Le plan de reconquête industrielle de Montebourg

Publié le par Charlotte sceptix

Par Solène Davesne - Publié le 11 juillet 2012, à 15h45 | L'Usine Nouvelle n°3294

Arnaud Montebourg
© D.R. - Ministère du Redressement productif

  Le ministre du Redressement productif a défini les grands axes de sa politique pour faire redécoller l'industrie française. Une loi sur la compétitivité est prévue à l'automne.

Arnaud Montebourg pare au plus pressé. Entre Doux et les inquiétudes sur l'avenir de l'usine PSA d'Aulnay, la cellule de crise installée au sein du ministère du Redressement productif travaille depuis un mois à plein régime. Pas inutile, alors que les signaux économiques virent au rouge. Mais sur le long terme, il faut faire plus que sauver les entreprises en difficulté.

Comment aider à redémarrer l'industrie française ? Le plan de reconquête industrielle, dont Arnaud Montebourg devait présenter les grandes lignes le 11 juillet à la Conférence nationale de l'industrie (CNI) - l'instance de concertation entre patronat et syndicats créée par Nicolas Sarkozy - ne devrait déplaire ni aux industriels ni au Medef. Car le ministre juge indispensable de rétablir la compétitivité-coût pour redresser l'industrie.

Arnaud Montebourg plaide pour le transfert du financement de la protection sociale vers d'autres assiettes, afin de réduire le coût du travail. Un "choc de compétitivité" que réclame aussi le Commissaire général à l'investisssement, Louis Gallois, qui a présidé à ses côtés la table ronde sur le redressement productif lors de la conférence sociale des 9 et 10 juillet. Mais la proposition hérisse les syndicats.

Pour y parvenir, Arnaud Montebourg mise sur un changement de méthode. "La compétitivité-coût ne peut pas être occultée, plaide ainsi Stéphane Israël, le directeur de cabinet d'Arnaud Montebourg. Mais il faut arriver à des concessions réciproques. Sans faire de la cogestion à l'allemande, on est dans un état d'urgence industriel, qui nécessite un pacte."

Un rééquilibrage du financement de la protection sociale - et donc une baisse des charges patronales - pourrait être octroyé en contrepartie de l'obligation pour les entreprises de céder leurs sites rentables qu'elles souhaitent fermer ou l'interdiction des licenciements "boursiers". Dans un contexte difficile, il faut rapprocher les points de vue. Le ministre entend aussi conforter la CNI, en la dotant de crédits de fonctionnement.

Sans plus attendre

Autre priorité pour limiter les coûts des industriels : le maintien de prix bas dans l'énergie. Sur ce sujet, Arnaud Montebourg doit participer à la conférence sur l'énergie, prévue à l'automne. Il y fera entendre les préoccupations des industriels, alors que François Hollande a promis une réduction de la part du nucléaire dans le mix énergétique français. "On ne peut pas ignorer que l'énergie est un des éléments clefs de la compétitivité française", assure l'entourage du ministre.

Des mesures pour soutenir les PME et l'innovation sont aussi en préparation. Un "Plan PME" devrait être présenté à l'automne, notamment pour instaurer un "test PME" obligeant l'État à mesurer l'impact de ses mesures fiscales et législatives sur ces entreprises. En matière d'innovation, Arnaud Montebourg s'intéresse à une amélioration du transfert technologique et à la mise en place "d'instituts Fraunhofer à la française". Le ministère juge que les instituts Carnot, créés en 2006, n'ont pas tous atteint un niveau suffisant et "sont surtout un label".

Certaines propositions pourraient être intégrées à la loi compétitivité que le gouvernement prépare pour l'automne, avec la création de la Banque publique d'investissement. Sur le financement de la protection sociale, le ministère souhaite "aller assez vite". Dans son plan de reconquête, Arnaud Montebourg n'en oublie pas pour autant l'Europe. "Il faut s'organiser pour mieux se faire entendre au niveau européen, pourquoi pas en créant un club des ministres de l'Industrie", anticipe son directeur de cabinet.

 


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