert blanc sillonné par un dédale de pipelines que surmontent ça et là de gigantesques torches actives 24 heures sur 24.
 
Khariaga se situe sur le territoire autonome des Nénets (40 000 habitants pour une superficie équivalente à trois fois la France), à 90 km au nord du cercle polaire. Un champ de pétrole de 320 km² que se partagent Loukoïl et Total. Les difficultés logistiques ne constituent que l'un des nombreux défis affrontés par Michel Pick, responsable des « objets » 2 et 3 exploités par le groupe français, deux joyaux situés respectivement à 1 800 et 2 800 mètres de profondeur. D'abord, la forte proportion de paraffine contenue dans l'huile de Khariaga. « En dessous de 29 °C, elle se fige et ressemble à du cirage ». Il faut donc la chauffer en permanence. Sur des centaines de kilomètres, des câbles électriques sont enroulés autour des oléoducs pour maintenir l'or noir à l'état liquide.
 
Un véritable casse-tête
 
Il y a aussi le H2S, l'hydrogène sulfuré contenu dans le gaz associé au pétrole. La moindre fuite de ce poison sèmerait la mort en quelques minutes. Des travaux sont en cours pour arrêter le «torchage» des 200 000 mètres cube de gaz éliminés chaque jour. Un gaspillage d'énergie, mais aussi une menace pour l'environnement. Car une fois brûlé, le H2S se transforme en SO2, du dioxyde de soufre qui contribue à alimenter l'effet de serre. Moins scrupuleuses ou moins pragmatiques, les compagnies russes éludent pour l'instant ce casse-tête.
 
La nature du terrain est une autre gageure. Le pergélisol, un mélange de roches, de sable et de glace d'environ 300 mètres d'épaisseur, devient spongieux lorsqu'il se réchauffe. Pour éviter que les installations ne s'enlisent, tout doit être construit sur pilotis. Et puis bien sûr, il y a le froid, le plus féroce ennemi, pour les hommes comme pour les équipements. Il n'est pas rare ainsi qu'une des puissantes piles en acier enfoncées à une dizaine de mètres de profondeur se fracasse contre le sol gelé. La moindre tête de puits est isolée par un conteneur équipé d'une soufflante qui apporte un peu de chaleur.
 
Perchés au sommet d'un derrick, sur un monkeyboard, à 28 mètres de hauteur, les «accrocheurs» doivent régulièrement se relayer pour résister à des rafales de vent impitoyables. «Au bout de deux heures, les mâchoires se collent, raconte Éric Verbrugge, un jeune Lyonnais, chef du site. Et à partir de - 40 °C, il est impossible de tenir plus de dix minutes dehors.»
 
Les aurores boréales, les arcs-en-ciel verticaux dessinés par les torches, les visites fugitives de renards blancs ou les passages inopinés de nomades transhumants à la tête de leurs troupeaux de rennes ne suffisent pas à adoucir une vie quotidienne qui peut vite basculer de la contemplation à la folie. Ici, au milieu de nulle part, les hommes, soumis à un régime spartiate, sont mis à rude épreuve, reconnaît Éric. «Deux heures de jour en plein hiver, pas de nuit en été, des températures qui oscillent de - 56 °C à parfois + 30 °C, un sol qui, dès juin, se transforme en cloaque peuplé de moustiques énormes et voraces qui vous harcèlent sans répit pendant trois mois…»
 
N'en déplaise aux âmes romantiques, l'Arctique est un enfer. Les ennemis de la révolution bolchevique y étaient déportés dès le début des années 1930 pour y développer l'exploration minière. C'est ainsi que naquit, à 200 km au nord-est d'Usinsk, le goulag de Vorkouta où séjourna Soljenitsyne.
 
Depuis longtemps, on sait que ce Grand Nord recèle de fabuleuses richesses. Le réchauffement climatique et de nouvelles technologies les rendent désormais plus accessibles. La fonte de la calotte polaire s'accélère inexorablement et, avec elle, la compétition pour le contrôle de l'Arctique. Selon les experts du programme Damoclès de l'Union européenne, la banquise pourrait complètement disparaître en été dès 2015. Si les conséquences sur les écosystèmes s'annoncent inquiétantes voire tragiques pour la faune locale, la fonte des glaces offre en revanche des perspectives économiques considérables, mais aussi susceptibles d'exacerber les tensions politiques et d'amplifier les risques de pollution.
 
