Espagne : Bankia s'écroule en Bourse, les clients retirent en masse leur argent

Publié le par Charlotte sceptix

 

Madrid (awp/afp) - Bankia, quatrième banque cotée espagnole qui vient d'être nationalisée, s'effondrait jeudi à la Bourse de Madrid, alors que le journal El Mundo affirme que ses clients, inquiets, ont déjà retiré plus d'un milliard d'euros ces derniers jours.

A 10H09 GMT/12h09 HEC, l'action plongeait de 27,49% à 1,2 euro, dans un marché en baisse de 1,61%. Le titre vaut désormais moins du tiers par rapport au prix fixé en juillet dernier (3,75 euros), lors de son introduction en Bourse.

La plus grande union de caisses d'épargne espagnole accumule les journées noires à la Bourse de Madrid depuis l'annonce de sa nationalisation partielle, le 9 mai.

Le quotidien El Mundo affirmait jeudi matin que ses clients, effrayés par cette annonce, ont déjà retiré plus d'un milliard d'euros de leurs comptes ces derniers jours.

Bankia croule sous 31,8 milliards d'euros d'actifs immobiliers risqués.

C'est la banque qui devra fournir le plus gros effort de provisions, avec 4,722 milliards d'euros, après la réforme du secteur financier qui force les banques espagnoles à mettre de côté 30 milliards d'euros supplémentaires en 2012, pour se protéger de leur exposition au secteur immobilier sinistré.

Le gouvernement a annoncé le 9 mai qu'il prendrait le contrôle de Bankia en transformant en participation la dette de 4,465 milliards d'euros contractée en décembre 2010 envers l'Etat à travers un prêt public.

rp



(AWP / 17.05.2012 12h20)Romandie news

 

 

L'Espagne coincée entre récession et crise bancaire
jeudi 17 mai 2012 22h04
 

<p>L'économie espagnole s'est contractée de 0,3% au premier trimestre 2012 par rapport aux trois derniers mois de 2011. /Photo d'archives/REUTERS/Andrea Comas</p>

par Sonya Dowsett et Paul Day 

MADRID (Reuters) - Les coûts de financement que doit supporter l'Espagne ont fortement augmenté lors d'une adjudication intervenue jeudi, journée également marquée par la confirmation que le pays est retombé en récession et par un article de presse évoquant des retraits de dépôts massifs auprès de la quatrième banque espagnole.

Le Trésor espagnol a dû consentir à verser un rendement autour de 5% pour placer des obligations à trois et à quatre ans, avec notamment un rendement moyen de 5,106% pour un titre arrivant à échéance en avril 2016, contre 3,374% lors de la dernière opération similaire en mars.

"Cette tendance défavorable semble s'être bien installée. Au bout du compte, ce renchérissement du rendement risque d'entraîner une forme d'intervention extérieure", estime Richard McGuire, analyste taux chez Rabobank.

Mercredi, le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy a déclaré que le gouvernement pourrait bientôt éprouver des difficultés à se financer à des niveaux acceptables.

Sur le marché secondaire, le rendement des obligations espagnoles à dix ans, autour de 6,3%, n'est plus si loin du niveau des 7% qui a déclenché les aides apportées à la Grèce, à l'Irlande et au Portugal.

Madrid peut toutefois se prévaloir d'une bonne nouvelle intervenue en début de soirée : les 17 régions autonomes d'Espagne, à l'origine d'environ la moitié des dépenses publiques du pays, se sont engagées à réduire leurs dépenses de quelque 13 milliards d'euros et à augmenter leurs recettes de 5 milliards cette année.

Au terme de plusieurs semaines de négociations, le Trésor espagnol a approuvé les projets de budget présentés par les régions, à l'exception de celui de la région des Asturies, dans le nord-ouest du pays, qui devra présenter un nouveau budget dans les 15 jours.

