Situation humanitaire en RD Congo

Publié le par sceptix

 Briefing hebdomadaire à la presse, 03 juin 2009

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Contexte

L'insécurité qui s'était installée dans les territoires de Kalehe et de Shabunda dans la province du Sud-Kivu, s'est maintenant étendue également aux territoires de Kabare et Walungu, dans la région à la lisière du Parc National de Kahuzi-Biega. Depuis le début de l'année 2009, 800 000 personnes - 350 000 au Nord- Kivu et 450 000 au Sud-Kivu – ont été forcées de se déplacer. Ces déplacements sont dus principalement aux opérations contre les FDLR et aux attaques de ces derniers contre les populations au Nord-Kivu. Au Sud-Kivu, ils sont la conséquence des attaques et des exactions des FDLR, ainsi que des abus d'éléments des FARDC. Quand bien même leurs incursions ont baissé d'intensité, les combattants de la LRA continuent de tuer et de piller de paisibles villageois dans le Haut-Uele.

Sud-Kivu

Attaques multiples dans le territoire de Mwenga

- Au cours de la nuit du 31 mai au 1er juin, plusieurs attaques attribuées aux FDLR ont été menées contre plusieurs ouvrages dans le territoire de Mwenga. Quatre ponts (Kadugo, Lwindi, Zokwe et Ulindi Kibumba) ont été détruits sur la route Bukavu-Mwenga. Le centre de santé de Sungwe situé à 5 km de Mwenga a été pillé ainsi que plusieurs habitations. Une mission de l'Inspection Provinciale de la Santé qui devait se rendre dans la zone pour vacciner des enfants a été annulée du fait de l'insécurité, mais également en raison du bouleversement des données statistiques suite à l'important déplacement de populations. D'importants mouvements de populations ont été signalés vers des localités jugées plus sûres.

Autres attaques et autres déplacements dans les territoires de Walungu et Kalehe

- Deux autres incursions de présumés FDLR, la même nuit du 31 mai ainsi que le 28 mai, respectivement à Kaniola dans le territoire de Walungu et dans la forêt de Kinono dans le territoire de Kalehe ont provoqué des déplacements. Dans le premier cas, la population s'est enfuie vers Kaniola et Walungu. Suite à la seconde agression, les habitants de la zone se sont dirigés vers Nyabibwe et Kalungu.

- Selon les autorités locales de Shabunda, les FDLR ont pris en otage depuis le début du mois de mai les habitants de Luyuyu, Katusi et Lubila dans le groupement de Baliga, au nord-est de la ville. Ils profèrent des menaces de mort contre ceux qui tenteraient de se déplacer.

Insécurité : obstacle à l'action humanitaire

- La confusion entre les troupes régulières de la 10è région militaire et celles relevant de l'Opération Kimia II ne facilite pas le plaidoyer des humanitaires auprès de la hiérarchie des FARDC. Les uns et les autres se rejettent la responsabilité des exactions contre les populations. L'absence de prise en charge des familles des militaires continuera d'inciter les éléments des FARDC à s'en prendre aux populations civiles pour subvenir aux besoins de leurs ménages. Cependant, les humanitaires ont décidé de poursuivre les enregistrements des déplacés en vue de distributions futures dans les zones les moins exposées, notamment à Nindja ou Luhago, dans le territoire de Kabare où un important déplacement de populations a été observé. Sur 15 axes considérés par les humanitaires sur l'ensemble de la province, la moitié est d'un accès difficile au plan logistique, mais les deux tiers sont inaccessibles du point de vue sécuritaire.

Nord-Kivu

Limitation de l'action humanitaire en raison de l'insécurité

- L'insécurité grandissante est un obstacle majeur à la mise en oeuvre des programmes d'assistance humanitaire dans la province. Les agences onusiennes continuent de se déplacer sous escorte militaire dans les trois-quarts de la province alors que les ONG s'y refusent et poursuivent l'assistance malgré les risques. La limitation de l'accès physique aux bénéficiaires constitue l'autre obstacle de taille restreignant le travail des humanitaires. De larges parties des territoires de Masisi et de Walikale restent ainsi enclavées. Ainsi, les seules voies sûres actuellement pour acheminer l'assistance dans le territoire de Walikale sont la location d'avions depuis Goma, l'utilisation de la route Goma-Beni-Kisangani-Walikale (1 400 km) ou l'approvisionnement direct depuis Kisangani (445 km).

Incident contre les travailleurs humanitaires

- La ville de Goma a connu une nouvelle attaque très violente au domicile du personnel d'une ONG internationale. L'incident est le quatrième du genre depuis le début de l'année et témoigne du contexte sécuritaire précaire dans lequel évoluent les travailleurs humanitaires dans la ville, ce qui constitue également une entrave à l'action humanitaire. Une lettre soulignant cette préoccupation a été remise au Gouverneur de province par les membres du Comité Permanent Inter-Agence (CPIA). La question est également suivie par le Coordonnateur Humanitaire, M. Ross Mountain. Cependant, il est indispensable de rappeler que les civils congolais sont les premières victimes des exactions des forces en présence sur le terrain. Les nombreux viols, pillages et incendies le rappellent quotidiennement.


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