Comment expliquer la “politique” britannique dans la crise géorgienne?

Publié le par sceptix

Le texte est surtout interessant par la citation de l'article de The Nation, "Apocalypse Palin" qu'on peut lire en intégral avec intérêt, et en anglais : http://www.thenation.com/doc/20080929/ames

Comment expliquer la “politique” britannique dans la crise géorgienne?
 
De Defensa - 19/09/2008
 
Nous cultivons une particulière attention à la position britannique pour la crise géorgienne, essentiellement à cause de son caractère inattendu et peu explicable. On s’en est aperçu, notamment à l’occasion d’un Bloc-Notes, où nous convoquions même Tocqueville pour avoir une meilleure appréciation des caractères généraux de la politique britannique. Nous avons eu l’esprit éveillé par la conclusion d’un texte de Mark Ames (auteur de Going Postal: Rage, Murder and Rebellion From Reagan's Workplaces, de Clinton's Columbine and Beyond (Soft Skull), de The eXile: Sex, Drugs and Libel in the New Russia), – publié dans The Nation, en date du 15 septembre 2008.
 
L’article concerne la position et le rôle supposé de Sarah Palin, dite “Sarah-geddon” pour les besoins du titre de l’article, dans des affaires impliquant pour la candidate vice-présidente du parti républicain des “conflits d’intérêt”.
 
http://www.thenation.com/doc/20080929/ames
« La question des "conflits d'intérêts" prend une signification nouvelle et apocalyptique si l'on considère le rôle du géant de l'énergie BP dans tout cela.  Le mari de Palin a passé la plus grande partie de sa vie adulte, dix-huit ans, à travailler pour BP. La société est encore plus importante pour sa femme, puisque BP possède les plus vastes champs de gaz et de pétrole de l'Alaska (et de l'Amérique). BP déteste la Russie au moins autant que leurs pions Palin et McCain: la compagnie a été bloquée dans une sale bataille autour de ses 50% de participation dans le géant énergétique russe TNK - la participation de BP dans cette société est cruciale pour le prix de l'action de BP. Si BP perd TNK au profit des hommes de main de Poutine, alors des milliards pourrait être volatilisé du cours de l'action. C'est quelque chose pour laquelle aller à la guerre.
 
»Entre temps, BP, contrôle la Géorgie grâce à l'oléoduc Bakou-Ceyhan, dans laquelle BP est la plus importante des parties prenantes. Comme Manana Kochladze [qui a fondé Green Alternative, un chef de file des ONG soutenue par l'ambassade des États-Unis, la Commission européenne et d'autres] l'a expliqué, le pipeline était censé apporter d'énormes avantages aux Géorgiens moyens, en sortant le pays de sa situation économique difficile. Au lieu de cela, "très peu, voire rien, de ses recettes ont été à des programs sociaux ou de protection de l'environnement. Au lieu de cela, le budget militaire a massivement augmenté jusqu'à représenter 25 pour cent du budget de l'Etat. Le pipeline de BP a militarisé le pays. "
 
»Une disposition de l'accord pour permettre à l'oléoduc BTC de passer à travers son territoire était que la Géorgie était tenue de protéger et de sécuriser le pipeline - qui, selon les Géorgiens, a été bombardé par les pilotes de Russie durant le conflit du mois d'août.
 
»"Dès le début, nous avions dit que la Géorgie payerait davantage pour la défense de ce gazoduc que ce que nous en recevrions, et maintenant regardez notre situation", a déploré Kochladze.
 
»Une autre figure liée à BP est, surprise surprise, Randy Scheunemann. Il a reçu de généreux frais de lobbying pour BP, en 1999-2000, au cours de la première campagne de McCain pour la présidentielle. Plus récemment, Scheunemann faisait du lobbying pour la "Caspian Alliance", qui représente l'une des grandes compagnies pétrolières qui pompe le pétrole pour le pipeline de BP.
 
»A partir du point de vue de BP, la situation semble très sombre. Elle est en danger de perdre sa principale source de réserves assurées via sa participation dans la TNK russe. Et maintenant avec la guerre, les investisseurs sont inquiets au sujet de l'oléoduc BTC. Quelle meilleure façon de tuer deux oiseaux avec une pierre qu'enfomentant une guerre qui saignerait la Russie de Poutine jusqu'à ce que le réfime s'effondre finallement - assurant ainsi la position de BP dans les deux pays. Pas étonnant que Big Oil est de mettre tout son poids derrière le ticket McCain-Palin. Ces deux-là comprennent le sens de «il vaut mieux être mort que d'avoir BP dans le rouge." »
 
Il est acquis dans les milieux pétroliers internationaux que BP a des rapports tumultueux avec la Russie. Son comportement dans l’affaire TNK a été l’objet d’hypothèses extrêmes, avec des attitudes et des actions qui ont peu de précédents notamment par certains aspects de violence, qui ont mis la société dans une position très délicate, notamment vis-à-vis des autorités russes. La question semble ainsi dépasser une simple situation d’affaires et atteindre des dimensions politiques mais par l'aspect le plus incertain et le plus dommageable.
 
