Crise de Confiance ???

Publié le par sceptix

Encore quelques idées à contre courant de la pensée véhiculée par la presse... Si nous avions une crise de confiance en Europe... elle est en passe de devenir une crise de "spéculateurs"...

Ca devient aujourd’hui de plus en plus clairement une crise spéculative...

... De fait, voici déjà quelques temps que je vous bassine avec une "crise de confiance"... Si ce fut le cas, j’ai tout doucement l’impression que nous sommes en train, depuis quelques semaines, de changer radicalement la nature réelle de cette crise. Et ce, pour des motifs bassement mercantiles. Décodage.

Les Origines.

Au commencement, nous avons la crise des "subprimes". En cours, les banques américaines vendent des crédits à des gens qui ne sauront pas les rembourser. On planque le tout via une titrisation. On fourgue le tout au marché. On assure le reste... Arrive le jour où, bien sur, les preneurs de crédits ne peuvent plus rembourser. Ce jour là, l’impact va toucher :

  •  les banques américaines vu que les clients ne remboursent plus leurs dettes.

     

  • les assureurs (AIG) qui avaient assuré des risques mal évalués

     

  • les banques du reste du monde qui ont acquis les titres pourris. 

Les banques américaines vont rencontrer un problème de liquidité et de solvabilité. Pas de secret, c’est la faillite sauf si l’Etat rachète ces banques.

Les banques du reste du monde (ou même les rares américaines qui n’ont pas trop misé sur les CDS, CDO et autres titres pourris) vont acter des moins values dans leurs comptes. L’impact se retrouve au niveau bilan (dû à cette satanée norme IFRS que je conteste depuis des années) et dans une diminution de fonds propres. Néanmoins... elles devraient pouvoir traverser cette crise !

Le Domino... spéculatif

Mais voilà... Si les banques américaines connaissent un problème de liquidité et... de solvabilité, la crise débarque quand même en Europe. Les différentes banques actent les moins values. Ca ne fait certes plaisir à personne certes mais l’ensemble est sain, nous sommes en bonnes positions pour traverser sans trop de heurts. Il faut ensuite différencier les cas... car si tout le monde s’accorde sur l’origine... les conséquences n’ont pourtant pas la même origine... 

Fortis et la confiance

Fortis s’est embourbée dans une rachat disproportionné comparé à sa taille. Sa grande erreur n’est pas tant le rachat que de l’avoir bouclé sans avoir bouclé son financement... Il lui restait plusieurs milliards à trouver quand la crise américaine éclate. Devant l’incertitude et la méconnaissance des risques réels encourus par chaque banque, la marché des liquidités s’assèchent, Fortis ne parvient plus à boucler le financement, c’est le début de la fin.

Crise de panique et de confiance, on ne prête plus à Fortis... qui achève bien tristement sa vie démantelée entre différent pays. Mais est-ce bien là.. LA vraie et seule raison ?

Dexia, KBC et les autres...victimes spéculatives

Si Dexia est touchée par le subprime via sa filiale FSA (héritée rappelons-le des... Français du Crédit Local, je préfère le rappeler vu que les Français accusent la Belgique dans la gestion...), il n’en reste pas moins que la société Dexia est saine. Elle a un très solide ratio de solvabilité, contrairement à ses consœurs américaines, elle recueille aussi les dépôts, elle n’a pas investit dans les subprimes (sauf FSA et encore, c’est du rehaussement de crédit). 

Malheur, Paulson décide de faire couler Lehman Brothers, elle victime de la crise de confiance. Les banques saines qui ont investit dans des produits de banques saines tel Lehman se retrouvent le bec dans l’eau. C’est le déclenchement de la guerre spéculative.

Car, et alors même que tout le monde crie "ayez confiance, Dexia est saine !", on lui coupe l’accès aux crédits...