En plus des difficultés actuelles des banques, l'endettement des régions est considéré comme l'autre principal facteur de risque pour l'Espagne, que certains voient déjà comme une des prochaines victimes de la crise de la dette de la zone euro.

La semaine dernière, la Commission européenne avait estimé que cet endettement des régions serait une des raisons qui empêcherait l'Espagne d'atteindre son objectif de déficit budgétaire fixé pour 2012, soit 5,3% du PIB. 

CHUTE DE L'ACTION BANKIA

Plus tôt dans la journée, le gouvernement espagnol a dû démentir l'existence d'un mouvement de retraits paniques de sommes déposées à la banque en difficulté Bankia, nationalisée la semaine dernière, dont le titre a perdu jusqu'à 30% après une information allant dans ce sens.

"Il n'est pas vrai qu'il y a en ce moment une sortie des dépôts des coffres de Bankia", a déclaré Fernando Jimenez Latorre, secrétaire à l'Economie, lors d'une conférence de presse.

De son côté, dans un avis transmis aux autorités boursières espagnoles, Bankia souligne que les mouvements de dépôts constatés au cours de la première quinzaine de mai étaient saisonniers, ajoutant qu'aucun changement substantiel dans la balance des dépôts n'était attendu dans les jours à venir.

Le titre Bankia a finalement terminé en baisse de 14,08% à 1,422 euro après être tombé en séance à 1,171 euro. L'indice regroupant les valeurs bancaires européennes a cédé de son côté 2,36%.

La semaine dernière, l'Espagne a pris le contrôle de Bankia, quatrième banque du pays, espérant ainsi rassurer les marchés et stabiliser un secteur financier rendu fragile par la crise immobilière.

Dans la foulée de cette nationalisation, Madrid a imposé à ses banques d'augmenter leurs provisions pour se protéger des pertes croissantes sur leurs prêts toxiques dans l'immobilier, tout en s'engageant à apporter une aide limitée aux établissements en difficultés via des prêts à taux élevés.

Ces mesures n'ont toutefois pas contribué à dissiper les doutes des investisseurs sur la capacité du gouvernement espagnol à définitivement redresser le système financier du pays, des interrogations qui ont aggravé le retour des craintes liées à la crise de la dette de la zone euro, ravivées par l'impasse politique en Grèce.

Selon El Mundo, les clients de Bankia ont retiré depuis quelques jours plus d'un milliard d'euros de leurs comptes. José Ignacio Goirigolzarri a informé le conseil d'administration réuni mercredi du retrait des fonds, précise le quotidien. 

UNE RÉCESSION QUI VA SE PROLONGER

Le premier trimestre 2012 s'est soldé par une nouvelle contraction économique de 0,3%, ce qui, après un recul de même ampleur au trimestre précédent, fait officiellement retomber l'Espagne en récession, qui se définit techniquement comme deux trimestres consécutifs de recul du PIB.

"La récession avance à un rythme progressif, mais si on prend en compte les dernières enquêtes sur l'activité, il semble que la contraction de l'économie se poursuivra au cours des trimestres à venir", a commenté Tullia Bucco, économiste chez UniCredit.

Le secteur manufacturier espagnol s'est contracté à son rythme le plus élevé en près de trois ans au mois d'avril, tandis que l'industrie des services a reculé pour le dixième mois d'affilée, selon les indices des directeurs d'achats.

Le secteur des exportations, le seul qui a progressé au cours des deux derniers trimestres, a ralenti de janvier à mars, les principaux partenaires économiques de l'Espagne étant eux aussi confrontés à la récession ou au ralentissement.

Même si l'Espagne réussit à maîtrises ses comptes, le pays est en première ligne si jamais la Grèce, actuellement dans un impasse politique, devait sortir de l'euro.

"Ce n'est pas totalement la Grèce quittant l'euro qui est le principal enjeu, c'est l'effet domino", estime John Bearman, chargé des investissements chez Thomas Miller Investment.

Natalie Huet, Benoît Van Overstraeten et Nicolas Delame pour le service français

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