Un raccourci entre l'Europe et l'Orient
 
Selon une étude de l'US Geological Survey, le pôle Nord contiendrait 20 % des ressources énergétiques de la planète non encore découvertes. Et parmi les cinq États qui bordent l'océan Glacial Arctique, la Russie, qui détient plus de la moitié de ce littoral, se taille la part du lion. Près de 80 % des réserves de pétrole et 90 % des réserves de gaz et de charbon russes seraient situées dans la zone arctique. Dans la mer de Barents, le champ offshore de Shtokman, qui devrait entrer en production en 2013, renferme à lui seul 3 800 milliards de mètres cubes de gaz, soit la consommation de la France pendant quatre-vingts ans.
 
Ce nouvel eldorado a aiguisé les appétits du club des cinq (Russie, États-Unis, Canada, Norvège et Danemark) et donné lieu à des revendications territoriales inédites dans la région. Depuis 2001, la Russie réclame ainsi auprès de la commission ad hoc de l'ONU l'extension de son plateau continental via la dorsale Lomonossov, qui lui permettrait de contrôler près de la moitié de la haute mer polaire.
 
Pour faire valoir ses revendications, contestées par le Danemark et le Canada, Moscou a cru utile de les accompagner d'incursions de bombardiers stratégiques aux confins des zones de défense de l'Otan. De quoi interpeller le secrétaire général de l'Alliance atlantique, Jaap de Hoop Scheffer, qui s'est dit «sûr», il y a un mois, que «le Grand Nord va retenir encore plus l'attention de l'Otan dans les années à venir».
 
Les enjeux sont considérables. Selon Serge Ségura, expert en droit maritime, l'ouverture de nouvelles routes maritimes permettra «une économie de distance de 40 % entre l'Europe et l'Extrême-Orient». En octobre dernier, pour la première fois, un bateau de recherche scientifique, le Polarstern, a pu emprunter les passages du Nord-Ouest (le long de l'Amérique) et celui du Nord-Est (le long de la Russie) sans avoir à briser de glace. Mais la fonte de la banquise nécessitera aussi de gros investissements en matière de sécurité en raison d'une augmentation des glaces dérivantes.
 
De même, l'exploitation offshore des hydrocarbures induira une logistique aussi importante que coûteuse en matière de transport. La pêche, elle aussi, pourrait soulever une nouvelle foire d'empoigne, avec la migration attendue de certaines espèces (morue et hareng notamment) vers les eaux réchauffées de l'Arctique.
 
La bataille qui vient de s'engager a focalisé l'intérêt de la communauté internationale sur cette terra incognita. En août 2007, lorsque les Russes ont planté, à grand renfort de publicité, un drapeau en titane à 4 261 mètres de profondeur, il n'existait aucune cellule en charge de l'Arctique au sein du ministère français des Affaires étrangères. Ce n'est plus le cas aujourd'hui.
 
L'Union européenne s'est elle aussi mobilisée. En octobre dernier, sous la houlette de Michel Rocard, le parlement européen a plaidé pour l'adoption d'un traité international destiné à protéger l'Arctique, à l'instar du traité de Washington (1959) qui a fait de l'Antarctique une zone sans souverainetés nationales. Les experts ne se font pas d'illusion. Selon Serge Ségura, «les recettes appliquées pour l'Antarctique, un continent entouré d'océans, sont difficilement applicables à l'Arctique, un océan entouré de terres». L'UE en a déjà pris acte. Si elle vient de préconiser une meilleure gouvernance multilatérale, elle a entériné aussi «la promotion de l'exploitation durable des ressources» du pôle Nord.

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Discours du Secrétaire général de l'OTAN Jaap de Hoop Scheffer
sur les perspectives de la sécurité dans le Grand Nord
 
http://www.nato.int/docu/speech/2009/s090129a.html
 
Reykjavik, Iceland
29 Jan 2009
 
(traduction)
 
Le Premier ministre,
Ministres,
Excellences,
Généraux,
Mesdames et Messieurs,
 
 
Monsieur le Premier ministre, permettez-moi de commencer mes observations en vous remerciant d'avoir organisé cette conférence en coopération avec l'OTAN et le Collège de défense de l'OTAN. L'ordre du jour de l'Alliance  semble avoir été dominée récemment par les événements en Afghanistan, au Caucase et dans la Corne de l'Afrique - des zones qui peuvent à juste titre être qualifié de "chaudes". Il est donc très bienvenu de déplacer notre attention sur une région plus froide. Cela dit, la raison pour laquelle nous nous concentrons sur le Grand Nord, c'est parce qu'il pourrait ne pas rester si froid à l'avenir. Ici, dans le Grand Nord, le changement climatique n'est pas une idée fantaisiste - elle est déjà une réalité - une réalité qui porte en elle un certain nombre de défis, y compris pour l'OTAN.
 
