Chez Natixis, les petits actionnaires se rebiffent

Publié le par sceptix

Banque . Plumés, les petits épargnants des Caisses d’épargne et des Banques populaires se battent sans relâche pour récupérer une partie de leurs pertes.

C’était l’affaire du siècle. 2,5 millions de petits épargnants clients des Caisses d’épargne et des Banques populaires se sont laissés séduire par leur conseiller clientèle et ont vidé leur livret d’épargne pour acheter des titres Natixis. Comme Marc, designer retraité, qui avait alors placé 4 000 euros de son Livret A dans l’aventure Natixis. « À l’époque, j’avais confiance en la Caisse d’épargne, qui m’apparaissait comme une véritable institution soucieuse de ses clients. Alors quand mon banquier m’a affirmé que j’allais gagner beaucoup d’argent, je lui ai fait confiance, et encore, je n’ai pas placé tout ce qu’il me demandait. Aujourd’hui j’ai quasiment tout perdu. »

En 2006, les grands actionnaires à l’origine de la création de la banque d’investissement prenaient la décision d’introduire en Bourse les actions de leur filiale au prix de 19,55 euros. Moins de deux ans plus tard, elle subit de plein fouet la crise des subprimes : en raison de sa spécialisation dans des activités risquées liées aux marchés. Et, très rapidement, le titre plonge. Et atteignait hier 1,75 euro, transformant ainsi ce qui devait être un placement rentable en « une véritable spoliation », s’indigne Colette Neuville, présidente de l’Association des actionnaires minoritaires (ADAM). « Il s’agit d’une injustice majeure, dans le sens où de très nombreux épargnants comptaient sur cet argent pour compléter leurs petites retraites, effectuer des travaux ou tout simplement payer les études de leurs enfants », développe-t-elle.

Un scandale qui pourrait agiter l’Assemblée nationale des actionnaires de Natixis qui se tient cet après-midi à la Défense à Paris. Pour exprimer leur colère et obtenir des réponses, les actionnaires minoritaires aidés par les associations franchissent pas à pas le parcours du combattant pour obtenir les documents nécessaires afin de se rendre à l’AG ou bien de s’y faire représenter. Toutefois, Colette Neuville est sans illusion : « De toute façon, même si nous sommes quelques milliers à nous rendre à l’assemblée générale, avec la part de capital détenu par les deux grands actionnaires de référence que sont les Caisses d’épargne et les Banques populaires, toutes les résolutions seront votées haut la main. D’autant que toutes les questions de fond, comme la fusion entre les deux caisses ou la nomination de François Pérol à la tête du nouvel attelage, ne sont pas à l’ordre du jour. »

Alors les associations de petits épargnants tentent des actions en justice. Fin février, l’ADAM a déposé une plainte contre X pour « diffusion d’informations trompeuses, présentation de comptes inexacts et répartition de dividendes fictifs et la présentation de faux bilan ». L’objectif est de faire faire le point sur « tout ce qui s’est passé dans cette banque depuis qu’elle a fait appel au public et obtenir des réparations ». Par exemple, la présidente de l’ADAM pense que les deux groupes à l’origine de l’escroquerie « devraient reconnaître une dette envers leurs clients de l’ordre de 10 euros par action vendue ». Dans la foulée, une autre plainte a été déposée fin mars par l’avocat Frederik-Karel Canoy au nom d’une « centaine d’actionnaires ». Elle vise les chefs d’abus de confiance, d’abus de biens sociaux, d’escroquerie, d’informations trompeuses, de publication de faux bilan, de faux et d’usage de faux ainsi que les chefs de complicité et recel de ces infractions.

Clotilde Mathieu
http://www.humanite.fr/2009-04-30_Politique_Chez-Natixis-les-petits-actionnaires-se-rebiffent

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