L’hypothèse évoquée ici concerne la position du gouvernement britannique dans ce contexte. Ce gouvernement, comme on l’a avancé, est aujourd’hui mis sur la défensive par divers revers affectant le Royaume-Uni, principalement la crise financière qui est une mise en cause fondamentale du système anglo-saxon dans ses fondements. A cause de ces circonstances, ce gouvernement n’a pas de politique bien affirmée dans la crise géorgienne et dans ses rapports avec la Russie, sinon une position d’extrême agressivité anti-russe qui est très spécifique et tend à l’isoler en Europe. Cet extrémisme a effectivement un côté défensif qui correspond à sa position actuelle, comme si le Royaume-Uni se retranchait dans une intransigeance masquant cette absence (dans les milieux diplomatiques européens, particulièrement allemands et français, effectivement, la politique britannique est l’objet d’une particulière incompréhension). L’hypothèse serait alors que le Royaume-Uni, n’ayant aucune ligne stratégique dans la crise, se serait effectivement replié sur cette ligne agressive également pour appuyer la position de BP telle qu’elle est décrite dans l’extrait de l’article qu’on a cité. On aurait l’exemple d’un aspect important de la politique britannique, si célèbre pour son habileté et sa richesse, réduite par l’affaiblissement de ce pays à servir de simple auxiliaire au lobby d’intérêt industriel du géant pétrolier engagé dans une affaire extrêmement délicate. (Pour autant, il ne faut pas y voir une politique se déterminant par rapport aux seuls centres d'intérêts et lobbies, comme la politique US. En l'occurrence, comme l'inexistence (d'une politique) précède l'absence de substance (de cette non-politique), l'inexistence de la politique britannique précéderait sa décision, ipso facto, de soutenir les intérêts de BP, celle-ci pouvant alors être faussement interprétée comme la cause centrale de la politique britannique.)
 

Mis en ligne le 19 septembre 2008 à 05H52
 
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Début de l'article de The Nation :
 
La semaine dernière, la  candidate républicaine à la vice-présidence Sarah Palin a déclaré qu'elle était prête à aller en guerre contre la Russie au nom de la Géorgie. [...]
 
Si les sondages sont corrects, alors en janvier Palin pourrait se trouver "à une excroissance de mélanome" près de la présidence. Alors, quand elle dit qu'elle est prête à aller à la guerre contre la Russie au nom de la Géorgie, mieux vieux prendre cela au sérieux.
 
Ce qui est encore plus effrayant, c'est que les propos de Palin n'étaient pas quelque lapsus d'amateur, mais plutôt l'aboutissement d'un  campagne néocon pour venger la défaite écrasante dela Géorgie soutenue par les États-Unis en août. Ce que les néocons et les fans de McCain veulent, c'est une autre guerre - cette fois, celle dans lequel la Russie perdra. Et ils ont une autre idée géniale pour que cela se produise: transformer la petite et pittoresque Géorgie en plus sanglant trou d'enfer sur terre ... [...]
 
Le 14 août, comme les Géorgiens et les Russes venaient juste de signer leur cessez-le-feu, le torchon néocon pro-McCain, "The Weekly Standard" publiait un article "Le jeu douloureux: Une réponse militaire à l'agression de la Russie?" appelant le Pentagone à remettre sur pied les forces géorgiennes pour qu'elle livrent une longue lutte, une guérilla style Tchétchène contre la Russie. L'auteur, un vieux con de la guerre froide nommé Stuart Koehl, admettait que pousser la Géorgie dans une guerre de  guérilla "style Tchétchene" contre la Russie se traduirait par une "ongue et difficile guerre" et serait "sale", parce que les Russes "vont sans doute répondre à cela comme ils l'ont fait en Afghanistan et en Tchétchénie"- en d'autres termes, en tuant des dizaines ou des centaines de milliers de Géorgiens. Mais peu importe, parce que si la Géorgie réussissait à tenir le temps qu'il faut pour une telle guerre, la victoire sur la Russie pourrait être atteinte "d'une manière qui n'impliquerait pas directement les États-Unis ou les forces de l'OTAN." [..]
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Publié dans OTAN-défense - ONU

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