RdC : dégradation préoccupante de la situation humanitaire dans le Sud-Lubero

Publié le par sceptix

République démocratique du Congo : dégradation préoccupante de la situation humanitaire dans le Sud-Lubero
Les exactions commises contre les civils dans cette région du Nord-Kivu sont nombreuses depuis février, contraignant des milliers de personnes à fuir. Le CICR distribue une aide d'urgence aux déplacés comme aux résidents des zones concernées, améliore leur accès à l'eau potable et cherche à réunir les familles séparées par le conflit.

 

Le Sud-Lubero, situé à quelque 150 km au nord-ouest de la ville de Goma, est le théâtre d'opérations militaires conduites contre les Forces démocratiques de libération du Rwanda. Les viols et meurtres de civils, ainsi que les pillages et destructions d'habitations, figurent parmi les principales exactions rapportées depuis le mois de février.

Les populations contraintes de fuir face aux violences

Plus de 15 000 civils ont fui les villages de Miriki, Kasiki et Luhanga pour chercher refuge quelques dizaines de kilomètres plus loin, dans le village de Luofu ou dans les villes de Kayna et Kanyabayonga. Faute de structure appropriée pour les héberger, ces déplacés ont trouvé un abri chez des résidents ou dans des paroisses. Souvent dépourvus de l'essentiel, ils survivent dans des conditions très précaires.

Les communautés d'accueil subissent elles aussi les conséquences de l'insécurité. Depuis mars, les habitants du village de Luofu n'ont plus eu accès de manière régulière à leurs champs. Sans leur récolte, ces populations d'agriculteurs manquent de moyens pour subvenir à leurs besoins.

Le 17 avril, lors d'une attaque nocturne dans le village de Luofu, une dizaine de civils ont été tués ou blessés, et plus de 200 maisons brûlées. Actuellement, craignant de retourner chez eux, une grande partie de la population de Luofu passe la nuit en brousse.

Pendant ce mois d'avril, des dizaines d'habitations ont été pillées par des porteurs d'armes dans les zones de Kayna, Kanyabayonga et Kirumba. Dans ces mêmes zones, des transports civils ont été fréquemment attaqués et dépouillés de leurs biens.

Le Sud-Lubero abrite des dizaines de milliers de déplacés depuis la crise de septembre – novembre 2008. Nombreux sont ceux qui demeurent sans nouvelles de leurs enfants, dont ils ont été séparés lors de leur fuite.

D'autres civils, profitant du retour à un calme relatif dans des localités comme Alimbongo et Kamandi, ont pu rentrer chez eux. Fragilisés par les pillages et les déplacements, ils rencontrent de grosses difficultés à reprendre une vie normale, d'autant plus que la situation sécuritaire demeure précaire dans toute cette région.
La réponse du CICR

Assistance alimentaire et en biens de première nécessité

Durant les jours qui suivirent l'attaque dans le village de Luofu, le CICR et la Croix-Rouge de la RDC, en coordination avec le Programme alimentaire mondial (PAM), ont assisté plus de 2 000 personnes dont les maisons furent brûlées. Ces personnes ont reçu des rations alimentaires pour deux semaines, des produits de première nécessité et des bâches pour construire des abris temporaires.

En outre, plus de 11 350 personnes qui s'étaient réfugiées à Luofu, ainsi que les 9 350 résidents du village, ont reçu des rations de nourriture pour un mois, d'autres biens essentiels, des semences et des houes.

Dans le courant du mois d'avril, des distributions ont été effectuées dans d'autres localités du Sud-Lubero :

  • dans la région de Kamandi, 38 365 personnes retournées dans leur village ont reçu des rations de nourriture et des semences. 9 150 déplacés se trouvant encore dans cette zone ont reçu une assistance alimentaire, ainsi que des vêtements, nattes, couvertures, savons, seaux et ustensiles de cuisine.
  • dans les localités d'Alimbongo et de Bingi, une assistance alimentaire a été distribuée à 12 565 personnes (déplacés et familles d'accueil). Ces mêmes bénéficiaires avaient déjà reçu une assistance en février.

Assistance médicale et psychosociale aux victimes du conflit

Au cours du mois d'avril, le CICR a :
  • pris en charge plusieurs blessés à l'hôpital de Beni, où l'équipe chirurgicale du CICR travaille en soutien au personnel de santé local ;
  • assuré l'évacuation de blessés – civils ou porteurs d'armes – vers les structures de santé les plus proches ;
  • contribué aux soins dispensés gratuitement à plus de 2 700 personnes déplacées, dans quatre centres de santé du Sud-Lubero (Kitsombiro, Bwesenge, Kasehe et Vohoyo) et dans les hôpitaux de Beni et Butembo. Le CICR fournit à ces structures médicales des médicaments de base, ainsi que des produits et du matériel pour la prise en charge urgente des blessés de guerre et des victimes de violences sexuelles ;
  • formé les agents de deux nouvelles "Maisons d'écoute" dans les villages de Kitsombiro et Bwaesinge. Il s'agit de structures locales de prise en charge psychosociale des victimes du conflit, dont une grande majorité de victimes de viols commis par des porteurs d'armes.
Eau et assainissement

Quelque 40 000 habitants et plus de 10 000 déplacés vont bientôt bénéficier d'un meilleur accès à l'eau potable, grâce à la réhabilitation, entamée fin avril, des tuyaux d'approvisionnement en eau reliant les villes de Kayna et Kirumba.

Le CICR a également commencé la construction d'un système d'approvisionnement en eau pour les 2 500 habitants du village de Kanyabayonga, situé dans une zone particulièrement affectée par les récents déplacements de population.

Rétablissement des liens familiaux

En avril, les équipes du CICR et de la Croix-Rouge de la RDC ont mené des recherches familiales concernant 98 enfants séparés de leurs parents pendant la crise de septembre – novembre 2008. Grâce à la lecture quotidienne des noms des enfants sur les ondes des radios locales, dix d'entre eux ont déjà retrouvé leurs proches.

A travers le vaste réseau de volontaires de la Croix-Rouge dans la zone, de nombreux Messages Croix-Rouge (nouvelles familiales) ont été échangés entre membres de familles séparées à cause du conflit.

Protection de la population civile et promotion du droit international humanitaire (DIH)

Depuis la dégradation de la situation humanitaire dans le Sud-Lubero, les délégués du CICR ont intensifié le recueil des cas d'abus perpétrés contre la population. Tout en préservant l'anonymat des victimes, les témoignages ont permis au CICR de mener des interventions bilatérales et confidentielles auprès des parties au conflit.

Le CICR a maintenu des contacts bilatéraux avec les belligérants afin de leur rappeler leurs obligations découlant du DIH, en particulier celles relatives au respect et à la protection des populations civiles.

Au cours du mois d'avril, quelque 110 porteurs d'armes et plus de 200 représentants de la société civile et des autorités locales ont participé à des séances de diffusion sur les règles essentielles du DIH.


Informations complémentaires :
Olga Miltcheva, CICR Goma, tél. : +243 81 036 68 12
Anna Schaaf, CICR Genève, tél. : +41 22 730 22 71 ou +41 79 217 32 17

 

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