La conférence d'aujourd'hui offre une occasion unique pour nous de prendre un aperçu détaillé de certains de ces défis, d'envisager des perspectives d'évolution, d'échanger des vues sur les implications probables de sécurité, et d'identifier les rôles possibles de l'OTAN. Et je dois dire que je suis certain que la qualité et la quantité des participants ici, aujourd'hui, est une garantie pour la rencontre soit des plus intéressantes et productives.
 
[...]
Je tiens donc à utiliser mes observations ce matin pour apporter quelques éléments de réflexion. Naturellement, je souhaite qu'il y aura un accord unanime avec mon point de vue - bien que l'expérience me dit que c'est une hypothèse peu probable. Mais, indépendamment de vos opinions, ce séminaire offre une occasion des plus opportunes pour en savoir plus sur une région géographique qui a toujours été d'une grande importance pour l'Alliance. Et bien que les implications à long terme du changement climatique et le retrait de la calotte glaciaire de l'Arctique sont encore flous, ce qui est très clair, c'est que le Grand Nord va réclamer encore plus d'attention de l'Alliance dans les années à venir.
 
Permettez-moi de commencer, donc, avec quelques-unes de mes idées sur où mettre l'accent, de mon point de vue de Secrétaire général de l'OTAN.
 
Tout d'abord, la navigation. Certaines routes maritimes qui ne sont actuellement que très peu ouvertes à des périodes de l'année, ou seulement utilisables avec très coûteux navires brise-glace, pourraient devenir accessibles à de plus longues périodes, et sans recours à de tels navires. De même, certaines routes qui sont actuellement totalement infranchissable pourrait devenir commercialement viable. Et  de toutes nouvelles voies pourraient être découvertes. Tous ces scénarios offrent des routes maritimes beaucoup plus courtes, et donc moins cheres,  que beaucoup de celles qui exigent actuellement un passage par les canaux de Suez ou de Panama.
 
Une conclusion évidente est que l'on doit s'attendre à voir augmenter les activités d'expédition dans la région de l'Arctique. Avec l'augmentation de l'activité humaine, le risque d'accidents nécessitant des missions de recherche et de sauvetage va également  augmenter.. Avec potentiellement d'avantage de  transport de ressources énergétiques, on pourrait aussi voir une augmentation du risque de catastrophes écologiques nécessitent des opérations de secours. Dans ces deux cas, je crois que l'OTAN a un rôle évident à jouer. Les pays alliés ont les capacités nécessaires et de l'équipement pour mener à bien ces tâches, et notre  Centre de Coordination Euro-Atlantique de réponse aux catastrophes [Disaster Response Coordination Centre] a la vaste expérience nécessaire pour coordonner les efforts de secours et aider aux opérations de recherche et de sauvetage. [se profiler d'abord humanitaire, bien sûr!]
 
La deuxième question est la celle des ressources. Comme le bouchon de glace diminue, la possibilité augmente d'extraire du Grand Nord des richesses minérales et des dépôts d'énergie fossile. Les estimations sur l'ampleur de ces dépôts varie considérablement, de même que les évaluations de la viabilité commerciale de prospection et d'extraction. Même si les températures devaient augmenter, ce sera toujours un climat hostile et des ressources situées loin des marchés. Mais si nous voyons une augmentation de l'activité dans ce secteur, et dans l'énergie en particulier, alors l'Alliance, mais non exclusivement elle, devra tenir cela en compte
 
[...]
 
La troisième question est celle des revendications territoriales. La Convention des Nations unies de 1982 sur le droit de la mer est le cadre juridique qui s'applique à l'océan Arctique - un fait qui a été réaffirmé par les cinq États côtiers de l'Arctique lors de leur réunion au Groenland en mai dernier. Toutefois, il est déjà clair qu'il existe certaines différences d'opinion entre les cinq Etats sur la délimitation des limites de 200 mile nautiques des "Exclusive Economic Zones", ainsi que sur l'extension du plateau continental. Et, en tant qu'ancien étudiant de droit, je suis pleinement conscient que de nombreux avocats vont s'enrichir de ce genres de différences.
 
