Les fonds du plan Paulson pour sauver GM et Chrysler

Publié le par sceptix

13/12/08 20:18
Bush se substitue au Congrès pour sauver Detroit

Le président sortant compte utiliser les fonds du sauvetage bancaire pour General Motor et Chrysler.
Car le Sénat a refusé d’endosser une aide publique aux deux groupes.


Le sort de General motors (GM) et de Chrysler n’a tenu ce vendredi qu’à un fil, que la Maison-Blanche a dû consolider dans la précipitation. Le président américain sortant, George Bush, s’est en effet dit prêt à utiliser les crédits dédiés au sauvetage des banques pour venir en aide aux deux constructeurs. Une décision dictée par l’impasse constatée au Congrès : tard jeudi soir, le Sénat américain a en effet refusé de débloquer 15 milliards de dollars, condamnant GM et Chrysler à un dépôt de bilan à la fin de l’année.

«Dans la mesure où le Congrès n’est pas intervenu, nous serons prêts à empêcher une faillite imminente jusqu’à ce que le Congrès se réunisse à nouveau et agisse en vue de traiter du problème de viabilité à long terme de l’industrie automobile», a expliqué ce vendredi un porte-parole de la présidence américaine.

Dans un contexte politique confus, Barack Obama s’est dit «déçu de l’échec de l’adoption (au Congrès, NDLR) d’un plan de sauvetage temporaire de l’industrie automobile» . Le président élu espère que l’Administration Bush et le Congrès sortant «trouveront encore un moyen» d’aider les constructeurs en détresse.

 

En attendant Obama

 

En attendant, ce sont les fonds du sauvetage bancaire qui vont donc être affectés à Detroit. Le Congrès avait octroyé en octobre 350 milliards de dollars (sur une somme totale de 700 milliards) à Henry Paulson, secrétaire au Trésor pour aider les banques à dégripper l’offre de crédit. Or il se trouve que précisément 15 milliards de cette enveloppe n’ont pas encore été dépensés.

Jusqu’à présent, Henry Paulson avait refusé que l’on puise dans ce fonds pour secourir des entreprises industrielles. L’énormité du risque industriel et social que fait courir un dépôt de bilan de GM et Chrysler pousse l’Administration Bush à changer de tactique. Toute la survie de la filière automobile, avec non seulement les trois constructeurs de Detroit, mais aussi les marques étrangères implantées aux États-Unis, et leurs nombreux fournisseurs communs, est menacée (lire ci-dessous).

La partie qui se joue à Washington, dont l’enjeu est capital pour l’avenir de l’industrie américaine, n’est donc pas terminée. La solution articulée ce vendredi pour pallier l’impasse politique dans laquelle se trouve le Sénat renverrait, au début l’année prochaine, à l’Administration du président Obama et au Congrès sorti des urnes le 4 novembre, le soin de trouver des crédits supplémentaires pour accompagner une restructuration radicale des constructeurs automobiles, asphyxiés par la crise du crédit.

Jeudi soir, au terme d’un vote de procédure, les sénateurs américains ont rejeté, par 52 voix contre 35, l’option de poursuivre le débat sur l’aide d’urgence à GM et Chrysler. La veille, la Chambre des représentants avait pourtant adopté un texte offrant aux deux firmes les 15 milliards de dollars dont elles estiment avoir besoin pour passer l’année. En revanche à la Chambre haute, où les démocrates ne disposent que d’une seule voix de majorité, les efforts de dernière minute du sénateur Bob Corker, républicain du Tennessee, ont échoué. Ils visaient à rallier les conservateurs de son parti, opposés au principe de l’octroi de fonds publics pour aider des «canards boiteux».

Le principal point d’achoppement a été l’exigence des républicains de voir le syndicat unique des ouvriers automobiles (United Auto Workers, UAW) accepter d’aligner dès 2009 le régime de rémunération de la main-d’œuvre horaire des constructeurs de Detroit sur celui en vigueur dans les usines américaines de Toyota. Les démocrates voulaient plutôt laisser au «tsar de l’automobile» le soin d’imposer ce type de calendrier. Ce «tsar», personnalité que le président Bush aurait dû nommer, aurait eu le pouvoir d’imposer aux constructeurs des conditions draconiennes de restructuration en échange de l’aide de l’État fédéral.

Pierre-Yves Dugua
Source ; le figaro.fr

Publié dans USA

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