Fortis, même si partiellement victime de l’ego de ses dirigeants et du manque de liquidité, de la "crise de confiance", je note que l’issue de son histoire n’est pas négative pour tout le monde. En vrac, ABN retourne en Hollande à moindre coûts, l’Etat hollandais rafle Fortis NL pour une croute de pain, l’Etat Belge fait une plus value potentielle de plus de 1 milliard d’euro et BNP rachète Fortis (sans la partie Toxique que l’on délaisse aux petits actionnaires !) pour à peu près rien...

...sans la partie toxique...

Et si donc, cette crise de confiance n’était là que pour légitimer des choses bien moins avouables ? S’il y avait, un agenda caché ? Loin des théories du complot, le scénario est de plus en plus à envisager.

1. Crise de confiance ? Non, crise spéculative !

Vous la voyez où vous la crise de confiance ? Voyez-vous des files aux guichets des banques ? De retraits massifs ? Des émeutes pour récupérer de l’argent ? Non. Il y a certes d’après mes informations plus de passages dans les agences, plus de retraits qui sont de toute façon recaser dans d’autres banques, mais de vraie panique ? Non.

Qui panique ? Le gouvernement belge quand il brade Fortis et accepte que l’on jette Miller comme un malpropre.

Bref, si crise de confiance il y a, elle n’est pas chez le particulier. Alors... les institutionnels ? Ceux là même qui nous disent "N’ayez pas peur ! la Banque machin est saine ! La Banque truc est solvable" ? Non... car ils ont raison... Mais... ils ne prêtent malgré tout plus leur argent...

Pourquoi ? Par manque de confiance ? J’aurais de moins en moins tendance à le penser. Aujourd’hui, mon hypothèse est de plus en plus que certains vont réaliser une remodelage complet du paysage bancaire à moindre coût !

Ce qu’ils n’ont pu obtenir par OPA, ils l’auront par l’assèchement du crédit ! Comme aux bons vieux temps moyenâgeux, rien de tel qu’un bon siège, un bon blocus pour amener l’ennemi à céder...

2. Assainissement à peu de frais

L’objectif secondaire de l’opération est, après avoir récupéré la cible, de laisser les petits actionnaires avec la partie "toxique". C’est l’étape la plus intéressante et la moins éthique du processus. On récupère les parties rentables en prenant en sus l’habit de "chevalier blanc" mais on éjecte toutes les crasses. Comme pour Fortis, on va laisser la partie "toxique", "pourrie", risquée aux petits actionnaires. Ces parties partiront probablement tôt ou tard en faillite. On va juste limiter les dégâts en essayant de récupérer les créances qu’on peut. Le reste, ce sont les petits actionnaires qui en font les frais. 

C’est une manière crapuleuse de dire "vous êtes actionnaires, assumez le risque" alors même que les gros actionnaires institutionnels ne l’ont, eux, pas assumé. En somme, si vous êtes petits, démerdez-vous !

L’objectif n’est pas de sauver les petits actionnaires, l’objectif est d’assainir rapidement et à moindre coût le marché financier.

3. Terre d’essai ?

A cet égard, la crise ne fait que commencer en Europe. Je pense qu’elle va durer 8 mois à un an maximum. La Belgique pourrait servir de ballon d’essais.

Je ne crierais donc pas victoire dans les autres pays... la pseudo crise de confiance, véritable crise spéculative n’en est qu’à ces début. Et les prêts massifs des Banques Centrales n’y changeront rien car les "spéculateurs" n’ont cure de la solvabilité des banques.

Par spéculateurs, il faut comprendre les autres banques qui ne prêtent plus aux autres, tout en les sachant saines, dans le seul but de faire leurs emplettes à moindre coût. Avec probablement la complicité des gouvernements qui le font dans le but, non avoué, d’assainir aussi rapidement que possible le marché financier.

Pour moi, la seule vraie victime de la crise de confiance est Lehman Brothers. Après, c’est le déclenchement d’une offensive massive sur les valeurs bancaire dans un but de restructurations du paysage.

Ce ne sont bien sur que pensées et conjectures personnelles... et votre avis, même contraire, est le bienvenu...

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article