Je ne suis pas un seul instant en train de suggerer que l'OTAN doit être un arbitre dans l'une ou l'autre de ces différences d'opinion, ni sur la façon d'interpréter la loi. Mais je pense que l'OTAN offre un forum où les quatre des états cotiers de l'Arctique [Canada, USA, Islande et Norvège], peuvent informer, discuter et partager toutes les préoccupations qu'ils pourraient avoir. Et ce qui me conduit directement sur le prochain numéro, qui est l'activité militaire dans la région.
 
Répondant à l'évolution de l'environnement, plusieurs pays riverains de Arctique sont en train de renforcer leurs capacités, et l'activité militaire dans le Grand Nord n'a cessé d'augmenter. Il est compréhensible et complètement légitime, pour les nations alliées, de se demander comment nous devons aborder, en tant qu'Alliance, mais aussi en tant que communauté internationale, les aspects militaires du Grand Nord.
 
Le séminaire d'aujourd'hui offre une excellente occasion d'examiner certaines de ces options.
 
Est-ce que l'OTAN, en tant qu'organisation, en tant qu'Alliance, devrait discuter de la possibilité d'intensifier son attention dans la région? Et si oui, quelle forme cela devrait-il prendre ? Il pourrait être utile de mener des exercices de recherche  et d'opération de sauvetage, ou même de secours en cas de catastrophe, répondant à certains des scénarios possibles que j'ai mentionnés plus tôt, et de familiariser les équipes appropriées avec les défis uniques que présentent les conditions de l'Arctique.
 
Mais quels que soient les options prises, je pense que nous avons besoin d'assurer la transparence, de renforcer la confiance et de travailler vers la coopération quand il s'agit de ces questions. Et cela inclus la Russie. Il ya une base solide de coopération, jusqu'à présent, entre les pays de l'Arctique. Cela devrait continuer.
 
Je pense que l'OTAN pourrait aussi avoir une contribution à apporter. Bien entendu, le Conseil de l'Arctique devrait rester au centre de beaucoup de discussions et de la coopération entre les États riverains de l'Arctique. Cependant, une fois que les conditions seront réunies pour la reprise des activités normales avec la Russie dans le Conseil OTAN-Russie, (et j'espère que nous verrons bientôt un tel développement), je vois des avantages à utiliser ce forum particulier pour intégrer la Russie dans une coopération plus large, et également comme élément essentiel dans la construction de la confiance mutuelle. L'Alliance et la Russie ont déjà acquis des expériences dans la recherche et le sauvetage, ainsi que dans la gestion des catastrophes. Je crois que ces expériences pourraient utilement se développer, et s'élargir, pour relever les défis communs dans la région du Grand Nord.
 
Avant de conclure: Les changements causés par la fonte progressive de la calotte de glace sont une source de préoccupation pour de nombreux pays au-delà de celles du Conseil de l'Arctique et de l'OTAN. En effet, l'ensemble de la communauté internationale va être affectée par de nombreux changements qui sont déjà en place. Dans cette situation, l'OTAN a besoin d'identifier les domaines où l'Alliance, avec ses compétences, peut apporter une valeur ajoutée.
 
Si le rôle le plus approprié pour l'OTAN dans le Grand Nord est dans le cadre d'une "approche globale", impliquant d'autres acteurs comme le Conseil de l'Arctique et de l'UE, alors nous aurons besoin d'une meilleure compréhension de ce qui se passe déjà, et ce qui est de nature à se produire dans l'avenir. L'OTAN devrait continuer à suivre l'évolution de la situation, mettre à jour nos connaissances et rechercher des opportunités dans notre business quotidien.
 
Je voudrais ajouter une note de prudence. L'indivisibilité de la sécurité des Alliés a toujours été un principe fondamental de l'OTAN. Et c'est un principe que nous ignorons à nos risques et périls. Manifestement, le Grand Nord est une région qui est d'un intérêt stratégique pour l'Alliance. Mais c'est aussi le cas de la mer Baltique, de la mer Noire et de la Méditerranée. Il y a beaucoup de régions -, mais il n'y a qu'un seul OTAN. Et nous devons veiller à ce que, comme nous regardons aujourd'hui vers le Grand Nord, et peut-être dans l'avenir vers d'autres régions, nous n'allons pas sur la voie de la régionalisation - parce que c'est la voie de la fragmentation. Et c'est une voie que nous devons éviter à tout prix.

Publié dans OTAN-défense - ONU

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