Le 9-3, la belle rebelle

Publié le par sceptix

Jolie banlieue je t'aime !

Un point commun entre NTM, Bérurier noir et Dee Nasty? Non, ce n’est pas juste le statut d’artiste culte. C’est aussi l’appartenance à une terre dite maudite, cette fameuse Seine-Saint-Denis. Rebelle, sans aucun doute, mais belle? En découvrant le titre du documentaire de Jean-Pierre Thorn, la belle rebelle, on est quand même tenté d’en douter. Et ce ne sont pas les images de friche industrielle et de barres d’immeubles cages à poules qui nous convaincrons du contraire.

La beauté, car il y en a, est plutôt à chercher dans l’énergie des enfants de ce territoire, marginal hier comme aujourd’hui. De Daniel Baudon, le petit gars qui faisait sa première prestation télévisée un dimanche des années 60 avant de retourner travailler le lendemain à l’usine, jusqu’aux frasques plus récentes de NTM, c’est une cinquantaine d’années de musique made in 9-3 qui s’écrivent sous nos yeux.

Tous les genres y passent. Le rock, le punk, le hip hop, le rap, et aujourd’hui le slam. Une musique chasse l’autre, à l’image de ce territoire qui ne cesse de se redessiner au gré des chantiers. Les usines et les tours ont fait leur temps et disparaissent peu à peu, faisant du 93 un lieu de passage où, comme le note un artiste, seul le canal reste un point de repère immuable.

Tous les grands moments de bravoure de ces musiciens sont rassemblés. Bérurier Noir et sa jeunesse emmerdent le Front National, le squat Usine de Montreuil est évacué, DJ Dee Nasty nous fait danser in the ghetto, Joey Starr et Kool Shen s’écharpent avec le député RPR Eric Raoult sur le plateau de Paul Amar… le tout vu à travers le regard admirateur de Jean-Pierre Thorn. Au risque de virer parfois à une célébration un brin figée.

Les moments les plus touchants du docu ne résident pas dans cet alignement un peu sage d’images d’archives, mais plutôt dans les confidences recueillies aujourd’hui auprès de ces vétérans qui retournent sur les lieux – les ruines? – de leur glorieux passé. Jean-Pierre Thorn les connaît visiblement bien et filme de jolies scènes. Comme celle où Loran, de Bérurier Noir, convoque sur un quai de gare le fantôme du petit gars de 13 ans aux cheveux verts qui se baladait avec un tampax usagé autour du cou pour faire le vide autour de lui dans les wagons du RER.

Diffusé par Arte, 93 la belle rebelle existe grâce à l’action conjointe de deux associations culturelles de Seine-Saint-Denis, Zebrock et Périphérie, qui travaillent maintenant à promouvoir le film. Après une première salve de passages sur Arte, une sortie dans quelques salles de cinéma est à l’ordre du jour.

Julien Cassi

Ce soir Jeudi, 25 novembre 2010 à 22:15
Rediffusions :
29.11.2010 à 01:45
10.12.2010 à 05:00
93 La belle rebelle
(France, 2009, 60mn)


Publié dans SOCIETE

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