Déçues par l'UE, les agences de notation pourraient agir vite

Publié le par Charlotte sceptix

Publié le 13/12/2011 | 07h32 |
 

NEW YORK (Reuters) - Les investisseurs se préparent à une possible série de dégradations de notes souveraines au sein de la zone euro dès cette semaine, après un sommet européen jugé décevant vendredi dernier à Bruxelles.

Moody's Investors Service a annoncé lundi qu'elle réexaminerait les notes des pays de l'Union européenne au premier trimestre 2012, le sommet de la semaine passée n'ayant pas produit à son sens de résultat décisif et laissant la zone euro exposée à de nouveaux chocs.

"L'absence de mesure pour stabiliser les marchés du crédit à court terme implique que la zone euro, et l'UE dans son ensemble, restent exposées à de futurs chocs et que la cohésion de la zone euro est menacée de manière permanente", a estimé l'agence de notation dans un communiqué.

Fitch Ratings a jugé de son côté que l'incapacité des dirigeants européens à trouver une solution "globale" à la crise de la dette avait accru la pression à court terme sur les notes souveraines des pays de la zone euro.

"L'approche graduelle retenue implique des coûts économiques et financiers supplémentaires par rapport à une solution globale immédiate. Cela signifie que la crise se poursuivra à des niveaux d'intensité variables tout au long de 2012 et probablement au-delà, jusqu'à ce que la région soit en mesure de connaître une reprise économique solide", a commenté l'agence.

Standard & Poor's a placé il y a une semaine les notes de 15 Etats de la zone euro sous surveillance avec implication négative. Le délai entre un placement sous surveillance et une décision sur la note est généralement de trois mois environ, mais, dans le cas de la zone euro, S&P a laissé entendre qu'il pourrait être plus court.

Lundi, l'agence a de nouveau mis sous pression la zone euro, son chef économiste pour l'Europe estimant qu'elle n'a plus beaucoup de temps pour résoudre ses problèmes de dette et qu'un nouveau choc financier pourrait être nécessaire pour faire bouger les lignes.

"Il faudra sans doute un autre choc avant que tout le monde en Europe fasse la même analyse de la situation, par exemple une grande banque allemande ayant des difficultés sur le marché, ce qui est possible à court terme", a déclaré Jean-Michel Six.

Il a ajouté que la menace de dégradation des notes souveraines à laquelle équivaut le placement sous surveillance visait à adresser un message fort aux pays de la zone euro confrontés au double risque d'une récession et d'un assèchement du crédit en 2012.

"Evidemment, nous ne déterminerons pas des décisions aussi importantes que des changements de notation sur la base d'un seul sommet. Mais nous avons dit que ce sommet-là était une étape très importante vers la résolution de cette crise de confiance", a-t-il expliqué.

PRUDENCE MAINTENUE DES MARCHÉS

Après le rebond observé vendredi en clôture, les marchés sont restés méfiants lundi, clôturant en recul en Europe et aux Etats-Unis. Les mesures décidées au sommet de Bruxelles sont jugées insuffisantes et leur application est une source d'incertitudes.

Dans ce contexte, l'euro s'est replié sous le seuil de 1,32 dollar pour la première fois depuis le début du mois octobre. La monnaie unique se traite désormais autour de 1,319 dollar. Face au yen, l'euro a également cédé près de 1% à 102,73 yens.

Les marchés ont certes déjà en bonne partie anticipé une série de dégradations de notes d'Etats de la zone euro, France incluse, mais les décisions définitives pourraient néanmoins susciter des réactions marquées de la part des investisseurs.

Pour Eugen Weinberg, responsable de la recherche matières premières de Commerzbank, à Francfort, "si S&P dégrade, les marchés vont encore accuser le coup. Cela n'a pas encore été intégré."

Au sommet de vendredi, les dirigeants européens ont entamé une vaste refondation de la zone euro qui, après signature d'un nouveau traité, doit la porter rapidement vers une plus grande intégration économique, via notamment un contrôle plus strict des budgets nationaux.

De nombreux observateurs jugent que confier officiellement à la Banque centrale européenne le rôle de prêteur de dernier ressort, qui assurerait qu'elle renfloue les Etats membres en difficulté, permettrait de résoudre définitivement le problème de confiance auquel la zone euro est confrontée.

Mais l'Allemagne s'y oppose de peur qu'une telle démarche libère la voie au laxisme budgétaire.

La chancelière allemande Angela Merkel a dit ne pas s'attendre à ce que les Vingt-Sept se réunissent à nouveau d'ici les fêtes de fin d'année, mais un haut responsable européen estime que la pression du marché pourrait les contraindre à se retrouver de nouveau plus tôt que prévu.

Les premiers vrais tests pour la zone euro interviendront mardi et mercredi, avec respectivement une adjudication espagnole à 12 et 18 mois et une émission de dette italienne à échéance en 2016.

Catherine Monin pour le service français

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