Benjamin Netanyahu ou la revanche de la droite

Publié le par sceptix

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Le chef de la droite israélienne Benjamin Netanyahu, le 11 février 2009 à Jérusalem

Faucon, mais s'affichant pragmatique, le chef de la droite israélienne Benjamin Netanyahu revient au pouvoir dans un pays qui ne ne croit plus à une paix proche avec les Palestiniens.

AFP - le 31 mars 2009, 10h23

Il fait figure à 59 ans de visionnaire auprès de ses admirateurs, pour avoir prédit dès 1993 que les accords avec les Palestiniens ne déboucheraient qu'à de nouvelles confrontations.

Mais aux yeux de ses adversaires, ce Cassandre a beaucoup fait pour que cette prophétie se réalise en donnant une formidable impulsion à la colonisation juive en Cisjordanie, minant la possibilité d'y ériger un Etat palestinien viable.

Pour ses partisans, cet homme de convictions sait se montrer réaliste. Ses détracteurs y voient en revanche une preuve de faiblesse, le dépeignant comme un "illusionniste" prêt à céder sous la pression.

Mais nul ne dénie des capacités politiques à cet excellent orateur, nourri d'une ambition tenace.

Le chef du parti Likoud a ainsi réussi à l'automne dernier à torpiller les tentatives de la dirigeante du parti centriste Kadima, la ministre des Affaires étrangères sortante Tzipi Livni, de constituer un gouvernement.

Aux législatives du 10 février, il a orchestré un redressement spectaculaire de son parti, lui faisant gagner 27 sièges sur 120, contre 12 dans la précédente législature.

Il a ensuite partiellement réussi son pari d'élargir son gouvernement en débauchant la direction travailliste à coups de promesses de postes ministériels, sans concession sur le fond.

Dix ans après avoir du céder son poste de Premier ministre à son rival travailliste Ehud Barak, il goûte sa revanche, s'octroyant le luxe de maintenir le même Barak au poste de la Défense dans son gouvernement.

Si le cheveu a blanchi et les traits se sont légèrement alourdis, rien chez "Bibi" n'a vraiment changé si ce n'est une volonté de ne pas apparaître comme otage de l'extrême droite.

Certes, tout au long de la campagne électorale il s'est abstenu de faire référence au "Grand Israël", l'Etat aux frontières bibliques qui avait été longtemps un dogme de la droite nationaliste.

De même il a été discret sur la question de la colonisation, préférant les faits accomplis aux déclarations fracassantes qui irritent l'allié américain.

Il n'en rejette pas moins un retrait de la Cisjordanie, une partition de Jérusalem et toute idée un Etat palestinien souverain.

S'il se déclare lié par les accords conclus par Israël dans le passé, il refuse toute référence au principe de "deux Etats pour deux peuples", un Etat palestinien et l'Etat d'Israël, qui sert de base à ces accords.

Sur le plan intérieur, il continue de prôner malgré la crise mondiale une politique économique ultra-libérale accompagnée d'une réduction massive des impôts, tout en assurant vouloir combattre le chômage.

"Bibi" a été le plus jeune des chefs de gouvernement en Israël et le premier né après la création du pays en 1948. Il a passé sa jeunesse aux Etats-Unis, d'où son anglais parfait et son aisance avec les médias.

Il a ensuite effectué son service militaire dans le commando d'élite de l'armée israélienne, la Sayeret Matkal.

Farouche opposant aux accords israélo-palestiniens d'Oslo (1993), il a été contraint de céder aux pressions américaines en concluant deux accords avec Yasser Arafat, chef de l'OLP, lorsqu'il était Premier ministre.

Il a bâti toute sa carrière sur la lutte contre le " terrorisme international" et, après les attentats du 11 septembre 2001, contre "l'extrémisme islamiste".

Reste à savoir si ce champion du combat contre "l'axe du mal" trouvera auprès de l'administration de Barack Obama, l'écoute qu'il avait auprès de son prédécesseur.
http://www.lematin.ch/flash-info/benjamin-netanyahu-revanche-droite

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